Après seize ans de publication, Fuyumi Sôryô s’apprête à mettre un point final à son manga Cesare. C’est l’occasion ou jamais de revenir sur le parcours d’une mangaka hors normes !
Le cheval, c’est vraiment génial. Le dada de la petite Fuyumi Sôryô est en effet de dessiner des canassons à longueur de journée. Pour la fille d’un grand maître du théâtre Noh, il n’y a aucune volonté de faire du dessin une profession future, c’est juste un plaisir enfantin. Ce qui ne l’empêche pas, à la fin des années 70, de participer à un concours de manga alors qu’elle approche de la vingtaine (elle est née en 1959). En s’y classant dixième, l’étudiante en mode envisage alors de se lancer dans le métier non par attrait artistique, mais plus prosaïquement pour remplir son frigo ! C’est donc en 1982 qu’est publiée dans le magazine Flowers de Shogakukan sa première histoire courte, Hidamari no hômonsha.
Trois ans plus tard, Fuyumi Sôryô se fait connaître du grand public avec sa première série au long cours, Boyfriend, qui lui permet d’obtenir le prix Shogakukan à sa conclusion en 1988. Elle embraye aussitôt avec un autre succès, 3, qui s’étalera sur 14 tomes. Après plusieurs courtes séries, la mangaka atteint enfin la consécration en 1996 avec MARS, dont la réussite franchit les frontières du Japon pour atteindre l’Asie continentale – il sera même adapté en drama à Taïwan ! Mais la mangaka se lasse des histoires d’amour qu’elle développe depuis plus de quinze ans pour Shogakukan. Avec l’arrivée d’un nouveau siècle, Fuyumi Sôryô se tourne donc vers un autre éditeur, Kôdansha, qui lui ouvre les portes de son magazine seinen Morning. Elle y publie dès 2002 une histoire sans concession et aussi violente que sa transition, qui oscille entre thriller psychologique et drame social sur fond de fantastique, Eternal Sabbath.
Suite à ce virage, Fuyumi Sôryô peut désormais s’attaquer à un challenge artistique, Cesare, qui revient sur l’histoire des Borgia. Pour ce faire, la mangaka s’adonne les conseils d’un expert en Renaissance italienne, Motoaki Hara, et fait preuve d’un sens du détail quasi-maniaque, notamment dans les décors qui étaient, à ses débuts, son principal point faible. Entamé en 2005, le manga connaît plusieurs césures, notamment quand, à la demande du Château de Versailles, elle dessine une biographie de Marie-Antoinette ! Désormais aussi réputée en Occident qu’au Japon, Fuyumi Sôryô vient d’annoncer que Cesare tirerait sa révérence fin novembre. Tous les fans se demandent donc quel sera le prochain projet de la dessinatrice de 62 ans : restera-t-elle dans sa veine actuelle, inspirée par l’Histoire européenne, ou changera-t-elle à nouveau de style sans prévenir ? Réponse en 2022 !
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