On ne l’arrête pas ! Alors qu’Ushijima, l’usurier de l’ombre arrive à sa conclusion au Japon, Shohei Manabe vient d’annoncer une nouvelle série pour l’automne. L’occasion de mettre en lumière ce mangaka subversif.
Apparu il y a un demi-siècle, Doraemon reste une icône toujours aussi populaire aujourd’hui avec un film animé qui crée l’événement chaque année. Le robot-chat bleu créé par le duo Fujiko Fujio fut ainsi le premier héros de manga pour le petit Shohei Manabe, qui dévorait ses histoires chaque semaine en rentrant de l’école. C’est décidé, il sera lui aussi dessinateur ! En grandissant, l’adolescent se tourne vers le gekiga, en découvrant notamment les œuvres de Yoshiharu Tsuge dans le magazine avant-gardiste Garô : l’optimisme de Doraemon cède alors la place à un cynisme poisseux qui ressortira dans ses propres travaux.
Il faudra toutefois attendre les années 90 avant de les voir publiés. Tout commence avec un concours organisé par le magazine gratuit Gomes distribué par le grand magasin Parco de Shibuya, que l’apprenti mangaka remporte. Encore partagé avec son métier de graphiste, il se fait remarquer cinq ans plus tard par Kôdansha dans le cadre d’un autre concours, lié cette fois au mensuel Afternoon, qui éditera sa première série, Smugler, l’histoire d’un nettoyeur de scènes de crimes fort inspiré du personnage de Victor dans Nikita (un rôle interprété par Jean Reno qui incarnera Doraemon pour des spots TV nippons vingt ans plus tard !), puis un court titre en quatre tomes, The end.
C’est cependant dans le Big Comic Spirits de Shogakukan que Shohei Manabe débute en 2004 sa première longue série, Ushijima, l’usurier de l’ombre, qui ausculte la face sombre du pays du yen-roi. Gare à ceux qui viennent contracter un emprunt à court terme auprès d’Ushijima, malgré ses taux scandaleux : le jeune homme est prêt à tout pour se faire rembourser, quitte à se salir les mains ! Durant quinze ans et 46 tomes, Shohei Manabe dresse le portrait d’une société qui vit à crédit avec un style graphique à l’encrage aussi sombre que ses lunettes fumées avec lesquelles il apparaît toujours en public. Agrémenté de deux spin-off, adapté en drama (3 saisons) et en trilogie cinéma, Ushijima a consacré le mangaka auprès du grand public : son prochain titre confirmera-t-il ce succès ?
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