Pépite longtemps ignorée du public français, Escale à Yokohama a connu, il y a vingt-cinq ans, une adaptation animée que l’on espère désormais voir arriver dans notre pays…
De Yokohama, il ne reste rien. La ville côtière a été inondée par la montée des eaux qui a suivi un cataclysme à grande échelle. Depuis cette catastrophe, le climat a changé, avec des saisons plus douces, hiver comme été. Et surtout, la population humaine a radicalement diminué. Les survivants coulent désormais des jours paisibles dans ce nouveau monde post-apocalyptique. Ils y côtoient également des robots, comme Alpha Hatsuseno, qui tient le café Alpha. C’est là qu’elle attend le retour de son propriétaire, un humain parti pour un voyage d’une durée indéterminée, entre les visites de rares clients et le passage des voisins…
Apparu à la fin des années 1970, le genre iyashikei a connu la notoriété durant la seconde moitié des années 90, suite à l’attentat au gaz sarin. Les œuvres iyashikei cherchent en effet à faire du bien au lecteur, à lui apporter un réconfort proche du soin. Pour cela, elles se focalisent moins sur l’action ou les personnages que sur l’ambiance et l’atmosphère reposantes. C’est le cas d’Escale à Yokohama, manga de Hitoshi Ashinano publié dans le magazine Afternoon entre juin 1994 et février 2006, disponible en français aux éditions Meian. Tout au long de ses quatorze volumes, la gentillesse et la candeur d’Alpha remontent le moral du lecteur, qui se relaxe également à la lecture de certains épisodes où il ne se passe rien d’autre qu’une promenade dans la nature, ou l’observation du ciel, sans le moindre dialogue. Tranche de vie après tranche de vie, affleurent peu à peu quelques informations sur le cataclysme passé, finalement moins important que l’instant présent, aussi futile et léger soit-il.
Après Twilight Q (1987) et Spirit of wonder (1992), le studio Aija-dô s’attaque à une autre œuvre de science-fiction sortant des sentiers battus en adaptant Escale à Yokohama. Le 21 mai 1998, c’est donc sur le même support, à savoir l’OAV, que sort l’anime, le marché vidéo privilégiant une clientèle plus propice à l’expérimentation. Takashi Annô (Vanessa et la magie des rêves bleus, Emi magique, Juliette je t’aime…) reproduit dans sa mise en scène le rythme paisible du manga, avec une économie de dialogues privilégiant les guitares acoustiques du duo Gontiti à la musique. Quant au chara-design, Atsushi Yamagata a su restituer la rondeur du trait d’Ashinano, ainsi que les teintes pastel de ses illustrations en couleur. Découpée en deux épisodes de 26 minutes (le second sort en décembre 1998), cette OAV obtient une suite en 2002, probablement suite au prix Seiun remporté par le manga. Si le studio et les comédiennes de doublage restent les mêmes, tout le reste de l’équipe change pour Quiet country cafe, avec Tomomi Mochizuki (Max & Compagnie, Je peux entendre l’océan…) à la réalisation et Masayuki Sekine (qu’on retrouvera sur Zettai Shônen) au chara-design. Plus vifs et colorés, ces deux épisodes revigorent le spectateur, une autre manière d’aborder l’ishiyakei. Vingt-cinq et vingt ans plus tard, on espère désormais une compilation de ces quatre épisodes afin de les comparer, mais surtout de se remonter le moral alors que la situation écologique actuelle est on ne peut plus menaçante…
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