Retrouvez notre 2e épisode du Journal d’Annecy ! Un nouveau segment marqué par le superbe court-métrage du jour de l’école des Gobelins (cadeau, si vous avez raté le 1er épisode) mais aussi de bien belles choses, à commencer par Les Enfants de la mer , la présentation des projets Dreamworks ou encore le making-of de Spider-man New Generation.
Steve, à l’appart : c’est sympa d’avoir une vue sur le Thiou quand même !
Pa Ming : ça se trouve, c’est pas le Thiou mais juste une rue inondée…
La Voyage du prince
On avait quitté Jean-François Laguionie avec le magnifique Louise en hiver qui a malheureusement été très mal distribué. Espérons que ça ne soit pas le cas pour son nouveau film qui est une suite indirecte du Chateau du singe. Du moins, on se retrouve dans le même univers, un monde où le primate est l’espèce dominante. Le Prince s’échoue sur un rivage et est recueilli par un peuple qu’il ne connait pas. Il est aidé par je jeune Tom qui réussit peu à peu à la comprendre et lui faire découvrir son monde. Après le Tableau, Laguionie se représente à nouveau et regarde le monde d’aujourd’hui d’un œil curieux, parfois émerveillé, parfois amusé, mais souvent étonné. L’animation de Blue Spirit permet une certaine liberté au réalisateur avec un budget moins conséquent. La date de sortie est fixée au 4 décembre.
Les enfants de la mer
Autant vous le dire tout de suite, Les enfants de la mer est sûrement l’un des plus beaux films de l’année. Adapté de la série de manga de Daisuke Igarashi, le film est surtout centré sur Ruka, lycéenne un peu paumée lors des vacances d’été. Elle décide d’aller voir son père qui travaille à l’aquarium et fait la connaissance d’Umi et Sora, deux enfants abandonnés tout petits qui ont été élevés par des dugongs. Si l’histoire de départ est finalement classique, le film nous emmène dans une réflexion métaphysique que peu de long métrage ont réussi à atteindre sans perdre le spectateur. On pense bien sûr à 2001, l’odyssée de l’espace ou même au Ailes d’Honneamise. Et Les enfants de la mer est proche d’atteindre ses aînés, d’autant que le studio 4°C propose de l’animation, de l’animation et encore de l’animation.
Les coulisses de Spider-Man: New Generation
C’est super sympa les making-of sur les DVD/Blu-Ray mais ça l’est encore plus quand l’équipe du films vous les fait en live ! Les “Demo Sessions” d’Annecy sont l’occasion incroyable de découvrir les coulisses de création de films. Pour Spider-Man: New Generation, ce sont bien évidemment les astuces d’effets spéciaux qui nous ont été présentés. Si le long métrage de Sony Animation s’est imposé comme le meilleur film d’animation de 2018, c’est pour la qualité de son écriture, mais surtout pour la virtuosité de sa technique ! Ce qui rend le film si riche visuellement, en plus de sa direction artistique aussi pop que riche et son animation incroyable, ce sont la performance de ses effets spéciaux. On découvre alors que ses FX atteignent des sommets grâce à leur inspiration puisée dans les trames des mangas (points, lignes d’action) ainsi que par l’usage pertinente de la 2D (explosions, impacts de balles, lignes de visage).
Présentation DreamWorks
– Abominable : Co-production entre DreamWorks (États-Unis) et Pearl Studio (Chine), ce film est un conte écologique moderne qui montre un visage de la Chine aussi attrayant que novateur : le but n’est pas de montrer les facettes du pays que tout le monde connaît (telle que la Grande Muraille) mais de montrer des magnifiques contrées méconnues du grand public. On suit le sauvetage d’un Yeti des mains de viles humains qui veulent prouver son existences grâce à l’aide de trois enfants chinois, on retrouve les thématiques de la quête initiatique, de l’ode à la nature et de l’entraide : une formule classique mais qui fonctionne bien ! La nature y est sublimée et on a alors qu’une envie : faire un voyage à travers la Chine (et adopter un Yéti).
– Marooned : Sur la Lune, dans un futur proche, un robot solitaire vivant dans une base abandonnée par l’humanité souhaite plus que tout retourner sur sa Terre chérie. Pour ce faire, il construit une fusée à l’aide de pièces détachées d’engins spatiaux laissés en désuétude et d’une capsule d’énergie. Un jour, il découvre un petit robot sans batterie : sera-t-il la clé de réussite de son projet ou la clé de son salut ? Ce court métrage surprend avec plaisir en se faisant côtoyer êtres de métal et altruisme.
– Les Trolls 2 – Tournée Mondiale : Après un premier film pétillant et positif, DreamWorks revient avec un deuxième opus de Trolls pour 2020. C’est un véritable WIP auquel nous avons assisté, avec des séquences sans lighting et compositing, mais le film promet d’être encore plus déluré et pop que le premier, avec des personnages encore plus barrés. Le pitch est simple : Poppy et Branche vont tenter de pacifier les différentes nations de trolls, dont chaque tribu correspond à un style musicaux. Si vous rêvez de voir s’affronter le hard rock à la country musique en passant par la techno, le tout dans une bonne humeur contagieuse, ce film est pour vous.
Homeless
Quand la société de consommation s’effondre, c’est une bande de sans-abris qui essaye de la restaurer. Ils devront combattre en chemin l’instigateur de cette fin du monde, un erzatz de Walt Disney ! Le pitch complètement fou de Homeless est réjouissant et l’humour noir de l’ensemble marche bien. L’empire Disney n’est pas le seul égratigné et le film parodie aussi à l’envie Tokyo Godfathers, Star Wars, The Big Lebowski ou encore le Seigneur des anneaux. Quelques longueurs atténuent toutefois l’efficacité globale.
La fameuse invasion des ours en Sicile
Tout le monde connait l’histoire. C’était au temps où les ours ont envahi la Sicile. Venus des montagnes, ils ont suivi leur roi, Leonce, qui est à la recherche de son fils, Tonio. Un ours parle poliment, mais sait montrer son instinct guerrier lorsqu’il le faut. Cette fable signée Dino Buzzati se prête parfaitement au cinéma d’animation, n’hésitant pas à dépasser les limites de l’imagination et digérant l’esprit naïf des auteurs. C’est drôle, grisant, émouvant, forcément humaniste mais jamais trop de rien. Lorenzo Mattoti réussit son baptême de l’animation (après un court dans Peur(s) du noir et on reconnait bien son style si “New Yorker”. A voir absolument à sa sortie.
Hommage à l’animation japonaise : Survol de l’animation japonaise contemporaine.
A nouveau, on s’éloigne des codes habituels de l’animation japonaise pour plonger dans le conceptuel et l’abstraction à travers une sélection de courts-métrages indépendants. Certains films restent assez opaques et tiennent essentiellement leur intérêts de leurs expérimentations graphiques, mais on a été positivement marqués par le poétique et sensuel Le Bras qui s’inspire beaucoup visuellement de Belladonna (à noter aussi la présence dans le casting de notre Cédric Babouche national) et par le génial Pachelbel’s Canon qui illustre les envolés du morceau classique via le parcours de petits cubes dans un circuit.
Courts-métrages en compétition
Comme souvent, il y a à boire et à manger avec les courts-métrages, mais on mettra en avant trois coups de cœurs : Le Mans 1955, Toomas Beneath the Valley of the Wild Wolves et The Elephant’s song. Le premier, soutenu par de nombreux partenaires, revient sur la tragédie de 1955 des 24 heures du Mans ayant entraînée la mort de 80 personnes. La réalisation de Quentin Bailleux (33 ans) est ultra efficace et classieuses. Il a le gout d’un cinéma froid mais immersif, et d’une esthétique pop où 2D et 3D se tiennent la main. Le 2e métrage est bien plus modeste sur le plan visuel, mais que de rigolade pour cette connexion Estonie-Croatie! On y découvre un couple de loups. Le mari, bel étalon, perd son job pour avoir refusé de coucher avec sa boss. Sa femme, elle, se fait enguirlandée par une secte prônant l’impérialisme féminin. Face à son mari, elle feint de suivre des cours de yoga. Le mari décide alors de vendre son corps pour payer les cours de sa femme, tandis qu’elle devient une dominatrice distribuant les coups de fouets pour rompre son monotone quotidien. Enfin, le 3e et dernier court métrage qui nous a particulièrement plu est The Elephant’s song, ou la vie tragique (et réelle) dOld Bet, la première éléphante de Cirque en Amérique. Une fresque tout en musique et pâte à modeler particulièrement émouvante que l’on doit à Lynn Tomlinson.
Josep
Un film réalisé par un dessinateur, sur la vie d’un dessinateur. Les points communs entre le metteur en scène Aurel et le personnage de Josep Bartoli (1910-1995) sont nombreux puisque leur amour du crayon s’est étendue jusque la scène de l’engagement, politique ou mémoriel. Ainsi, Josep raconte la vie de cet émigré du Franquisme, de la France jusqu’au Mexique, narrée à travers son carnet de croquis. Mais attention, il ne s’agit pas d’un biopic, mais plutôt d’une fiction prenant racine dans cette période appelée “retirada”, et dans laquelle le réalisateur va créer une relation fraternelle entre Josep et un gendarme. Le WIP que nous avons vu dévoile une animation intelligente “pour ne pas dire limitée”, et qui dû jongler avec l’échec d’une négociation pour une co-production espagnole. Aussi, Aurel ne singe pas le dessin de Josep mais manifeste sa propre identité graphique. Notez que le film proposera 4 langues en version originales, avec Bruno Solo ou encore Sergi Lopez, et la chanteuse Silvia Perez Cruz occupe plusieurs rôles puisqu’elle a servi de base graphique pour un personnage, elle prête sa voix et signe le main thème. Prometteur, le film aura une AVP le 6 décembre.
Mon ninja et moi
Le nouveau film de celui qui nous avait déjà amusé avec Ronal le Barbare, Thorbjørn Christoffersen, est surtout une œuvre du scénariste Anders Matthesen, très connu au Danemark pour ses sketches et sa musique. Il met en scène une peluche de ninja frappée par un éclair qui souhaite venger un enfant esclave thaïlandais. Pour cela, il demande de l’aide à Alex, un collégien qui fait office de loser chez lui et dans sa classe. Comme on pouvait s’y attendre, les blagues n’ont pas de limite et les situations sont engagées, se moquant de tout. Mais en plus, l’intrigue est bien ficelée et l’animation est clairement de haut niveau. Le film a tout raflé aux derniers Robert, les César danois.
À demain, bande de lapins.
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