L’an 2000 marque la fin d’un millénaire, mais surtout le début de carrière d’un jeune mangaka de 20 ans. Dix-sept ans plus tard, Inio Asano est devenu un incontournable de la BD japonaise.
Pendant cinq ans, Asano se fait la main sur des histoires courtes, guidées par la même obsession : décortiquer les atermoiements de la jeune génération dans un monde de plus en plus déshumanisé. Probablement des réminiscences de ses mois d’assistant pour Shin Takahashi, auteur de L’arme ultime… Après le recueil Le quartier de la lumière dont les histoires, indépendantes, restent liées par des décors et personnages récurrents, le mangaka attaque sa première série en 2005, Solanin, succès-surprise qui sera porté en long métrage live en 2010.
La consécration mondiale arrive avec sa première série longue, Bonne nuit Punpun : l’avancée dans la vie de son héros, piaf déplumé au trait grossier dans un Tokyo ultra-réaliste, s’étale sur treize tomes entre 2007 et 2013. Prolifique, Asano ne se limite pas à cette série parue chez Shôgakukan. Durant la même période, il publie six autres titres dans des revues alternatives et indépendantes, où il pousse ses études de mœurs au-delà des limites du grand public : derrière leurs jeux sexuels virant au sado-masochisme ou à la scatologie, les deux adolescents de La fille de la plage cherchent avant tout à oublier leur solitude.
Depuis, Asano a embrayé avec une œuvre d’anticipation au long cours, Dead Dead Demon’s Dededededestruction, où se répondent l’angoisse post-Fukushima, la crise démographique et la perte de repères des jeunes générations, tout en continuant en parallèle ses œuvres indépendantes. A 38 ans, pourtant, l’artiste semble marquer un coup d’arrêt : il vient de signer la fin de Reiraku (ou la séparation simultanée d’un mangaka avec son épouse et son éditeur), cinq mois seulement après son lancement, et a annoncé une pause à Dedede… Pas d’inquiétude ! De constitution fragile, Asano est un habitué de ces pauses salvatrices : mieux vaut s’arrêter ponctuellement que risquer le burn-out fatidique. Regonflé à bloc, il reviendra sous peu bouleverser ses lectorats mainstream et underground.
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