Biberonné à la pop-culture américaine, Kia Asamiya a conçu des œuvres plébiscitées par le public occidental. Et du Japon, qui vient de le nommer à la prochaine édition des Seiun Sci-fi Awards.
On sous-estime bien souvent l’impact qu’a pu avoir Star Wars à sa sortie au Japon. La saga de Georges Lucas a inspiré toute une génération d’artistes japonais, devenus aujourd’hui des piliers de la science-fiction à la nippone. Outre le film désormais culte, Michitaka Kikuchi découvre à 15 ans un autre pan de la pop culture venue des États-Unis, les comics, et plus particulièrement l’univers de Batman. Une fois diplômé de la faculté de design de Tokyo, le jeune homme fait ses débuts dans l’animation à 20 ans sur Nausicaä de la vallée du vent, et profite de l’essor du marché de l’OAV pour travailler sur des titres SF/fantastique (Dream Hunter Rem, Prefectural Earth Defense Force…).
En parallèle, le jeune homme entame une carrière de mangaka, qu’il dissocie de ses travaux dans l’animation en prenant le pseudonyme Kia Asamiya. Après un premier galop d’essai en 1986, Vagrants, il trouve le succès à 26 ans, en 1989, avec Silent Möbius, qui mêle cyberpunk et mysticisme, mecha et héroïnes bien carrossés. Lourdement inspiré par Blade Runner sur le plan graphique, le manga sera adapté à trois reprises en animation, sous la supervision de son auteur polyvalent. Plutôt que se cantonner à un genre, Kia Asamiya préfère explorer le champ des possibles de la SF : intelligences artificielles dans Compiler, quête initiatique fantastique dans Dark Angel, steampunk avec Steam Detectives… C’est grâce au space opera Martian Successor Nadesico qu’il atteint la consécration au Japon à la fin du 20e siècle.
Avec le nouveau millénaire et la mondialisation, Kia Asamiya franchit un cap qu’il n’aurait jamais pensé aborder. En 2001, DC Comics le contacte pour la création d’un manga sur son idole, Batman : L’enfant des rêves ! Mais c’est l’éditeur rival, Marvel, qui offre au Japonais la première opportunité d’être publié sur le sol américain, au format comics, sur Uncanny X-Men l’an suivant. Faut-il y voir une conséquence de cette consécration (il participe également à un hommage à Hellboy) ou une crise de la quarantaine ? Asamiya laisse en tout cas libre cours à ses passions dans ses derniers titres, les super-héros tokusatsu (JUNK : Record of the last hero)… et les voitures, dessinées avec un soin maniaque dans Kanojo no Carrera, toujours en cours actuellement. Ironiquement, le spécialiste des designs futuristes ne cache pas son affection pour… les 2 CV !
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