Critique grinçante du vieillissement du Japon et de son obsession pour la technologie déshumanisée, Roujin Z, trente ans après sa sortie, est plus que jamais d’actualité.
À 87 ans, Kiyuro Takazawa est désormais invalide. Veuf inconsolable, il bénéficie des soins apportés par sa pimpante aide médicale, l’adorable Haruko. C’est donc le cobaye idéal pour tester le projet Z-001, un lit d’hôpital entièrement robotisé et autonome grâce à son logiciel informatique. Alimenté par un mini-réacteur nucléaire, il peut nourrir son patient, lui injecter ses médicaments, le nettoyer (y compris ses excréments) et lui faire pratiquer l’exercice nécessaire pour maintenir son organisme en forme. Pourtant, quand ce lit électronique entre en communication avec l’ordinateur de Haruko, celle-ci perçoit avant tout les appels au secours désespérés de Kiyuro ! Grâce à des papys nerds, elle hacke le Z-001 pour y installer une simulation vocale de la femme décédée de son patient. Quand ce dernier évoque son envie d’aller voir la mer, tout part en vrille et la véritable nature du projet Z-001 se dévoile !
Après son omnibus Robot Carnival, qui s’interrogeait sur la question du robot, le studio A.P.P.P. a voulu à nouveau réunir une équipe de talent(s) pour s’intéresser au même thème sous un angle plus sociétal. On retrouve donc sans surprise plusieurs réalisateurs des courts-métrages de Robot Carnival sur le projet Roujin Z, à commencer par Katsuhiro Otomo qui en signe le script original, ainsi que le mecha-design aux côtés de Mitsuo Iso, animateur de génie à qui on doit certaines des batailles les plus marquantes d’Evangelion et de Ghost in the shell. C’est cependant Hiroyuki Kitakubo qui dirige le film de 1h24, plusieurs années avant les OAV de Jojo, Golden Boy et Blood : The last vampire. Est aussi présent, au poste de directeur artistique et de set designer, Satoshi Kon, qui sera révélé au grand public par Perfect Blue quelques années plus tard. Enfin, comment ne pas évoquer Hisashi Eguchi, auteur de Stop Hibari-kun !, qui offre à Haruko un charme d’autant plus irrésistible qu’il s’est inspiré de sa propre femme pour la dessiner ?
Grâce à la mise en place d’un comité de production réunissant les plus grosses pointures dans les différentes branches de l’animation (le fabricant de produits dérivés Movic, Sony Music Entertainment et sa branche distributrice d’anime Aniplex, TV Asahi…), le film sort au Japon le 14 septembre 1991, et remportera le Mainichi Film Award dans la catégorie animation. Tous les critiques saluent en effet ce film qui, sous son humour constant et sa technique irréprochable, tape juste en critiquant le système de sécurité socio-médicale pour les seniors et l’envie de plus en plus prégnante de remilitarisation du Japon. Confrontant la frénésie de technologie futuriste et l’enracinement dans des traditions sociétales, Roujin Z aura droit à une sortie direct-to-video aux USA mais également en France, notamment avec la collection Manga Mania ! À l’heure où les plateformes VOD se disputent le marché de l’animation japonaise, on ne s’explique pas pourquoi elles n’investissent plus dans ce court film qui, plus que jamais, colle à notre époque…
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