Animation 1 – Live 0. C’est le score sans appel du match entre les deux adaptations cinéma du jeu Street Fighter II sorties il y a vingt-cinq ans, pour le meilleur comme pour le pire.
Jalon incontournable de la pop-culture à l’échelle mondiale, le mythe Street Fighter remonte à 1987 (sortie du premier jeu d’arcade) mais n’a pris son ampleur qu’à partir de 1991, avec son deuxième volet. Avec ses innovations (bornes 1vs1 en vis-à-vis dans les salles d’arcade, système de combat), Street Fighter II devient une référence rapidement déclinée sur les consoles : 14 millions de cartouches s’écoulent, dont plus de 6 rien que pour la Super Nintendo ! Devenu un phénomène de société, le jeu de CAPCOM interpelle les producteurs qui mettent aussitôt en chantier des adaptations en long métrage. Hollywood offrira ainsi pour les fêtes de la fin de l’année 1994, le navrant Street Fighter avec Jean-Claude van Damme et Kylie Minogue.
Du côté du Japon, la réflexion est toute autre. Il ne s’agit pas de vendre un produit estampillé Street Fighter pour exploiter une licence populaire, mais de proposer une variation cohérente avec la franchise. Ainsi, outre les huit personnages du jeu d’origine, le script fait appel à d’autres combattant(e)s issu(e)s des déclinaisons apparues entretemps (Super SF II, SF II’…) embrigadé(e)s dans un conflit terroriste. A la tête du syndicat du crime Shadowlaw, l’ignoble M. Bison sape les forces gouvernementales d’Interpol, de la CIA et du MI-6 : quand il n’hypnotise pas leurs agents pour les retourner contre leur camp, il analyse grâce à des cyborgs disséminés à travers le monde les capacités des meilleurs combattants pour les assimiler !
Sorti au Japon le 6 août 1994, Street Fighter II, le film est une réussite sur tous les plans. Disciple d’Osamu Tezuka, Gisaburo Sugii retranscrit à merveille les sensations du jeu dans sa mise en scène de nombreux face-à-face : lourdeur et puissance dans la lutte entre Zangief et Blanka, vitesse et percussions durant le duel Ryû/Fei Long, légèreté et fluidité dans l’affrontement entre Chun-Li et Vega… Comme dans ses adaptations d’Adachi (Touch), le réalisateur creuse en filigrane les storylines de ses héros, somptueusement adaptés par le chara-designer Shukô Murase, qui dirigera plus tard Witch Hunter Robin. Plébiscité en Occident (notamment en France via l’opération « Manga Mania »), le film obtiendra un tel succès au Japon que Gisaburô Sugii rempilera au studio TAC pour diffuser dès l’an suivant sa suite au format série TV, Street Fighter II V.
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