Succès commercial remarquable au début du siècle, Zatchbell semble pourtant avoir disparu des mémoires, vingt ans plus tard. AnimeLand vous offre une petite piqûre de rappel, entre deux vaccins !
Collégien surdoué, Kiyomaro Takamine a bien conscience de sa supériorité sur ses camarades et même ses professeurs. Plutôt que fréquenter ses camarades (qui le méprisent), l’adolescent de 14 ans ne va plus en cours, une situation qui agace son père parti en Angleterre. Il envoie donc à son fils un jeune garçon chargé de le remettre dans le droit chemin, Zatch. Ce blondinet aux yeux énormes souffre en revanche d’une forte amnésie et Kiyomaro devra, en retour, l’aider à retrouver sa mémoire. Zatch est surtout équipé d’un livre rouge rédigé dans une langue indéchiffrable pour le commun des mortels… mais Kiyomaro n’est pas commun ! Il débloque ainsi des sorts grâce auxquels Zatch peut accomplir sa mission : affronter les 99 autres mamodo (démons) peuplant la Terre pour devenir leur roi pendant le millénaire suivant. Dans cette lutte à la Highlander, chaque perdant voit son propre livre brûlé à jamais, ce qui débloque de nouveaux sorts pour le vainqueur. Malgré l’absence de Denis Brogniart aux commentaires, à la fin, il ne pourra en rester qu’un !
Pour beaucoup, il est difficile de cataloguer Zatchbell : ce manga est-il voué à l’action ou à l’humour ? Pourtant, la réponse est simple : ce titre parle avant tout d’amitié ! La relation qui s’installe chapitre après chapitre entre Kiyomaro et Zatch est en effet au cœur de l’intrigue créée par Makoto Raiku. Après avoir retravaillé pendant plusieurs mois les brouillons de projets avortés, le mangaka avait envisagé l’alliance entre un collégien japonais et un noble anglais mais, sur les conseils de son éditeur, il a transformé ce partenaire en un personnage bien plus mignon, Zatch. Résultat ? Dès ses débuts dans le Shônen Sunday, Zatchbell conquiert les lecteurs qui se ruent sur son premier tome à sa sortie, le 18 mai 2001. Quand elle se termine sept ans plus tard, en juin 2008, sur son 33e volume, la série s’est écoulée à plus de 22 millions d’exemplaires ! En parallèle, Toei Animation produit une série animée de 150 épisodes, diffusés hebdomadairement entre avril 2003 et mars 2006. Le succès est tel que deux films originaux voient le jour en août 2004 et 2005, le premier faisant intervenir un 101e prétendant au titre de Roi des Mamodos quand le second intègre un nouvel adversaire venu du futur.
Le triomphe de Zatchbell ne laissera hélas pas son créateur indemne. Physiquement tout d’abord, puisque Makoto Raiku doit marquer une pause de deux mois à la fin de l’année 2005 pour soigner sa main usée par le rythme soutenu de sa production incessante. Mais c’est surtout professionnellement que se produit la tragédie, quand Shôgakukan égare cinq planches originales en couleurs. L’artiste assigne alors sa maison d’édition au tribunal et réclame 3,3 millions de yens en compensation : l’importance de la somme sert surtout de symbole pour rappeler la valeur artistique de la production des mangaka, souvent peu considérée par les éditeurs. Remporter son procès (et 2,5 millions de yens au passage) sera aux yeux de Raiku un gigantesque pas dans la reconnaissance des créateurs de mangas. En revanche, depuis, il a évidemment cessé toute collaboration avec Shôgakukan, et c’est donc vers Kôdansha qu’il se tournera pour créer son œuvre suivante, Animal Kingdom. Si cette dernière est encore disponible aux éditions Ki-oon, il n’en est hélas pas de même pour Zatchbell qui n’est plus commercialisée par Kana depuis fin 2012. Il ne vous reste plus que le marché de l’occasion pour découvrir un titre qui, malgré son succès au Japon, n’aura pas trouvé son public en France…
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