L’immense réalisateur Rintarô (Harlock, Galaxy Express 999, Metropolis) nous en avait parlé lors de notre entretien aux Utopiales : voici son nouveau court-métrage, produit par Masao Maruyama via Studio M2, GENCO, et Miyu Productions, dédié au mythique cinéaste japonais Sadao Yamanaka Pour ce projet, Rintarô fait appel à son ami Katsuhiro Otomo (Akira, Dômu) au chara-design. Le film sera projeté en avant-première mondiale au Festival international d’animation de Niigata. C’est une première pour ce festival qui réunira des talents tels que Mitsuo Iso, Rintarô, Sunao Katabuchi, Mamoru Nagano ou encore Mamoru Oshii.
@Sadao Yamanaka / NEZUMIKOZO JIROKICHI Film partners
Ce métrage de 25 minutes est une adaptation de Nezumikozo Jirokichi – chapitre d’Edo, un scénario original écrit par Sadao Yamanaka, réalisateur de génie, mort prématurément en 1938 à l’âge de 28 ans, très actif au début de l’histoire du cinéma japonais, au moment du passage du muet au parlant. Un premier visuel est dévoilé ce jour. On apprend aussi que l’actrice et seyû Mami Koyama (Aralé, Kei dans Akira ou encore Vermouth dans Conan) sera benshi (personne qui commentait les films muets).
Résumé
Alors que la ville d’Edo est plongée dans l’obscurité, un homme sort du grenier d’une maison. C’est le fameux Jirokichi, surnommé Nezumikozo/le Rat, un bandit vertueux qui dérobe les riches pour les distribuer au pauvre peuple. Orin, une marchande, mène une vie difficile avec son jeune enfant. En profitant de la détresse de cette pauvre femme, des yakuzas tentent de dévoiler la véritable identité de Nezumikozo/le Rat.
L’annonce est accompagnée d’un mot du réalisateur.
– Long long a go –
(Ndt : Un jeu de mot entre « long a go » en anglais et « long ago » en japonais qui signifie le menton long, qui faisait le charme particulier de Sadao Yamanaka.)
« Sadao Yamanaka, un réalisateur au long menton, à la barbe hirsute, une mini serviette enroulée autour de sa tête et chaussé de sommaires socques japonaises, est mort à l’âge de 28 ans, après avoir travaillé dans l’industrie du cinéma au moment du passage du muet au parlant. C’est pendant la réalisation de ma série Sabu et Ichi (adaptation de l’œuvre de Shotaro Ishinomori) que j’ai entendu son nom pour la première fois.
Comme il s’agissait de la toute première série d’animation historique, c’est Sadatsugu Matsuda, un réalisateur très actif depuis l’époque du muet, qui a supervisé l’enregistrement des voix et qui m’a dit combien Sadao Yamanaka était pour lui un génie. Pendant des années, je n’ai pas eu l’occasion de voir les films de Yamanaka, mais un jour, j’ai enfin découvert son Ninjo Kamifusen/Pauvres humains et ballons de papier au célèbre cinéma d’art et essai Namiki-za, situé au sous-sol d’un petit immeuble dans le quartier de Ginza à Tokyo. C’est un film mélancolique et tragique qui marque l’esprit des spectateurs. Encore aujourd’hui, je me souviens d’avoir quitté le cinéma, bouleversé par la scène finale dans laquelle un ballon de papier s’éloigne lentement au-dessus du petit canal d’une ruelle, dans une lumière pâle. Cette scène symbolisait parfaitement le caractère éphémère de notre monde tel qu’il était décrit dans le film.
Plus tard, grâce aux VHS et aux DVD, j’ai découvert Tange Sazen yowa : Hyakuman-ryo no tsubo/Le pot d’un million de ryo et Kouchiyama Soshun. J’ai vraiment été épaté, dans le 1er film, par l’habileté de Yamanaka à faire preuve de concision avec légèreté, élégance et modernité. Quant au second, il m’a complètement séduit par sa mise en scène novatrice et par sa présentation extrêmement contemporaine des personnages.
Un peu plus tard, j’ai appris que Yamanaka avait fait des dessins dans les coins
des pages de ses livres pour faire des flipbook (donc de l’animation !) et qu’il avait même réalisé des caricatures. Depuis, j’admire encore plus cet homme qu’on appelait affectueusement « long long ago (menton) ».
Mon équipe et moi avons voulu lui rendre hommage à travers ce petit court-métrage d’animation en adaptant son scénario Nezumikozo Jirokichi – chapitre d’Edo. Sur le champ de bataille où il avait été envoyé pendant la Guerre, il a écrit dans son journal intime: “Je serais un tout petit peu triste si Pauvres humains et ballons de papier était ma dernière œuvre.” Si je peux lui offrir ce petit film, je serai alors “un tout petit peu content”. »
Rintaro
Source : Shoko Takahashi et Rintarô pour AnimeLand
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.