Le chat-robot bleu qui souffle ses 50 bougies est devenu, plus qu’une icône, un ambassadeur de la pop-culture nippone… victime collatérale aujourd’hui d’un conflit politique entre Japon et Corée.
Après la seconde guerre mondiale, l’industrie du manga au Japon repart quasiment de zéro. Les dessinateurs ne sont encore pas très nombreux, et travaillent simultanément pour plusieurs magazines afin de répondre à la demande. En signant des contrats d’exclusivité avec ses mangaka, le Shônen Jump de Shûeisha, apparu en 1968, fera peu à peu disparaître ces pratiques. Néanmoins, la popularité du duo Fujiko Fujio, disciples d’Osamu Tezuka et membres de la pension Tokiwa-sô (qui a hébergé les plus grands noms du manga des années 70), est telle que, quand débute Doraemon en août 1969, la série est publiée dans six revues différentes !
Jusqu’en 1996, le manga déclinera sur 45 tomes des histoires courtes suivant le même canevas. Nobita Nobi, élève de CM2 chétif, bigleux et timide, se désespère d’atteindre son objectif (avoir de bonnes notes, ne plus être harcelé par le colosse Takeshi Goda et le mesquin Suneo Honekawa, sortir avec la jolie Shizuka Minamoto…). Doraemon, chat-robot bleu expédié depuis le 22e siècle par un descendant de Nobita pour lui venir en aide, pioche alors parmi les nombreux gadgets en sa possession pour l’aider ! On citera, parmi les plus célèbres, la porte qui mène n’importe où ou encore l’hélice qui, posée sur la tête, permet de s’envoler. Si les accessoires futuristes s’avèrent utiles au départ, Nobita finira systématiquement par en abuser au point de voir la situation se retourner contre lui. Gentiment moralisatrice, la série rappelle avant tout aux enfants de chercher en eux le courage de réaliser leurs projets au lieu de se reposer sur une aide extérieure !
Après un faux-départ en 1973, Doraemon devient une série TV grâce au studio Shin-Ei. En 2005, à son 1787e épisode, la série marque une brève pause… pour repartir avec un reboot correspondant aux exigences techniques du 21e siècle. Mais c’est surtout au printemps qu’on réalise à quel point la mascotte est appréciée de toutes les générations de Japonais : depuis 1980, sort à chaque mois de mars un nouveau long métrage consacré à la licence ! Là encore, depuis 2005, Shin-Ei propose des remake revus au goût du jour. La franchise la plus lucrative du cinéma nippon, devant Godzilla (plus de 100 millions de spectateurs au total !), a également conquis l’Asie continentale. Notamment la Corée du Sud qui, dans son bras de fer diplomatique et économique avec le Japon, a repoussé sine die la sortie en salles du dernier opus cinéma, qui voit Nobita, Doraemon et leurs amis explorer la Lune !
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