Comme vous pourrez le lire dans le dossier conséquent que nous avons réalisé sur les effets du confinement sur le monde de l’animation dans AnimeLand 231 présentement en kiosques, nous avons interviewé un éventail représentatif de professionnels entre les États-Unis, la France et le Japon. Aujourd’hui, nous mettons en avant l’échange réalisé fin juin avec Guillaume Fesquet, visual development artist chez DreamWorks. Il nous a aimablement envoyé la photo de son bureau et son portrait avec masque indispensable ^^. Un très grand merci à lui pour nous avoir consacré un peu de temps…
– Bonjour Guillaume, où en êtes-vous à présent ?
Je travaille chez Dreamworks en tant que “visual development artist”, sur le long métrage “ Bad Guys”, réalisé par Pierre Perifel, un autre français, et ancien de l’école des Gobelins.
– Où résidez-vous actuellement et quelles sont les règles de confinement appliquées à votre Etat ?
J’habite dans la partie ouest de Los Angeles en Californie et depuis le début les règles de confinement sont relativement légères, par rapport à l’Europe en tout cas. Nous devons rester confinés chez nous mais les sorties sont tolérées. Depuis quelques jours certains bars et restaurants rouvrent, sous conditions (pas plus de 10 par établissement, et plus généralement ce n’est qu’à emporter). Certains espaces publics commencent un peu à se remplir, comme la plage, certaines rues… (note de la rédaction : depuis l’entretien, la Californie a réinstauré des règles plus strictes pour contenir la résurgence de la contamination au Coronavirus)
– Quelles règles ont été imposées par votre employeur ?
Pour l’instant il n’y a pas de retour prévu au studio. Surtout pour le “ art department”, puisque tant que nous avons les outils nécessaires (ordinateur, Photoshop, tablette Cintiq et internet) nous pouvons continuer à faire notre travail normalement. Je ne sais pas ce qui est prévu pour les autres départements. Les animateurs, par exemple, sont tributaires d’un logiciel interne, qui fonctionne plus efficacement sur les machines du studio… Quoiqu’il en soit, pour l’instant la date de fin de production n’a pas changé, signe que le rythme de travail n’a pas été énormément impacté. Les règles sont de rester chez soi jusqu’à nouvel ordre et de participer à certains meetings, en gros trois par semaine, pour faire le point sur notre travail, nous donner des retours, etc.
– Comment arrivez-vous à travailler au quotidien si vous travaillez de chez vous ?
Travailler chez soi requiert de la discipline, que j’ai du mal à m’imposer…. C’est tellement facile de commencer à travailler en fin de journée pour finir à 3h du matin, sans prendre de pause… Pour l’instant j’arrive à tenir le rythme de travailler le matin, faire un break pour déjeuner, puis m’arrêter vers 18h. Et honnêtement avoir des meetings tôt le matin avec l’équipe aide beaucoup à garder ce rythme.
– Quel regard portez-vous sur la situation et comment voyez vous les choses évoluer pour vous et vos collègues à l’issue du confinement ?
C’est très difficile d’avoir un avis clair sur la situation ou sur l’impact que tout ça va avoir dans le futur…Tout est tellement soudain et a l’air temporaire. J’ai le sentiment, peut être naïf, que les choses vont revenir à la normal à un moment donné, que tout le monde va retourner au travail et que la vie va reprendre son cours. Je ne pense pas que la situation va encourager les studios à laisser leurs artistes travailler chez eux dans le futur. J’ai déjà l’impression qu’il ya une forme de flexibilité, dans mon département en tout cas. Mais je pense que les réalisateurs préféreront toujours avec toute l’équipe sur place. En tout cas, je me rends compte de la grande chance que j’ai de travailler dans l’animation, d’avoir la possibilité de continuer à travailler depuis chez moi.
– Avez-vous une anecdote amusante sur des passe-temps que vous pratiquez que vous seriez contents de partager avec nos lecteurs ?
Alors, effectivement j’ai décidé de me mettre à la méditation et au pilate, et ça fait beaucoup de bien ! Et les jeux vidéo sont indispensables ! Ah et les puzzles, c’est bien aussi les puzzles…
– Avez-vous enfin des observations que vous aimeriez là aussi partager ?
D’un point de vue plus personnel, le confinement m’a révélé l’importance de trouver un équilibre entre le temps dédié au travail et le temps que l’on se donne pour soi. Du temps que l’on se donne pour développer des projets personnels, ou même loin des écrans.
Propos recueillis par Sébastien Célimon
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