Un souffle épique digne des légendes antiques souffle sur Saint Seiya, série dont l’adaptation animée fête ses trente ans… et sur l’œuvre entière de Masami Kurumada, qui a fait du jusqu’auboutisme sa marque de fabrique.
Point commun à chacun de ses mangas, une fougue inextinguible probablement due à l’impatience de l’auteur. Encore lycéen, Kurumada participe à un concours organisé par le Shônen Jump et, incapable d’attendre jusqu’à la date de parution des résultats, se rend directement à la rédaction pour connaître son classement ! La démarche marque l’éditeur Shueisha, qui décide de donner sa chance au petit jeune…
En 1974, à tout juste 21 ans (il est né le 6 décembre 1953), Kurumada fait ses premières armes professionnelles avec Sukeban Arashi, hélas rapidement arrêtée suite… au choc pétrolier, qui augmente considérablement le prix du papier ! Qu’à cela ne tienne, le dessinateur (qui travaille en parallèle dans le BTP) lance un nouveau titre dans l’univers de la boxe en 1977 : Ring ni Kakero devient un gigantesque hit ! Etalé sur quatre ans et 25 tomes, écoulé à 13 millions d’exemplaires, le manga est régulièrement adapté en animation depuis 2004 – deux nouvelles séries seraient à prévoir en 2017 pour fêter les 40 ans de la licence).
Kurumada choisit de rester dans la castagne avec son titre suivant, Fuma no Kojiro, ou les affrontements contemporains entre divers clans ninjas. La réussite est moindre mais la série confirme les thématiques chères à l’auteur : un groupe d’amis soudé, des affrontements où chacun est prêt à miser sa vie pour ses idéaux et des « coups spéciaux » surhumains. Le mangaka peaufine surtout sa mise en page et son sens du rythme, deux atouts majeurs qui pallient son dessin souvent trop rigide, avec des postures récurrentes (les fameuses vues de trois-quart) et des personnages souvent trop ressemblants.
S’ensuivra le carton absolu qu’est Saint Seiya en 1985, sa première œuvre aussitôt adaptée en série animée, support grâce auquel elle sortira des frontières nippones pour conquérir le cœur de plusieurs générations – notamment en Europe. Malgré la virilité de son discours, les designs adaptés par Shingo Araki et Michi Himeno fourniront une fanbase féminine encore très active à ces Chevaliers du Zodiaque aux rapports parfois très très TRES amicaux.
Depuis, Kurumada lutte pour retrouver les sommets qu’il tutoyait. Après les échecs de Blue Myth et Silent Knight Shô, il retrouve avec B’t X les faveurs du public jusqu’en 2000. Avec le nouveau siècle, le mangaka désormais quinquagénaire accepte de donner aux lecteurs ce qu’ils réclament : les suites de Ring ni Kakero (26 tomes entre 2000 et 2009) et surtout de Saint Seiya ! Outre Next Dimension qu’il dessine lui-même depuis 2006, Kurumada supervise de nombreux spin-off, notamment dessinés par des femmes comme Shiori Teshirogi (Lost Canvas) ou Chimaki Kuori (Santia Shô).
Trente ans après les débuts de Saint Seiya, se pose alors la question : Kurumada pourra-t-il s’émanciper de sa création à laquelle on le résume trop souvent ? Saura-t-il créer un nouvel univers tout aussi palpitant ? Ou creusera-t-il son sillon au plus loin qu’il pourra, fixé sur sa mission, jusqu’à s’effondrer de fatigue comme ses chevaliers ? Une chose est sure : il aura marqué à tout jamais de son sceau l’histoire du manga et de l’animation, mais surtout l’imagination de millions de fans à travers la planète et les âges.
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