1987. Une vague de films américains fantastico-horrifiques a envahi le monde. Hollywood est devenu le maître mondial du genre. Mais un petit studio d’irréductibles nippons a décidé de répliquer ! Avec Wicked City, Madhouse pose les fondations de l’animation adulte contemporaine.
Le Black World est une dimension parallèle peuplée de démons, inconnue de presque tous les humains grâce au pacte de non-agression signé entre les deux mondes. Certaines créatures surnaturelles font tout pour le briser, provoquant agressions de chaque côté de la frontière. Renzaburô Taki, sous son apparence de salaryman, est en réalité un Black Guard, chargé de lutter contre ces terroristes aux pouvoirs surhumains…
Tentacules violeurs, femmes fatales mutant en créature démoniaque, gerbes d’hémoglobine… Le titre, clairement destiné à un public adulte et masculin, explose les standards imposés par les USA en sexe et en violence. Certains n’auront retenu que cette débauche de Wicked City, pointant du doigt son scénario prétexte. Ils ont raté l’essentiel : la mise en scène novatrice qui, pendant 82 minutes, ne cesse de renforcer la sensation de malaise du spectateur.
Pour sa première réalisation en solo, Yoshiaki Kawajiri, alors âgé de 27 ans, cumule les postes de chara-designer, storyboardeur et directeur de l’animation. Wicked City lui permet d’exposer toutes les facettes de son talent, et d’imposer son style : personnages longilignes, contrastes violents entre teintes vives et saturées (notamment le bleu et le rouge), jeux de lumière… L’OAV devient une carte de visite pour Kawajiri, sans laquelle il n’aurait probablement jamais réalisé Ninja Scroll ou le segment Programme d’Animatrix.
Outre l’intérêt de redécouvrir les premiers travaux d’un géant de la japanimation, revoir Wicked City trente ans plus tard permet d’évaluer la progression dans l’industrie du dessin animé. Notamment au niveau du traitement des personnages féminins, destinés aux pires sévices – là encore, un reflet du machisme des productions US calibrées des eighties. Finalement, c’est cette « banalité » d’époque qui fait plus frémir aujourd’hui qu’un gore désormais un chouïa désuet.
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.