Pour ses quarante ans, Il était une fois… l’espace s’offre un retour au cinéma, et rappelle que l’une des meilleures séries de science-fiction made in France vieillit comme du bon vin.
Au XXXe siècle, l’Humanité a prospéré à travers l’espace, et avec de nombreuses races extra-terrestres a constitué la confédération Omega. Dirigé par la présidente Pierrette, ce conseil réunissant des ambassadeurs de chaque espèce (venus de la galaxie d’Andromède, ou de la constellation du Scorpion…), gère l’exploration spatiale et le maintien de la paix grâce à sa Police Spatiale. Cette dernière a fort à faire, puisque la république militaire de Cassiopée, sous les ordres du général Le Teigneux et de son âme damnée Le Nabot, fomente ouvertement ou plus clandestinement contre l’ordre établi. Heureusement, le lieutenant Pierrot et son équipière, la lieutenant Mercedes (surnommée Psi en raison de ses capacités psychiques), accompagnés de leur impertinent robot Métro, feront tout pour contrecarrer leurs plans !
La diffusion en 1978 de la série Il était une fois… l’homme avait valu au producteur Albert Barillé les louanges de la critique ainsi qu’un triomphe public. Pensez donc ! Ce dessin animé pédagogique permettait aux enfants de progresser en histoire, parcourant en 26 épisodes 4,5 milliards d’années, depuis la formation de la Terre jusqu’à l’ère contemporaine… et s’offrant même dans son dernier épisode une vision prospective du futur, s’inquiétant de la situation écologique comme de la prolifération des armes nucléaires. Grâce au succès de cette première série, Albert Barillé prolonge cette démarche et développe une série de science-fiction dans le prolongement d’Il était une fois… l’homme. Ainsi, Il était une fois… l’espace présente une société futuriste s’efforçant de ne pas répéter les erreurs de leurs ancêtres, prônant la non-violence, la résolution par le dialogue plutôt que le conflit, la parité (les femmes ont un rôle au moins aussi important que les hommes dans l’échelle hiérarchique comme dans l’intrigue) et surtout, l’importance de l’humain face à une technologie robotisée et automatisée.
Albert Barillé insiste également sur l’aspect éducationnel de sa série, et notamment son exactitude scientifique, dont le parcours à travers le système solaire du générique est un parfait exemple. Il s’accompagne d’un générique mémorable, les musiques jazzy étant à nouveau signées par Michel Legrand, alors que des artistes réputés dans le monde de la science-fiction, comme l’illustrateur Manchu, s’occupent du mecha-design. Est-ce parce que cette dimension pédagogique était dissimulée derrière une intrigue digne des plus grands auteurs classiques de science-fiction tels Isaac Asimov ou Arthur C. Clarke ? Parce que la confédération Omega rappelait la Fédération des Planètes Unies de Star Trek ? Ou encore parce que les Français jugeaient le space-opera comme un sous-genre depuis Star Wars ? Toujours est-il qu’Il était une fois… l’espace a peiné à trouver son public lors de sa diffusion, débutée le 2 octobre 1982 sur FR3. Cela n’empêchera pas Albert Barillé de donner une seconde chance à sa série en diffusant au cinéma en 1983 un remontage des six derniers épisodes en long métrage, La revanche des humanoïdes… qui revient dans nos salles, quarante ans plus tard, à partir du 12 octobre 2022 ! L’occasion de rappeler le degré d’exigence de ce titre mal-aimé, et d’autant plus oublié par le grand public en raison de l’aura du volet suivant, Il était une fois… la vie.
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