Sorti il y a vingt ans, Blood the last vampire posait les bases d’une franchise multi-supports, mais révolutionnait avant tout l’animation japonaise.
En 1966, les États-Unis s’apprêtent à entrer dans un conflit armé au Vietnam, grâce aux bases militaires dont ils disposent sur l’archipel nippon. Celle de Yokota, à l’ouest de Tokyo, est cependant envahie par des Chiroptériens, des créatures démoniaques capables de se camoufler parmi les humains. Ces descendantes dégénérées des vampires originels, assoiffées de sang, risquent d’entrer en hibernation après leur festin et de devenir indétectables avant leur prochain carnage. Une agence gouvernementale américaine y envoie donc Saya, dernière survivante des vampires ancestraux, afin de les éliminer. Figée à jamais dans un corps d’adolescente, la combattante au katana se fait passer pour une collégienne étudiant au sein de la base militaire pour accomplir sa mission…
Blood : The last vampire est avant tout le fruit d’une liberté artistique et de la collaboration de nombreux talents. À l’origine, Misuhisa Ishikawa, le président de Production I.G exprime à Mamoru Oshii son désir de création d’un projet original. Le réalisateur de Ghost in the shell, qui anime à cette époque des ateliers pour jeunes réalisateurs, leur demande alors de fournir des idées. Fusion des suggestions de Junichi Fujisaku et de Kenji Kamiyama, futurs scénariste et réalisateur de Stand Alone Complex, le concept de « lycéenne armée d’un katana » est confié au réalisateur de Roujin Z et Golden Boy, Hiroyuki Kitakubo, qui demande à avoir carte blanche sur la création. Il fait ainsi appel à Katsuya Terada pour concevoir les personnages : à charge de Kazuchika Kase d’adapter le « trait plein de défauts » du designer pour que ceux-ci soient animables. Ce défi artistique se double d’une révolution technique, puisque Blood : The last vampire est le premier dessin animé réalisé 100% numériquement ! De quoi motiver Production I.G. à offrir au moyen métrage de 45 minutes un plan promo international, produisant en interne la version anglophone distribuée dans le monde dès juillet, quand le Japon doit attendre le 18 novembre 2000 pour enfin le savourer sur grand écran.
Si le public et la critique sont scotchés par la performance technique des séquences d’action qui, vingt ans plus tard, ont à peine vieilli, beaucoup regrettent en revanche que Blood : The last vampire n’offre aucun développement à ses personnages monolithiques ni même à sa mythologie. Production I.G voit en effet le moyen métrage comme un épisode d’une trilogie multi-support, complété par des light novels et des jeux vidéo. Auxquels s’ajoutent, alors qu’ils n’étaient pas prévus à l’origine, un manga de Benkyo Tamaoki et une calamiteuse adaptation live par le français Chris Nahon en 2009. Entretemps, le moyen métrage aura initié de nouvelles sagas dérivées, déclinant son concept d’origine dans des univers alternatifs, comme Blood + dont les 50 épisodes sont réalisés en 2005 par l’un des créateurs originaux, Junichi Fujisaku. Ultime itération, Blood-C intègrera à ses 12 épisodes en 2011 des chara-designs signés CLAMP. Si ces spin-off offrent enfin un background digne de ce nom à Saya, ils ne parviennent hélas pas à égaler le tour de force technique de Blood : The last vampire, qui a imposé les standards de qualité des anime du 21e siècle.
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