Poids lourd du show business nippon, il a régné sur les boys bands… y compris ceux qui ont chanté les génériques de vos séries préférées. Retour sur un producteur polémique, même après sa mort.
En 1952, après sept ans de tutelle post-seconde guerre mondiale, les États-Unis rendent son indépendance au Japon. Né en 1931 à Los Angeles, Hiromu Kitagawa, surnommé Johnny, souhaite saisir cette occasion pour travailler à l’ambassade américaine. Dans le parc de Yoyogi, il tombe sur un groupe de jeunes garçons jouant au baseball. Il leur propose de monter un groupe dont il sera le manager : les Johnnys deviennent en 1962 le premier boys band nippon ! L’homme d’affaires reproduira pendant plusieurs décennies cette recette : après avoir repéré sur audition des garçons de 8 à 10 ans, les Johnny’s Junior, ceux-ci vivent dans un dortoir de l’agence Johnny & Associates, et alternent entre cours dans une école (également tenue par l’agence) et leçons de danse et de chant, jusqu’à former un groupe.
Parmi les formations produites par Johnny Kitagawa, Hikaru Genji s’impose à la fin des années 1980, au point de chanter en 1993 le générique d’ouverture de Nintama Rantarô, véritable institution au Japon toujours en cours aujourd’hui après plus de 2000 épisodes. Anciens danseurs de réserve pour ce groupe, SMAP devient un phénomène de société durant les années 1990 et 2000, chacun de ses membres étant adulé par les Japonaises – notamment Takuya Kimura. Le groupe coïncide tant avec les attentes du public féminin qu’il interprète les génériques de Hime-chan no Ribbon en 1992, ainsi que l’opening optimiste d’Akazukin Chacha deux ans plus tard. Quant à Arashi, boys band le plus lucratif d’Asie, il interprète l’opening de Kochikame en 2002. On retrouve pléthore de groupe de Johnny & Associates en tie-up avec des anime shônen, comme Tackey & Tsubasa et V6 qui signent des génériques pour Inu Yasha et pour One Piece !
En 2011, Kitagawa est lauréat de deux records du monde : le plus grand nombre de singles n°1 dans les charts et le plus grand nombre de concerts jamais produits. Mais derrière les paillettes grandit une part d’ombre. Dès 1988, surgissent des allégations d’attouchements et d’abus sexuels sur les (très) jeunes poulains de son écurie, et leur accès au tabac et à l’alcool alors qu’ils sont mineurs. Elles prennent une tournure officielle avec la parution d’un article à charge dans un hebdomadaire, en 1999, repris par toute la presse, au point d’interpeller un député. Si Kitagawa remporte son procès pour diffamation sur le tabac et l’alcool, il est débouté sur les accusations d’abus sexuels. Quatre ans après son décès, en juillet 2019, ces accusations le rattrapent suite à un documentaire de la BBC en mars, et une conférence de presse en avril de Kauan Okamoto, 26 ans, qui a affirmé avoir été abusé par Kitagawa une quinzaine de fois entre 2012 et 2016. Il n’en fallait pas plus pour qu’une pétition, signée à l’heure actuelle par 16 000 personnes, exige que la lumière soit faite sur cette sombre affaire. En attendant, SixTONES interprète le générique de The Millionaire Detective Balance et perpétue la tradition…
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