Commençons 2018 en célébrant un double jubilé ! Car, si Amer Béton avait fait un premier effet-choc dans le manga indépendant à sa parution en 1993, son adaptation en long métrage en a désarçonné plus d’un, il y a douze ans.
Takaramachi, « la ville-trésor ». Quel nom incongru pour cette mégalopole où les yakuzas font régner leur loi sur des ruelles crasseuses. Deux orphelins paumés, Kuro et Shiro (Noiro et Blanco), se décident alors à veiller sur leur quartier, coûte que coûte. En réponse à ces perturbateurs, la pègre recrute le tueur à gages Hebi (Le serpent), qui va traquer le duo de gosses à travers la ville…
Avec Amer Béton, Taiyô Matsumoto impose son style unique : reprendre les codes d’un genre bien particulier (le fantastique avec Number 5, le sport avec Ping-Pong…) pour mieux y glisser les interrogations existentielles d’une jeunesse qui découvre « la décennie perdue », crise économique dans laquelle le Japon s’est englué depuis 1990. Le tout sublimé par son graphisme à main levée unique, qui offre des panoramas urbains d’une poésie rare.
Chef-d’œuvre pourtant boudé par le public français à sa première sortie (Tonkam avait offert ses nombreux invendus durant une soirée manga !), le manga indépendant a connu la consécration grâce au studio 4°C. Adepte des titres borderline, il a confié à l’américain Michael Arias, responsable de la collaboration Animatrix, la réalisation d’un long métrage qui transcende l’œuvre originale par ses couleurs et sa musique exceptionnelles. Vingt-cinq et douze ans après leur sortie, le manga comme le film rappellent que la force première de la production japonaise reste sa diversité et son éclectisme !
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