Dans les News Manga Japon de l’AnimeLand n°163, nous vous faisions connaître la récente volonté de la municipalité de Tôkyô de protéger les mineurs japonais. Il s’agit désormais de faire interdire aux mineurs toute production dans laquelle se trouvent des situations sexuelles trop explicites, sadiques ou qui pourrait pousser un jeune lecteur/spectateur à commettre des actes criminels ou des tentatives de suicide. Sont aussi visées les représentations d’actes sexuels illégaux et des relations sexuelles entre personnes apparentées qui n’ont pas le droit de se marier.
Les manga, anime et jeux vidéo sont donc concernés par cette loi pour des raisons évidentes. Malgré les manifestations d’éditeurs, journalistes et auteurs, cette loi –la Bill 156– devrait être votée par l’assemblée nationale japonaise demain, mercredi 15 décembre.
On comprend la volonté de la municipalité de Tôkyô lorsqu’on sait que le Japon est considéré comme le premier producteur de matériel pédo-pornographique dans le monde ! Par exemple, en 2010, 600 affaires de pédophilie ont éclaté au pays du Soleil Levant, soit 60% de plus qu’en 2009. Sur les six premiers mois de l’année 2010, 187 enfants ont été victimes de mauvais traitements physiques et sexuels, le plus haut niveau depuis 2000. Et encore, il ne s’agit que des affaires déclarées…
Même s’il apparaît primordial de combattre ce fléau, il n’en reste pas moins que cette loi semble faire appel à la subjectivité du législateur. Ainsi, les auteurs et éditeurs craignent légitimement des dérives qui, à terme, finiraient par faire peser une véritable censure sur leurs œuvres.
Et tout ceci intervient dans un contexte bien particulier : le marché du manga étant en crise, le Japon cherche clairement à toucher le marché étranger. Si, à une époque, on accusait à tort le Japon de vouloir “conquérir” les esprits occidentaux, aujourd’hui, le pays compte clairement sur les manga et anime pour rayonner à l’étranger, ce qu’on appelle le soft power.
Cette loi pourrait donc avoir été votée pour éviter que des titres scandaleux soient édités en Occident (notons que dans ce cas-là, il en va plutôt de la responsabilité de l’éditeur occidental !). On ne peut pas non plus exclure que la pédo-criminalité japonaise mette les pouvoirs publics dans un tel embarras qu’elle tente par tous les moyens de l’endiguer. On comprend en tout cas la gravité du sujet quand on sait que Naoto Kan, le premier ministre japonais, s’est personnellement ému sur son blog que ce vote puisse remettre en cause la tenue du Tokyo Anime Fair 2011.
Vous êtes bien sûr invités à réagir à cette information : il semblerait qu’au Japon, on suive avec un certain intérêt les réactions occidentales à cette nouvelle. Si vous vous exprimez en anglais, c’est encore mieux, car nous transmettrons vos points de vue.
Source : AFP pour les chiffres sur la pédo-criminalité.
Pas de commentaire
[…]
Ben, évidemment : il s'agit pas de passer d'un extrême à l'autre non plus…
D'un autre côté, on sait bien que troquer sa liberté contre sa sécurité reste une aberration : le prix de la première est une éternelle vigilance, ce qui demande bien plus de sens des responsabilités que des articles de loi… Sans compter les diverses réactions que cette loi produit chez les artistes japonais : entre ceux qui refusent de participer à je ne sais plus quelle convention et un autre qui a renoncé à un prix en protestation, je crois que la situation est bien plus compliquée que ce qu'on en voit ici.
Mais je veux bien croire que je me suis un peu emballé dans mes messages précédents : étant artiste professionnel, tout ce qui me semble porter atteinte à la liberté de création me touche profondément ; je deviens tout vert, mes muscles gonflent, mes fringues se déchirent… Vous voyez le topo ^^
Bref, toutes mes excuses à Kusana si je l'ai froissée avec ce qui a pu éventuellement passer pour de l'arrogance : ce n'était bien sûr pas le but.
L'article de Nico expose les faits de façon objective pour autant qu'on puisse en juger, mais pas le titre ! "LE JAPON VEUT CENSURER LE MANGA"! que vient faire cette éternelle généralisation à tout le pays, dès qu'il s'agit de ceci ou cela qui se passe là-bas ?? la "loi"semble un règlement borné à la municipalité de Tokyo, pas à tout le pays, et le manga n'est nullement visé en soi, ni dans une censure illimitée !
Pas étonnant ensuite, en lançant un tel gros titre bien sensationnaliste, qu'on lise des réactions excessives. Puis, comme l'a dit Kusana, qui est japonaise, il ne s'agit pas des "ados", et même si des mouflets peuvent peut-être aller voir des trucs totalement sadiques et dégradants pour les femmes et gamines sur internet, ce n'est peut-être pas une raison, ici ou au Japon, pour laisser fleurir ça au niveau collège ou primaire, non?
Kusana et moi nous le savons bien, il y a dans les magasins de manga et films à devanture opaque des trucs à gerber dont vous n'avez aucune idée ici, parce que nous avons, croyants ou pas, de vieux complexes "judéo-chrétiens" qui ont déterminé notre système légal (et mental).
Donc, modérons un peu nos critiques, même si bien sûr je n'aimerais pas non plus que ces limitations aillent trop loin.
L'édito du 28 décembre sur ANN (en anglais)
Ah oui, en effet, apparemment le gouverneur de Tokyo, Shintaro Ishihara est co-organisateur du Tokyo Anime Fair et responsable de cette fameuse Bill 156.
Apparemment, des éditeurs de manga ont décidé de créer un contre évènement aux même dates.
J'espère que Ishihara aura l'intelligence à un moment d'éditer la loi. :/
Aux vues des récentes infos qui circulent sur la toile, le TAF 2011 va être annulé faute de participants.
Je me doute bien que leurs JT valent les nôtres, et vice-versa : je critiquais cette tendance actuelle aux réactionnismes à tous crins, quelle que soit leur origine, qu'ils soient japonais, américains, français ou je ne sais quoi d'autre – c'est un comportement typique d'un temps de crise : on se replie sur des valeurs fondamentales et donc anciennes la plupart du temps, c'est-à-dire anti-progressistes. Jamais aucune solution n'est sortie de ça : la stigmatisation ne provoque que coupure entre les individus et la société, c'est le triomphe du communautarisme et de l'isolation dans laquelle on ne peut que se perdre.
Quant aux interdictions, j'avoue ne pas connaître tous les détails de cette loi mais je sais que chez nous les productions interdites aux mineurs ne le sont que si le mineur est seul lors de l'achat ; s'il est accompagné d'un adulte, il n'y a pas de problème. D'après ce que j'ai lu sur divers sites, cette loi japonaise consiste à interdire purement et simplement, accompagné d'un adulte ou pas, ce qui constitue au mieux une interférence avec le rôle éducatif des parents sur leurs propres enfants. Et puis de toutes manières, même l'interdiction de la pornographie chez nous n'a jamais empêché les adolescents de s'en procurer, et ce bien avant internet…
Enfin, une déclaration récente du gouverneur de Tokyo à ce sujet se montre lumineuse : selon lui, de telles productions seraient réservées à des gens ayant un "ADN tordu" (source : ANN), ce qui en dit long sur la mentalité des gens qui se déclarent en faveur de telles lois. Et sans oublier que ce monsieur écrivit dans sa jeunesse des romans acclamés par la critique d'alors pour leurs qualités subversives, et notamment dans les descriptions de liaisons et de rapports sexuels – un de ses livres adaptés en film le fut aussi en anime dans les années 80 d'ailleurs, et des commentateurs ont fait remarquer qu'avec une telle loi, une telle adaptation serait à présent impossible. J'ajoute que ce monsieur écrivit aussi jadis que de telles interdictions étaient stupides… C'est dans ces moments-là qu'on se dit que la vieillesse est un naufrage.
s'ils veulent s'aligner a la pudibonderie / hypocrisie de ce qui se fait aux usa,on est mal barré!
Aux usa il est interdit de montrer des enfants avec des armes a feu,mais dans la réalité il y a plein accidents mortels,car les Kids croyent qu'on peux se servir d'armes a feu sans que ce soit sans conséquence,comme dans de nombreux animés Us ou on se tire dessus sans qu'il y ai de blessé
de plus je ne vois pas en quoi le manga peux inciter des malades adultes a abuser d'enfant,ca pourrait meme servir a mettre en garde ces meme enfants,hypocrisie donc!
Si ca continue les japonais ne vont plus laisser les américains censurés leur animés,ils vont le faire eux meme !
Ce qu'ils vont empêcher c'est l'accès au mineur du Hentai ou de récit violent, ils ne vont pas interdire les Hentai, les Seinen et j'en passe, vous savez au Japon on peut avoir des Hentai par distributeurs (je prend ce cas vu qu'en France on m'a dit que c'était ce qu'il y a de plus choquant comme manga pour vous) donc, faut pas transformer les informations non plus. Ils vont juste tenter d'empêcher les plus jeune d'accéder à une violence graphique trop importante, et les information au Japon ne sont pas plus bizarre que les vôtres désolé!
Exactement ce qui m'est venu à l'esprit moi aussi : en périodes de crise, la culture et sa diversité restent les première victimes du conservatisme qui n'est jamais, la plupart du temps, que du nivellement par le bas – il suffit de voir le niveau de culture des animaux qui nous gouvernent pour s'en assurer…
Le Japon avait assez bien résisté à sa propre crise, celle ayant éclaté en 1989, même si ça se discute assez, mais il semble que la mondiale de 2008 a fini par avoir raison de leur créativité et de leur spécificité : comme quoi, ce sont toujours les pleins de frics qui conditionnent la liberté des créatifs – nous avons beau être au XXIe siècle, rien n'a changé depuis les Médicis…
Et on utilise toujours les mêmes tautologies : il va de soi que personne, pas même les japonais, ne voudraient voir ses enfants "pervertis" par des productions qui ne leur sont pas réservées ; difficile de ne pas être convaincant de cette manière ! On connait bien les effets dévastateurs de tels discours : on a eu les mêmes chez nous il y a 20 ans et les profanes en matière de culture manga en sont toujours traumatisés, au point qu'ils continuent encore à débiter les mêmes sornettes au sujet de productions artistiques dont ils ne savent rien puisqu'ils ne les ont jamais lues !
Mais quelle bonne idée de s'en prendre aux artistes quand on est pas foutu de garder ses gosses dans le droit chemin : tout ce que ça requiert, c'est de leur dire "non" de temps à autre. Mais il faut croire qu'il est plus simple de dire "oui" à des lois idiotes, réactionnaires et liberticides. Jusqu'ici, ça m'agaçait, mais à présent ça m'inquiète : les déclins commencent toujours en pente douce, jusqu'à ce qu'il soit trop tard pour freiner le processus…
Qu'ils commencent par censurer leurs journaux télévisés s'ils veulent que leurs citoyens soient normaux, ou du moins par passer certaines info après une certaine heure : violences et horreurs sont d'abord banalisées par la réalité avant de l'être par les fictions, c'est à force de faire croire aux gens que les abominations qu'ils montrent sont à la portée de tous que certains finissent par le croire et par passer à l'acte, et non parce que des créatifs ont écrit des histoires fausses.
N'importe quel écrivain vous le dira : la plus parfaite fiction reste bien moins satisfaisante que le moindre fait réel.
Ca corespond a la politique Japonaise des ces derniéres années c'est a dire s'aligner sur les mœurs occidentales (américain) et les prendre comme modéle
Bien sur cela va avoir une conséquence néfaste a la production nipon et a leurs créativités
Par exemple dragon ball kai qui a été fait dans l'optique de s'exporter et donc c'est vu censuré pour corespondre aux marchés occidentales
Au bon sens du terme
AUX MEURTRE
Je m'interroge sur "Naoto Kan, le premier ministre japonais, s’est personnellement ému sur son blog que ce vote puisse remettre en cause la tenue du Tokyo Anime Fair 2011."
Pourriez-vous donner plus d'informations ? Le Tokyo Anime Fair c'est quand même une institution…
Je crois qu'on peut en effet se poser la question du "pourquoi maintenant". Certains diront sans doute mieux vaut tard que jamais mais ça reste très suspect comme décision. Je crois que sur le fond, oui, évidemment, il faut limiter l'accès aux mineurs aux œuvres les plus violentes et les plus sexualisées. Après, les critères évoqués me font froid dans le dos : "qui pourrait pousser un jeune lecteur/spectateur à commettre des actes criminels ou des tentatives de suicides. Sont aussi visées les représentations d’actes sexuels illégaux et des relations sexuelles entre personnes apparentées qui n’ont pas le droit de se marier."
Cela remet en cause un nombre incalculable de titres pour des raisons morales qui appartiennent de l'individu et non de la société et qui par ailleurs sont tout à fait discutables à interdire à un mineur.
Attendre 18 ans pour lire Battle Royale ou autre, je trouve ça désolant…
Je refuse que l'on associe les productions pédo-pornographiques à la pédo-criminalité, tout comme je refuse d'associer la saga GUNDAM au terrorisme. Il serait temps d'arrêter de prendre le lecteur, même jeune, pour un débile ne sachant distinguer la fantaisie du réel et le bien du mal…
Enfin, je crois qu'ils font fausse route si cette loi est éditée afin de séduire le lecteur occidental qui, n'a pas attendu cette loi pour s'intéresser aux manga/anime. Et qui, je pense, s'y intéresser pour le rêve et la fantaisie que de nombreuses œuvres procuraient qui risque bientôt la censure…
J'espère que si cette loi passe, elle ne désespèrera pas les auteurs et éditeurs japonais de proposer des œuvres questionnant la morale, peut-être qu'effectivement la distribution sur Internet peut être une solution.
ils réagissent quand méme un peu tard je trouve sur des sujets comme la pédophilie ou autreet je sais pas si interdire aux mineurs ce genre de production changera grand chose avec internet scan et tout il est très facile je pense d'en trouver méme pour un mineur
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.