Était-ce trop tôt ? Paru il y a un quart de siècle au Japon, l’hilarant Cyborg Kuro-chan n’a pas su trouver son public en France à sa sortie… Retour sur un rendez-vous manqué.
Afin de se protéger des menaces de cambrioleurs, un couple de personnes âgées fait l’acquisition d’un chat noir, Kuro. Véritable teigne face aux voleurs, le félin craque pour une chienne du voisinage, Pooly. Manque de chance, alors qu’il lui avoue son amour, les deux animaux sont pris en embuscade et grièvement blessés. Kuro est alors capturé par le Dr Go, un savant fou, qui le transforme en cyborg aux capacités hors du commun, afin de renforcer les rangs de son escadron de robots-chats, « l’Armée Nyan-Nyan ». Heureusement, Kuro parvient à briser la puce le contrôlant et s’évade, non sans détruire le laboratoire du Dr Go au passage. Il retourne chez ses vieux maîtres à qui il dissimule ses nouveaux pouvoirs : la maîtrise du langage humain et un arsenal redoutable. De quoi affronter les plus grands des dangers…
Cyborg Kuro-chan fait partie de ces œuvres difficilement qualifiables, tant elle sort des sentiers battus, de manière préméditée… ou non. Quand, en septembre 1997, Naoki Yokouchi introduit ce chat-cyborg dans les pages du magazine pour enfants Comic Bonbon de l’éditeur Kôdansha, c’est pour un one-shot. Cependant, le succès auprès du lectorat est tel que le contrat est revu pour en faire une série au long cours, dont le premier volume relié sort le 6 février 1998. S’inspirant notamment de Kamen Rider, le mangaka n’hésite pas, malgré le jeune âge de son public, à offrir à ses personnages des backstories tragiques, voire traumatisantes. Le mélange des genres permet à Cyborg Kuro-chan de s’imposer durant onze volumes au Japon jusqu’en 2002. Dans la foulée, une adaptation animée est mise en chantier au studio Bogey. Prévue initialement pour durer 26 épisodes, elle est finalement prolongée à 78… mais, suite à la faillite du studio, n’en comptabilise que 66, diffusés entre octobre 1999 et janvier 2001.
Tout comme le destin, le mangaka joue aussi avec son œuvre au point d’en modifier les principes posés à l’origine. Ainsi, après avoir multiplié pendant quatre volumes des histoires courtes au rythme frénétique et à l’humour absurde, Yokouchi change de braquet au cinquième tome et propose une intrigue feuilletonnante, au ton plus mature et avec des scènes particulièrement violentes malgré le graphisme enfantin… avant de revenir à nouveau à une succession de gags. Adulée par le public, mais aussi par beaucoup de ses confrères, Cyborg Kuro-chan aura droit à une suite en deux volumes publiée sporadiquement entre 2002 et 2005, Extra battle. C’est à cette même période que le manga apparaît en France, via le magazine Shônen Collection de Pika Édition. Issu d’une revue pour enfants, le titre dénote au milieu des séries pour adolescents, et est rapidement boudé par le lectorat français, désarçonné face à cet humour typiquement japonais. L’éditeur poursuivra néanmoins jusqu’au bout la publication en volume relié de cet OVNI qui rappelait déjà, à l’époque, les différences notoires entre les exigences des publics français et japonais.
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