Personnalité de la semaine : Nagabe

Avec L’enfant et le maudit, il s’est imposé comme la nouvelle révélation du manga alternatif. Grâce à Komikku, la France va découvrir une nouvelle facette de Nagabe.

Tove Jansson a réussi un exploit. Les personnages inventés par l’autrice suédoise ont en effet réussi à conquérir le Japon, leader mondial sur la production de personnages kawaii destinés à la jeunesse ! Omniprésents sur l’archipel, Les Moomins ont eu une influence déterminante sur le style graphique de Nagabe. Né au début des années 1990, l’enfant ne s’intéresse que partiellement aux mangas, se limitant aux blockbusters du Shônen Jump qu’il emprunte à ses camarades. Il se passionne en revanche pour le dessin en tant que tel, créant des kemonomimi, personnages humains avec des oreilles de chien ou de chat… En découvrant le style graphique de Tove Jansson au lycée, l’adolescent décide alors de devenir, lui aussi, illustrateur ou chara designer.

Nagabe s’inscrit aussitôt sur le site communautaire Pixiv, où il publie ses premiers travaux. L’artiste est vite repéré par une maison d’édition, Akaneshinsha, qui lui propose, de but en blanc, de réaliser son premier manga. Puisque son intrigue est axée sur ses personnages, Nagabe se focalise avant tout sur son chara design, influencé par de grands portraitistes occidentaux (Norman Rockwell, Alfons Mucha)… pour réaliser, en ouvrant le magazine qui le publie, à quel point le résultat semble vide. Il travaille donc d’arrache-pied sur les décors, empruntant cette fois les techniques d’Edward Gorey et de Tove Jansson. Mais Nagabe ne se contente pas d’une amélioration de surface ! Conscient de ses lacunes, il étudie les spécificités du manga à travers les œuvres du maître Osamu Tezuka afin de mieux structurer ses intrigues…

Après avoir rectifié ses erreurs de débutant, Nagabe publie, à 20 ans, le premier chapitre de L’enfant et le maudit. Bien qu’il soit autodidacte jamais passé par la case « assistant de mangaka », bien qu’il travaille avec juste trois modèles de feutres (fin, moyen, large) qu’il achète à sa supérette de quartier, bien que ses influences soient avant tout occidentales, le dessinateur parvient à imposer son manga onirique, dont les ventes ont aujourd’hui franchi les 100 000 exemplaires. Paradoxalement, il manque un élément essentiel au style de Nagabe dans le manga qui le révèle au grand public : le shônen ai, qui baigne la majorité de ses œuvres. Dont, notamment, The Wize Wize Beasts of the Wizarding Wizdoms, qui s’apprête à sortir en France ! L’opportunité de s’ouvrir à un nouveau public pour ce mangaka qui n’a pas fini de faire parler de lui…