Il y a trente ans, un héros pas comme les autres apportait une bouffée d’air frais au space opera. Crétin total ou génie absolu ? Tylor reste en tout cas toujours aussi attachant !
Une menace de guerre intersidérale pèse sur le 71e siècle. L’UPSA (United Planets Space Army) recrute donc ses troupes. Parmi les mobilisés, Justy Ueki Tylor espère passer une carrière tranquille, bien planqué… mais tout bascule quand il accomplit l’exploit de sauver un amiral d’une prise d’otages. En récompense, il est promu commandant d’un navire spatial… mais pas n’importe lequel ! Le destroyer Soyokaze est une épave décrépite, géré par un équipage de brutes incontrôlables : aucun capitaine n’a tenu le poste plus de 72 heures d’affilée ! Malgré son attitude jemenfoutiste et totalement irresponsable, Tylor accumule les exploits face aux forces ennemies du Saint-Empire Ralgoon. L’état-major s’interroge alors : cette jeune recrue est-elle un stratège génial, ou un idiot particulièrement chanceux ?
Dans les années 60, le Japon se passionne pour les « crazy movies », comédies burlesques produites par Toho mettant en scène des membres du groupe de jazz Crazy Cats. Cette ambiance particulière a inspiré le romancier Hitoshi Yoshioka pour sa série de light novels Uchū Ichi no Musekinin Otoko (L’homme le plus irresponsable de l’espace) publiée entre 1989 et 1996. Quand Tatsunoko adapte cette intrigue en série animée, les scénaristes ajoutent de nombreux clins d’œil supplémentaire à la pop-culture nippone des années 60 comme les films de kajiu, mais aussi aux nouvelles références apparues avec l’animation japonaise (Macross, Albator…). Le script va encore plus loin que les romans quant à la personnalité du héros, insaisissable pour les spectateurs. Heureux crétin, ou génie incompris ? Les indices pour chaque hypothèse se multiplient, et empêchent de se faire un avis définitif. De même, l’utilisation de morceaux de musique classiques populaires renvoie aussi bien aux manœuvres épiques des Héros de la Galaxie qu’à l’humour frénétique des Looney Tunes !
Original sur la forme, Irresponsible Captain Tylor l’est aussi au niveau de sa production ! Contrairement aux habitudes, Tatsunoko a développé ses 26 épisodes sans le soutien financier d’une chaîne TV, et a fini de produire la série avant même sa diffusion. Par conséquent, avant que TV Tokyo ne programme le premier épisode le 25 janvier 1993, une campagne marketing sans précédent avait été mise en œuvre, avec K7 vidéo-teasing, vrai-faux journal, et standard téléphonique où joindre les comédien(ne)s de doublage ! Kôichi Mashimo (The weathering continent) retrouve avec plaisir le mix science-fiction/humour qu’il avait déjà développé sur Dominion Tank Police, avec en prime les compositions de Kenji Kawai pour soutenir le rythme du script. Suite au succès de la série, dix OAV seront mises en chantier dès 1994, Kôichi Mashimo laissant la main, après les deux premiers épisodes, à Naoyuki Yoshinaga (Patlabor la série). Depuis, la licence semblait être tombée dans l’oubli, si l’on excepte un spin-off en 2017, The irresponsible galaxy Tylor, dont l’action se situe deux millénaires plus tard. Totalement disparue des mémoires en France, la série mérite pourtant d’être redécouverte pour sa qualité qui n’a que peu vieilli ! Et si le revival de Trigun ouvrait une seconde jeunesse à ce joyau d’humour/SF ?
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