#TBT : Step up love story

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Depuis 1997, Step up love story se distingue de la prolifique production hentai au Japon avec sa démarche pédagogique qui distille de nombreux conseils en sexualité.

Quand Makoto et Yura se passent la bague au doigt, ils n’ont aucune expérience amoureuse ou sexuelle. Les deux Japonais de 25 ans ont fait connaissance via une rencontre arrangée (omiai) et appris à s’apprécier, mais se retrouvent face à l’inconnu quand arrive la nuit de noces ! Assez godiches, ils ne font rien pour arranger la situation : quand Yura, timide et naïve, n’ose pas prendre la moindre initiative, Makoto précipite les choses de par sa nature d’éjaculateur précoce. Conscients que les rapports sexuels sont un des ciments du couple, les jeunes tourtereaux décident de prendre le taureau par les cornes pour atteindre la satisfaction au lit, en obtenant notamment des conseils auprès de leur famille, comme la petite sœur de Yura, Rika, jeune dévergondée de 20 ans cumulant les sex-friends ou le grand frère de Makoto, Akira, adepte des maisons closes…

Quand Aki Katsu entame Step up love story en 1997, la natalité japonaise est en déclin depuis plus d’un quart de siècle. Plutôt que proposer un énième manga érotique, le dessinateur, jusqu’ici connu à l’international uniquement pour sa déclinaison en manga de l’anime Vision d’Escaflowne, décide d’insuffler un caractère didactique à sa nouvelle série. Il faut dire qu’au Japon, contrairement à la France, les media ne sont pas très friands des rubriques « sexologie ». Et il ne faut pas compter sur la production hentai pour s’instruire sur les choses de la vie ! Le mangaka reprend donc tous les codes du manga érotique, à commencer par le design de ses héroïnes à la taille fine et à la poitrine plantureuse, pour mieux faire passer son message. Aki Katsu n’hésite ainsi pas à interrompre une scène friponne pour insérer des schémas anatomiques en coupe, ou à glisser des statistiques qu’on croirait tout droit tirées d’un tableur Excel, quitte à faire redescendre la tension sexuelle chez son lecteur. Il voulait des belles miches, il aura des camemberts !

Les Japonais font un accueil triomphal à ce « guide du cul pas con », qui apporte ludiquement des informations d’ordre physiologique (quelles caresses privilégier selon la taille des seins et des aréoles, comment retarder l’éjaculation) ou social (quelles sont les positions préférées selon l’âge et le genre) – Pika agrémentera d’ailleurs les tomes traduits de statistiques françaises, pour une comparaison fort intéressante. Flirtant avec les trente millions d’exemplaires imprimés, Step up love story devient une référence au Japon, malgré une très faible adaptation animée (deux séries d’OAV, 4 produites en 2002, 3 en 2014) au détriment d’un tétralogie live lancée en 2011. Elle obtiendra même un art book particulièrement prisé des fans le 1er mai 2001, il y a vingt ans. Toujours en cours aujourd’hui avec 83 volumes au compteur (en France, on s’est arrêté à 50), le manga s’inscrit parmi les plus longues séries de cul au Japon (si ce n’est la) même si son concept initial s’est essoufflé : les jeunes naïfs ont bien progressé ! Tout comme les Japonais puisque, dix ans après le lancement de Step up love story, la natalité a doucement commencé à grimper à nouveau… grâce aux bons conseils d’Aki Katsu ?

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon