Radiographie (dé)culottée de son époque, Asatte Dance propulsait son auteur Naoki Yamamoto sur le devant de la scène seinen… qu’il n’a pas quittée depuis trente ans.
Fauché comme les blés, Suekichi Terayama vivote entre ses études et sa troupe de théâtre amateur, craquant sans oser lui dire sur la jolie comédienne Masami. Son univers bascule au décès de son grand-père, qui lui lègue une fortune colossale ! Mais le jeune homme devra remplir plusieurs conditions pour toucher cet héritage : décrocher son diplôme, et réussir un mariage heureux et durable. Plus facile à dire qu’à faire pour le célibataire, qui noie son dépit dans l’alcool au soir des obsèques. Au réveil, il découvre dans son lit la splendide Aya, rencontrée durant l’enterrement. A priori appâtée par le pactole, la jeune femme semble pourtant sincèrement attirée par le jeune homme, s’immisçant dans sa vie au-delà du cadre d’un simple « plan cul régulier ». Aya désire-t-elle son cœur ou son portefeuille ? Difficile de se décider pour Suekichi, également tiraillé entre son crush et une briseuse de ménages professionnelle…
Le succès de ses mangas pornographiques avait incité Naoki Yamamoto à quitter son pseudonyme pour se lancer en 1984 dans une carrière mainstream… qui peine à décoller. Le mangaka décide alors de s’adapter au thème à la mode en cette fin des années 80, les comédies romantiques dans la lignée de Maison Ikkoku. Bien plus pimentée et explicite que l’œuvre de Takahashi, Asatte Dance est une radiographie du Japon qui s’apprête à rentrer dans la crise. La génération X, qui rêve de s’émanciper mais doit suivre le schéma de vie traditionnel par sécurité face à un futur incertain, s’incarne ainsi aussi bien à travers Suekichi et les contraintes de son grand-père qu’à travers Aya qui a fui un mariage monotone.
La galerie de personnages secondaires renforce le côté naturaliste d’Asatte Dance, miroir social de son époque. On citera ainsi Masami, toujours vierge à 27 ans ; Freddy, immigré clandestin d’Asie du sud-est ; ou encore le yakuza du quartier avec lequel la troupe échange des services plus ou moins légaux… En sept tomes parus entre septembre 1989 et février 1991, Naoki Yamamoto explore comme personne les tribulations sociales et sexuelles de son époque marquée par l’explosion de la bulle spéculative. Asatte Dance trouve un tel écho auprès du public qu’une adaptation en OAV est produite dès 1990 chez l’opportuniste studio Knack Productions… et qu’une version live sort sur les écrans en 1991 ! En comparant cette adaptation fidèle jusque dans l’érotisme et son remake fadasse de 2006, on réalise à quel point le titre, comme la période qu’il reflète, est unique.
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