#TBT : Alakazan, le petit Hercule

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Sous ce titre français abscons se cache Saiyuki, premier film d’animation réalisé par le légendaire Osamu Tezuka, qui célèbre son soixantième anniversaire !

À la demande de ses congénères, le petit macaque Alakazan a accepté de devenir le roi des singes. Une fois sur le trône, le jeune monarque devient un despote tyrannique et prétentieux au point de s’estimer supérieur aux hommes. À grand renfort d’astuces, il parvient à duper l’enchanteur Merlin et l’oblige à lui apprendre la magie, sans prendre attention aux avertissements du vieux sage : ces pouvoirs fraichement acquis lui ne lui attireront que des malheurs dans le futur ! Avec ses nouveaux atouts, l’arrogant simien s’embarque pour le Paradis où il affronte le Roi Amo. Après une cuisante défaite, Alakazan se retrouve puni : il doit servir de garde du corps au Prince Amat durant son pèlerinage. Un voyage au cours duquel le jeune effronté découvrira la véritable signification de l’héroïsme…

Ils sont pas moins de trois réalisateurs crédités au générique du troisième long métrage d’animation de l’histoire de Toei. C’est à Daisuke Shirakawa qu’on doit l’idée originale d’adapter pour le grand écran le roman classique La pérégrination vers l’Ouest, Saiyuki en V.O., connu de tous les petits Japonais. Dès 1958, Shirakawa se rend chez Osamu Tezuka pour convaincre le mangaka de participer à la production du film. Bien que très intéressé par la proposition, ce dernier est incapable de fournir le storyboard, accaparé par les nombreux mangas sur lesquels il travaille et qui représentent son gagne-pain ! Il se tourne alors vers ses assistants Shotaro IShinomori et Sadao Tsukioka (futur formateur de Sunao Katabuchi et Jun’ichi Sato) pour compléter son ébauche de storyboard et le représenter aux studios d’animation.

Ses deux ambassadeurs ne sont pas de trop pour tempérer les tensions entre Toei et Tezuka, jugé trop individualiste pour un projet collectif : lui qui voulait que la petite amie du héros, RinRin, meure à la fin du film, aura du mal à digérer que cette idée soit refusée pour ne pas faire de Saiyuki une tragédie. Avec l’intervention de Keinosuke Uekusa (scénariste pour Akira Kurosawa de L’ange ivre) au script et du réalisateur du Serpent Blanc, Taiji Yabushita, le long métrage prend enfin forme et sort dans les salles japonaises le 14 août 1960. Son succès est tel que Saiyuki sera rediffusé durant les festivals de Toei des années 60 et 70 et inspirera Akira Toriyama pour Dragon Ball (notamment les scènes avec le bâton grandissant et le nuage magique). Un triomphe obtenu au prix de nombreux sacrifices : sur les soixante animateurs de l’équipe (parmi lesquels Yasuo Otsuka, futur mentor de Miyazaki et Takahata), dix souffriront de la surcharge de travail, passant en moyenne 88 heures par mois sur la production !

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon