#TBT : Miyuki-chan in the Wonderland

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Célèbres pour leurs tragédies dignes de Shakespeare, les quatre membres de CLAMP se sont offert une récréation amusante et légèrement friponne il y a 25 ans, Miyuki-chan in the Wonderland.

Rêve ou réalité ? Difficile pour la jeune Miyuki de faire la distinction ! Chaque nouvelle de ce recueil se joue ainsi à la frontière entre l’imagination débridée de la lycéenne et son quotidien, à la manière des œuvres de Lewis Carroll auquel son titre renvoie directement. Ainsi, les deux premiers épisodes reprennent les grandes lignes d’Alice au pays des merveilles, l’adolescente étant téléportée à travers un terrier de lapin ou un miroir magique. Mais cette fois, Miyuki aura maille à partir avec des femmes fatales bien décidées à fricoter avec elle, et n’échappera à leurs avances explicites qu’en se réveillant. Et quand la jeune fille ne se retrouve pas dans un univers fictif (celui des jeux vidéo ou du manga X de CLAMP, véritable mise en abyme), c’est le fantastique qui s’immisce dans sa réalité (petit boulot, jeu de mah-jong) ! Avec toujours le même objectif : la livrer en pâture à des tentatrices aguicheuses…

C’est avant tout grâce à ses fresques fantastiques d’une noirceur de jais (RG Veda, Tokyo Babylon, X) que le collectif CLAMP est révélé au début des années 90. Pourtant, le quatuor de mangakas cumule déjà un certain nombre de comédies légères sur son CV, comme Clamp School Detectives et Dukalyon ! Elles décident donc d’opter pour ce genre quand le magazine Newtype leur commande un manga en 1993, en y ajoutant une touche érotique jusqu’ici absente de leur bibliographie. Si le premier chapitre était censé poser un univers et le début d’une intrigue globale, les quatre amies s’amusent tellement avec leur concept qu’elles développent au final sept histoires indépendantes. Axées sur le même schéma (Miyuki glisse du réel au fantastique, se fait poursuivre par des prétendantes, et se réveille au point de départ de l’intrigue), elles diffèrent par les mondes qu’explore leur héroïne ingénue qui tient autant d’Alice que de Barbarella, autre référence assumée.

Pochade érotico-comique, Miyuki-chan in the Wonderland est considérée à raison comme une œuvre mineure dans la bibliographie de CLAMP. Mais, en cette année 1995, le quatuor est devenu bankable, et les deux premiers chapitres du manga (les plus fidèles à l’esprit de Lewis Carroll) donnent lieu à deux OAV. Réalisées par Kiyoko Sayama (qui supervisera ensuite les OAV d’Angel Sanctuary et les séries Skip Beat et Vampire Knight), elles sortent au Japon le 21 juin 1995… soit trois mois avant l’édition reliée en grand format de l’anthologie, qui ne parviendra en France qu’en 2002 grâce aux éditions Tonkam. Rétrospectivement, sous leur légèreté de façade, les sept « blagues yuri » auront pourtant servi de laboratoire pour doser l’humour et les ambiguïtés romantico-sexuelles qui feront tout le sel de Card Captor Sakura, leur triomphe qui sortira l’an suivant. L’ultime chapitre préfigure même, avec dix ans d’avance, les voyages des héros de Tsubasa Reservoir Chronicle à travers les œuvres de leurs créatrices !

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon