Difficile de s’épanouir artistiquement dans l’ombre d’un père géant dans son domaine. Pourtant, Gorô Miyazaki a peu à peu réussi à se faire un prénom…
Si Hayao Miyazaki s’est lancé dans l’animation, c’était avant tout pour faire plaisir à son fils… mais cette décision leur aura coûté le prix fort. Encore débutant à la naissance de Gorô en 1967, il devient réclamé et surchargé de travail quand son fils entre à l’école primaire. Gorô grandit donc avec un père absent, et, quand il confie à sa mère son souhait de travailler lui aussi dans l’animation, cette dernière lui explique à quel point ce travail chronophage le couperait de sa famille… comme son père. La situation se complique encore plus quand le nom de Hayao Miyazaki devient connu à travers tout le Japon : à l’approche de ses 20 ans, Gorô se retrouve surtout considéré comme « fils de… » plutôt que pour sa personnalité ! De quoi l’inciter encore plus à oublier la voie de l’animation, et à orienter ses études en agriculture et science de la forêt.
Une fois diplômé, Gorô Miyazaki se tourne donc vers l’urbanisme, aménageant des parcs boisés et contribuant à des projets architecturaux de grande envergure. Lui qui a tout fait pour suivre une voie professionnelle distincte de son père s’en rapproche finalement quand, en 1998, à 31 ans, il est contacté par le producteur Toshio Suzuki. Selon ce pilier de Ghibli, Gorô est l’homme le plus à même de concevoir le musée dédié au studio et à ses œuvres ! Non content de superviser la construction de l’établissement et de son jardin, Gorô en devient le directeur général dès son ouverture en 2001, un poste qu’il assurera jusqu’à juin 2005. Son parcours finit alors par rejoindre le sillage de son père puisque Toshio Suzuki (toujours lui) le convainc de produire quelques croquis, illustrations et storyboards pour le projet d’adaptation des Contes de Terremer que Hayao envisage depuis une vingtaine d’années.
Au final, Gorô accepte de réaliser le film (qui sortira en 2006), malgré une double pression : celle du grand public, qui voit logiquement en lui un potentiel successeur à Hayao Miyazaki et Isao Takahata au sein de Ghibli (comme Hiromasa Yonebayashi en 2010 avec Arrietty), et surtout celle de son père, qui critique sans état d’âme ni tact son travail. Bien que les tensions entre Gorô et Hayao soient palpables, ce dernier acceptera de signer le script de La colline aux coquelicots, deuxième film réalisé par son fils au studio Ghibli en 2011. Mis en confiance sur ses capacités artistiques, Gorô s’émancipe enfin en explorant une voie qui a toujours rebuté son père, celle des images de synthèse. En coproduction avec Polygon Pictures, société experte dans le domaine, il réalise en 2014 Ronya, fille de brigand, qui mêle 3D et animation traditionnelle. Avec Aya et la sorcière, téléfilm prévu pour cet hiver au Japon, il projette Ghibli dans cette technologie du futur, puisqu’il s’agira de la première œuvre intégralement en images de synthèse du studio !
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