Puisqu’elle réintègre le catalogue des éditions Kana, AnimeLand revient sur le parcours d’une mangaka bouleversante… qui a bien failli ne jamais faire ce métier !
Alors que le marché éditorial du manga est en pleine croissance dans les années 70, les parents de Fumiyo Kôno s’avèrent réticents à ce nouveau divertissement. Leur fille née le 28 septembre 1968 grandit donc dans un foyer où ces bandes dessinées sont purement et simplement proscrites. La collégienne de Hiroshima peut heureusement compter sur ses amies pour lui prêter leurs ouvrages, et découvre ainsi des auteurs tels qu’Osamu Tezuka ou Fujiko Fujio. Passionnée par ce média, elle compense l’absence de mangas au domicile familial en dessinant ses propres histoires au dos de tracts publicitaires déposés dans la boîte à lettres. Quelques années plus tard, elle découvre les travaux de Sanpei Shirato et Yu Takita, pionnier du watakushi manga, qui la motivent à franchir le cap. Fumio Kôno abandonne alors ses études scientifiques à Hiroshima pour monter à Tokyo où elle assiste un camarade de fac, Katsuyuki Toda, tout en gagnant sa croûte dans une boutique de fleurs.
Ce job alimentaire lui ouvre paradoxalement les portes de l’édition puisque son premier manga publié en professionnelle en 1995, Les fleuristes du coin de la rue initie sa relation professionnelle avec l’éditeur Futabasha ! Sans abandonner son poste d’assistante auprès de diverses autrices, elle continue dans la comédie avec Pippira Note en 1999, histoire d’amitié entre une jeune femme et un oiseau, et son miroir Koko en 1999, qui met en relation une fillette et un coq. Est-ce dû à son diplôme en humanité obtenu à 33 ans dans l’établissement à distance « Université de l’Air » ? Toujours est-il que Fumiyo Kôno opère un virage à partir de 2011 dans ses œuvres, qui s’intéressent plus à la sensibilité de ses personnages. À commencer par Une longue route, qui suit le quotidien d’un couple au travers de courts chapitres (4 pages). S’ensuivra Le pays des cerisiers en 2003, qui se focalise sur cette question : comment vivre sur les ruines d’une ville en reconstruction, à savoir Hiroshima en 1947 ?
Pour Sanpei, en 2006, se focalise sur un senior, veuf, hébergé par sa belle-famille. À travers des tranches de vie faussement légères le manga aborde des thèmes rudes tels que le deuil ou l’approche de la mort. Ce qui permet à la mangaka, l’année suivante, d’enfin aborder la catastrophe qu’a connue sa ville natale, Hiroshima, dans Dans un recoin de ce monde. Ce titre, adapté en long métrage par Sunao Katabuchi, marque la fin de sa collaboration avec Futabasha, alors que l’autrice explore de nouvelles voies : elle dessine le premier tome du Kojiki, plus vieux livre nippon, en manga dessiné au stylo à bille en 2011 ; propose l’année suivante un essai dessiné sur le séisme du Tohoku ; ou reprend des poèmes du Ogura hyakunin isshu en illustrations pleine page. En récupérant les droits de ses titres parus chez Futabasha, elle supervise leur réédition et y ajoute de nombreuses améliorations. Améliorations dont vont bénéficier les deux premiers titres à réintégrer le catalogue Kana, à savoir Les fleuristes du coin de la rue et Le pays des cerisiers, qui permettront à un nouveau lectorat de découvrir l’œuvre humaniste de Fumiyo Kôno !
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