Festival d’Annecy 2018 : jour 1

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Annecy 2018. Le festival est cette année aux couleurs du Brésil, et le jingle exclusif du jour précédant les films sent bon le soleil et la plage. Bien que n’étant pas sous les tropiques, le ciel annécien se montre schizophrène et alterne entre soleil brûlant et violents orages d’été. Peu importe. L’équipe d’AnimeLand passe la majeure partie de la journée dans les salles obscures pour découvrir les futures perles à venir ou pour assister à des conférences. Au programme : débats sur l’égalité entre les sexes, tortues next gen et beaucoup d’émotions.

 

Pa Ming  : C’est dur le lundi matin, même si c’est pour aller au cinéma…
Olivier : Bah oui, le lundi matin, on a la tête dans le Pathé…

 

Women In Animation

Women in animation World Summit (Rencontres internationales des femmes dans l’animation)
L’ouverture du Festival International du Film d’Animation d’Annecy rendait hommage aux femmes dans l’animation, avec une journée dédiée au Women in Animation World Summit. Ce cycle de conférence organisée avec WIA (Women in Animation) et LFA (Les Femmes s’Animent) a permis à des femmes et des hommes actifs dans le monde de l’animation de s’exprimer pour faire évoluer les mentalités et faire réfléchir sur la réalité des inégalités hommes/femmes. Le slogan 50/50 by 2025 prône une vraie parité dans le milieu du dessin animé car on ne le dira jamais assez : la diversité n’est pas qu’une valeur à respecter, c’est une nécessité et une force de créativité.

Notre coup de cœur revient à la conférence donnée par Mark Osborne (réalisateur, Le Petit Prince), Anthony Leo (producteur, The Breadwinner), Eric Beckman (CEO, GKIDS), Carlos Saldanha (réalisateur, Rio), Shuzo Shiota (CEO, Polygon Pictures) : des paroles inspirantes qui donneront envie à d’autres, on l’espère, de rejoindre le mouvement.

Virus Tropical

Virus Tropical
Il y a un avant et un après Persepolis. Preuve en est un nouveau long métrage adaptant un roman (auto)graphique sur la jeunesse de son auteure, ici, Paola Gaviria. Née en Équateur en 1976, elle fait une véritable déclaration d’amour à son pays et à la Colombie, là où elle déménage avec sa famille à son adolescence. Loin des images d’Épinal qui collent à ces deux pays, le film présente des jeunes qui finalement sont comme tous les autres, curieux, têtus, paumés, amoureux… L’animation reprend fidèlement les dessins de Paola jusqu’au noir et blanc efficace et personnel. Difficile de rester indifférent face à ce film qui met la pêche pour commencer un festival qui promet !

Ferdinand (projection, programme spécial)
Cette première journée de festival était l’occasion de revoir ou découvrir sur le tard ce film de 2017, qui manie avec une rare maestria la rupture de ton. Tour à tour drôle et grave, Ferdinand est en définitive un postulat anti-corrida aussi puissant que touchant.
Et la preuve une fois de plus qu’il est possible d’évoquer des sujets importants avec légèreté, pacifisme et sans tomber dans le piège de la moralisation contre-productive.

Gatta Cenerentola (long métrage en compétition)
La narration de cette relecture de Cendrillon à la sauce polar rétro-futuriste est ampoulée de quelques pesanteurs, mais le visuel ébouriffant et l’ambiance aussi sombre qu’onirique (qui rappelle le jeu Bioshock) compensent largement. Techniquement et artistiquement, la froideur de la 3D motion capture a rarement été aussi bien désamorcée par une surcouche picturale et il en résulte un des plus beaux films qu’ont ait vu ces dernières années.

 

Rise of the Teenage Mutant Ninja Turtles (Nickelodeon, Studio Focus)
Après des films live peu fameux, les Tortues Ninja ressortent des égouts dans une version animée. Si le chara design nous avait peu motivés à l’origine, nous n’avons pas été déçus de la présentation que nous a offert Nickelodeon. Rise of the Teenage Mutant Ninja Turtles n’est pas un sempiternel reboot de la saga : c’est une toute nouvelle version originale qui s’offre aux téléspectateurs. Les créateurs se sont attardés sur les Tortues Ninja avant qu’elles ne deviennent vraiment « les Tortues Ninja » : soit de vrais teenagers américains qui jouent aux super-héros, le tout dans une ambiance japonisante. Esthétiquement, la production est aussi novatrice. L’ambiance est lumineuse, électrique, avec des décors sublimés par le traitement des couleurs et de la lumière. L’animation est de qualité et les actions très dynamique. On se retrouve donc face à une version résolument moderne des Tortues Ninja qu’on a hâte de découvrir plus en détails !

 

Funan

Funan (long métrage en compétition)
Un témoignage bouleversant de l’occupation Khmer du Cambodge. La mise en scène est sensible, subtile, et économise les effets pour se concentrer sur le ressenti des personnages et la suggestion. Mais à défaut de violence visuelle, la violence psychologique est bien réelle. Comme tout bon film avec la guerre pour cadre, le pire de l’être humain, sa cruauté gratuite, côtoie le meilleur, à savoir sa capacité à résister, à aimer et à pardonner. Un film dur et nécessaire.

 

Virus TropicalCérémonie d’ouverture – Dilili à Paris
La cérémonie d’ouverture a lancé définitivement cette édition 2018. Le directeur artistique Marcel Jean nous a présenté le jury et a accueilli le réalisateur de Bird Karma, un court métrage de Dreamworks (qui n’en avait pas fait depuis plus de 10 ans), en 2D dis donc ! Et par un ancien élève des Gobelins ! Puis, place au maître, Michel Ocelot, qui présentait en première mondiale son dernier bijou, Dilili à Paris (en salle le 18 octobre prochain). Si on retrouve toute la générosité et la naïveté qui caractérise le réalisateur de Kirikou, on retrouve dans ce film un discours très engagé, servi par un absurde plutôt bien amené. Et la 3D du studio Mac Guff est plus réussie qu’à l’époque d’Azur et Asmar (les Minions sont passés par là), d’autant qu’elle met en avant le Paris du début du XXe siècle.

Marichka :  Elles font beaucoup de bruit les grenouilles du lac…
Steve :  Vu les bruits, y’a des oiseaux aussi…
Pa Ming : Vu les bruits, ça doit être des dauphins. Ou des singes. Ou des orques.
Marichka :  Ah non pitié, pas des orques !
Pa Ming  : Oh c’est mignons les orques. C’est les pandas de la mer quoi.

Rendez-vous demain pour découvrir notre 2e jour au festival d’Annecy !

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