Reprise du topic La Mélancolie De Suzumiya Haruhi
Bon, reprenons où nous en étions :
Pour répondre à Akiko et Darthantos, c'est vrai que la Mélancolie…. n'est pas une série qui vous met sur le c_l comme Gainax sait si bien les faire* ; pourtant quand on creuse un peu on trouve pas mal de bonnes idées dans cet anime.
SPOILER IN
A commencer par le scénario qui mélange avec bonheur comédie lycéenne et science-fiction : pas – enfin presque – de super méchant à battre pour empêcher notre monde de disparaître mais juste une camarade de classe à distraire ou comment sauver le monde en gagnant un match de baseball de quartier. J'aime bien aussi cette idée que le monde peut ou a pu être modifié à tout instant par la simple volonté d'Haruhi et que cette dernière n'en est pas du tout consciente comme elle n'a pas conscience que les personnages hors du commun qu'elle souhaite tant rencontrer se sont réunis autour d'elle pour l'observer et empêcher qu'elle ne détruise tout.
Effectivement, en dehors de Kyon, les membres de la Brigade SOS sont tous des stéréotypes de personnages d'anime mais c'est voulu. Plutôt que de l'ironie c'est d'avantage un clin d'œil au fan et une forme d'auto-dérision ; témoin le speech de Haruhi dans l'épisode 2 : pourquoi recruter Mikuru? Parce qu'une lolita avec des gros seins ça attire l'attention et que dans toute histoire fantastique il y a toujours une fille mignonne à qui pleins de trucs arrivent (et elle brandit deux magazines de manga). Dans le même registre Yuki est un clone complètement assumé de Rei (je ne retrouve plus la référence mais il y a un jeu de mot entre son nom et celui de son modèle).
Akiko disait que Mikuru, Yuki et Itsuki n'existent pas sans Haruhi. Effectivement, on peut regretter que ces personnages ne sortent pas du rôle qui leur est attribué mais c'est quelque part logique ; ils sont réunis dans ce club et ont ces pouvoirs parce que Haruhi l'a désiré, on pourrait même dire qu'elle les a crées. Ca me fait penser à ces récits où un artiste donne vie sans le savoir à ses personnages et où ceux-ci font tout pour sauvegarder leur existence.
Le rôle de Kyon est moins évident. Est-il là parce que Haruhi voulait un type normal pour compléter son casting? A moins qu'elle ne voulait rencontrer quelqu'un qui puisse la compléter? Ou bien au contraire est-il une erreur de casting, un imprévu dans l'univers qu'elle voulait se fabriquer? Certains sur le net disent même que le vrai dieu dans l'histoire serait en fait Kyon…
Kyon et Haruhi m'évoquent deux types d'animefans qu'on croise dans les conventions : Haruhi fait penser à une cosplayeuse qui vit à fond sa passion, prend des initiatives parfois farfelues en rêvant de vivre des aventures extraordinaires à base d'alliens, de voyages dans le temps ou de pouvoirs psioniques tout en sachant que tout ça ne peut – normalement – pas arriver ; Kyon ressemble à certains "vieux briscards" qui abordent ces phénomènes avec plus de recul au point d'êtres blasés devant l'énormité de certains événements. Le trait est un peu forcé mais aucun n'a réellement tort ou raison ; du reste ces deux attitudes ne sont pas exclusives : on peut adorer le fan-service à la Gainax (gros robots et filles sexy à la poitrine bondissante) tout en sachant pertinemment que le fan-service est là pour attirer le chaland**. Dans le cas particulier de nos deux héros, il y a complémentarité : Kyon empêche Haruhi d'aller trop loin dans ses excentricités, Haruhi apporte de la fantaisie – et de quelle façon, même si c'est inconscient ! – à la vie un peu trop rangée de Kyon.
D'un point de vue formel, c'est surtout tous les petits détails qui marquent. Je ne reviendrais pas sur toutes les références mais il y a plein de choses qu'on ne remarque pas du premier coup comme les figurants qui ne sont pas statiques (par exemple on voit une fille nettoyer le tableau dans l'un des premiers épisodes), Haruhi et les filles du groupe Enoz qui apparaissent furtivement à divers moments de l'épisode 12 avant la scène du concert ou encore l'ordinateur du club qui reproduit fidèlement l'interface de Windows XP (dommage que dans les DVD français ils n'aient pas repris la police d'écriture de MS-DOS dans l'épisode 7 quand Yuki parle à Kyon par écran interposé).
SPOILER OUT
Je comprends que l'on ne soit pas séduit par La Mélancolie, moi-même je l'aime bien mais pas au même niveau qu'Evangelion, SDF Macross ou même Azumanga Daioh***. D'ailleurs et contrairement à ces séries ce n'est pas une oeuvre que je conseillerais à tout le monde à cause du fan service, de l'histoire racontée du point de vue d'un personnage masculin qui n'est pas un saint (il n'est donc pas indifférent aux courbes de Mikuru) ou des multiples détails qui feront surtout sourire les connaisseurs (geeks, otakus, aficionados du bouton "pause") ; ce n'est pas non plus une série aussi innovante qu'Evangelion en son temps mais, au vu du soin apporté à sa réalisation, aux concepts développés par son scénario, on ne peut considérer La Mélancolie de Haruhi Suzumiya comme une série banale.
* HS : Evangelion : enlevez le contenu philosophique il vous reste quoi ? Une super série de SF avec des mecha très originaux, un suspense rondement mené, des combats époustouflants : la chorégraphie de l'épisode 7, l'horreur de l'épisode 18 avec la destruction impitoyable de l'Eva 03, la bestialité de l'Eva 01 dans l'épisode 19
** Dans le cas de Gainax, on a surtout l'impression que les auteurs se font plaisir en même temps qu'ils font plaisir aux fans.
*** Un jour, faudrait que je me décide à faire un topic pour expliquer pourquoi Azumanga Daioh c'est trop bien.
PS : Et un sondage pour tester la fonction.
edit : Tiens on ne peut pas éditer le titre?
edit2 : Rajout de balises spoiler
14/08/09 : fin du premier sondage (il était temps) avec dans l'ordre de vos préférences :
1- Hé !? :
2 – ex aequo : les deux Haruhi, Suzumiya et Fujioka,
4 – Haruka Suzumiya : 0 voix
Nouveau sondage plus sérieux cette fois-ci sur Endless Eight.
[Insérez une citation qui donne l'air intelligent ici]
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