Plus de précisions sur
le site de l’éditeur Ego Comme X .
Et plusieurs réactions ici :
http://www.actuabd.com/article.php3?id_article=2369
http://www.toutenbd.com/article.php3?id_article=1160#
Revoyons la scène au ralenti (je sais bien que, pour ce faire, je me base uniquement sur les propos de l’éditeur Ego Comme X, mais bon, les paroles retranscrites dans cet article me semblent suffisamment éloquentes pour pouvoir en démontrer toute l’absurdité) : on a ici affaire à un magnifique cas d’intolérance, de fainéantise intellectuelle et de manque de discernement de la part de cette municipalité, pour qui, apparemment, la BD ne s’adresse qu’aux enfants, celle qui ose aborder la sexualité et les thématiques intimes étant FORCEMENT pornographique et inconvenante.
Citation
À l’appui de sa protestation, il brandit un tract reproduisant deux pages extraites du Journal (1) de Fabrice Neaud (nous ne parviendrons pas à savoir lesquelles, malgré nos demandes insistantes auprès de l’élu à la culture, Mme Simone Faulhaber), qu’il menaçait de distribuer dans toutes les boîtes aux lettres viroflaysiennes.
On ne reviendra pas sur la justesse toute relative du procédé “Je tire un passage de son contexte pour condamner la globalité”. Oui, Fabrice Neaud parle de sexe, et qui plus est de sexe déviant. Diantre. Je suis sûr que la venue de Fluide Glacial ou de Wolinski, aux discours en général plus sexuellement “dans la norme” (encore que, depuis le hors-série récent du Fluide… ^^) aurait beaucoup moins déchaîné les passions…
Citation
il s’agirait d’une « erreur de programmation ». Envolé l’argument de l’apologie de l’homosexualité, restant celui de la pornographie, la rencontre avec ego comme x devenait incompatible avec une remise de prix bande dessinée pour les enfants devant attirer un public familial ce même dimanche. Information importante, la rencontre était prévue depuis cinq mois et avait l’aval du conseil municipal.
Quand on a une conception aussi étriquée d’un domaine artistique que les approximations “BD=enfants” et “sexe=pornographie”, on ne se mêle pas d’affaires culturelles. Au mieux, on se contente de récolter des fonds pour le denier du culte à la fin de la messe. “Apologie de la pornographie et de l’homosexualité”. Quand bien même on n’apprécie pas le travail de Neaud, on ne peut pas le taxer de ça ! Son oeuvre est un journal intime dessiné, et met en lumière autant ses doutes que ses expériences sociales, personnelles, ses angoisses, ses amours. Et oui, la sexualité tient une place importante. Et elle est évoquée de manière parfois crue, mais sans complaisance ni vulgarité.
“Apologie de l’homosexualité”, mon… oeil, oui. A partir du moment où quelqu’un traite de ce thème, les bien-pensants ressortent toujours cet argument bidon. Neaud est loin des revendications musclées ou tape-à-l’oeil. Aucun militantisme, je dirais même un discours très critique et marginal sur la communauté gay (je pense à certaines pages du premier volume). Le discours de Neaud relate cette composante de son être, sans concessions, avec franchise, parce que c’est lui, et c’est tout. Pour certains, l’homosexualité devrait être cachée, et éviter toute exposition publique. Encore un autre poncif : “C’est de l’ordre du privé, ça ne regarde que la personne concernée”. Stupide.
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De plus, nous avons appris, il a quelques temps, que nos ouvrages étaient mis à l’index de certaines bibliothèques comme celle de Boulogne-Billancourt.
Qui l’eut cru ?…
C’est en France que ça se passe…
Hé bin oui. On a parfois de drôles de désillusions dans le tissu culturel, qu’ils soit officiel ou amateur. Il y a presque trois ans, j’avais postulé pour un poste de responsable de bibliothèque dans une autre charmante ville de banlieue, au sud de Paris. Ville magnifique, propre. En été, avec toutes ces rues impeccables, ces arbres, ces fleurs, on se croyait presque à Disneyland… Finalement, je n’ai pas été retenu, mais bon, je gardais un oeil sur cette charmante bourgade. Un ami à moi, musicien, avait été engagé à un poste très important dans l’école de musique du Royaume Magique. Au cours des derniers entretiens en mairie avant l’attribution du poste, on lui a plusieurs fois posé des questions sur sa vie privée. Etes-vous marié ? Célibataire ? En couple ? Et, la cerise sur le gâteau : “Etes-vous homosexuel ?”. L’interrogé pense alors “Ca ne regarde que moi”. Il se ravise, pense “J’ai besoin de ce poste, je veux ce poste, c’est une chance inespérée”. Il répond “Non”. Plusieurs mois plus tard, il déchante. Le climat dans la Ville Enchantée est plutôt très très conservateur. Il a failli perdre son poste suite aux propos d’un ancien collaborateur jaloux, qui a répandu, parmi les employés de mairie, les membres du conseil municipal et les parents d’élèves, la rumeur selon laquelle Monsieur “en était”.
Voilà. Ratzinger Z part à l’attaque, nous sommes en 2005, nous vivons une époque formidable.
Edité par Lewis Scarole le 23-04-2005 à 16:59