Véritable mythe au Japon, Tensai Bakabon reste pourtant méconnu en France ! À l’occasion du 50e anniversaire de son adaptation animée, AnimeLand remet à l’honneur ce monument d’humour nippon.
Comme son nom l’indique, Bakabon est un jeune garçon naïf et benêt. Placide et tête-en-l’air (il oublie souvent de mettre des sous-vêtements sous son kimono), il est à l’opposé de son père, hyperactif qui a mille idées plus crétines et dangereuses les unes que les autres à la minute. Ensemble, ils font les 400 coups au grand désespoir de la mère de Bakabon et de son petit frère, véritable génie précoce, auprès des autres habitants de la ville. Citons ainsi leur voisin, Rerere no Oji-san, qui passe ses journées à balayer devant lui et à demander à quiconque croise son chemin « Partez-vous en voyage ? », ou encore le policier énervé à l’unique narine toujours prompt à dégainer son flingue pour mettre le père de Bakabon en prison ! Cette galerie de bras cassés multiplie les gags pour le plus grand plaisir des spectateurs, génération après génération.
Le meilleur moyen de comprendre Tensai Bakabon pour un Occidental est de le comparer aux Simpsons. Les deux séries n’ont pas d’intrigue à proprement parler, mais des épisodes indépendants à l’humour potache et critique envers leur société contemporaine, et, dans les deux cas, le héros d’une dizaine d’années se fait voler la vedette très rapidement par un paternel stupide mais terriblement attachant. C’est à Fujio Akatsuka, empereur de l’humour dans les années 60 et 70 au Japon (un mélange de Gotlib, Reiser et Franquin), qu’on doit Tensai Bakabon, dont la publication a commencé en 1967 dans le Shônen Magazine de Kôdansha. Le succès est instantané aussi bien auprès des enfants que de leurs mères, qui apprécient de voir ainsi égratignée la figure autoritaire du pater familias. Une première adaptation animée voit donc le jour chez Tokyo Movie Shinsha pour être diffusée sur Yomiuri TV à partir du 25 septembre 1971, il y a cinquante ans. Hélas, la chaîne ne souhaite pas choquer ses spectateurs et demande donc à TMS d’édulcorer l’humour provocateur du manga d’origine. La décision tue donc tout l’esprit de Tensai Bakabon, et cette première série animée se termine sur un flop en juin 1972.
Frustrée, l’équipe de TMS donne une seconde chance au manga d’Akatsuka grâce au soutien d’une autre chaîne, Nippon Television. Entre le 6 octobre 1975 et le 26 septembre 1977 seront diffusés 103 épisodes de Genso Tensai Bakabon, « genso » signifiant « original » : plus respectueux de l’esprit frapadingue du manga, l’anime conquiert le Japon durant deux ans… avant de disparaître des petits écrans. Marqueur de son temps, la saga reviendra à chaque décennie via le studio Pierrot, dans une nouvelle itération taclant avec dérision les nouveaux travers de chaque époque, de Heisei Tensai Bakabon en 1990 qui célèbre le changement d’ère à Rerere no Tensai Bakabon en 1999 qui la projette dans le nouveau millénaire. Il aura cependant fallu attendre 2018 pour voir le retour de la famille déjantée sur les écrans avec Shinya ! Tensai Bakabon, qui souhaite surfer sur le succès d’Osomatsu-san, création du même mangaka ! Grâce au simulcast, elle offre enfin l’opportunité au public occidental de (re)découvrir l’humour sans pareil de Fujio Akatsuka, légende encore trop méconnue hors de l’archipel.
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