Scénariste privilégiant avant tout ses personnages, Keiko Nobumoto vient d’être emportée par un cancer de l’œsophage. AnimeLand rend hommage à l’artiste derrière plusieurs titres culte.
L’envie de raconter des histoires mène à tout. A priori, Keiko Nobumoto s’orientait vers une carrière… d’infirmière, dans la ville d’Asahikawa où elle avait reçu son diplôme. Néanmoins, en 1987, la jeune femme de 23 ans quitte l’île de Hokkaido pour intégrer la Anime Scenario House. Cette structure destinée à former de nouveaux scénaristes a été fondée par le scénariste renommé Takao Koyama, à qui l’on doit des scripts pour, entre autres, Time Bokan, Dragon Ball et Dragon Ball Z ou encore Saint Seiya. Aux côtés de Hiroyuki Kawasaki (Tales of Eternia), Aya Matsui (série TV Pokémon), Katsuki Sumisawa (Gundam Wing – Endless waltz) et Satoru Akahori (Saber Marionette, Sakura Wars), elle apprend les ficelles du métier tout en travaillant en parallèle dans la section administrative d’un studio d’animation, notamment durant la production d’Akira.
On la retrouve donc logiquement en 1991 sur le script du projet de film live de Katsuhiro Ôtomo, Wolrd Apartment Horror, où elle fait la connaissance de Satoshi Kon. Mais c’est avec un autre disciple d’Ôtomo, Kôji Morimoto, qu’elle fait ses premiers pas dans l’animation en contribuant au script de son film Peek la baleine blanche. Après avoir travaillé sur l’intrigue d’un téléfilm animé sur la tragédie de Hiroshima pour NHK, Keiko Nobumoto devient scénariste principale pour une série d’OAV, Macross Plus, qui marque sa première collaboration avec Shin’ichirô Watanabe. La scénariste y développe déjà son style, qui privilégie les personnages à l’action, en s’interrogeant notamment sur la place des femmes dans l’univers Macross, jusqu’ici trop souvent réduites à attendre le retour des hommes partis au combat. Cette emphase sur les personnages est à nouveau au cœur de l’intrigue de Cowboy Bebop, qui permet aux autres scénaristes de développer leur propre ton sur divers épisodes sans que la série ne perde en cohérence.
Nobumoto retrouve alors Satoshi Kon, qui souhaitait travailler avec elle afin de donner plus de corps à ses personnages : en ressort le trio mémorable de Tokyo Godfathers en 2003. Wolf’s Rain, son dernier coup d’éclat, éblouira toute la profession, à commencer par le réalisateur de la série, Tensai Okamura, qui ne tarit pas d’éloges sur la scénariste. Pourtant, peut-être en raison de la production chaotique de la fin de Wolf’s Rain, Keiko Nobumoto déserte à partir de là les studios d’animation. Tout au plus la verra-t-on participer ponctuellement sur quelques épisodes des séries de son ami Shin’ichrô Watanabe (Space Dandy, Carol & Tuesday). C’est dans l’industrie du jeu vidéo, notamment avec les deux premiers volets de Kingdom Hearts, qu’elle s’épanouit… jusqu’à l’annonce du cancer de l’œsophage qui la frappe. Nobumoto choisit alors de retourner à Hokkaido afin de se faire soigner, auprès d’un cops médical qu’elle connaît bien même si elle l’a quitté une trentaine d’années auparavant. Hélas, la maladie l’emportera à 57 ans, le 1er décembre 2021. Restent ses histoires et une méthode (privilégier les personnages) qui, espérons-le, inspireront des générations futures de scénaristes !
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