#TBT : Le pays des cerisiers

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Double actualité pour Le pays des cerisiers ! Longtemps introuvable, le manga de Fumiyo Kôno, qui souffle ses vingt bougies, vient d’être réédité en version enrichie par Kana !

Hiroshima, 1955. Âgée de 23 ans, Minami Hirano vit avec sa mère, Fujimi. Si elle a survécu à la bombe atomique dix ans plus tôt, celle-ci a coûté la vie à son père et ses deux sœurs. Quant au petit dernier, Asahi, il a été évacué dans la ville de Mito, sur la côte Est du Japon. Grâce au travail de couturière de Fujimi, et à son poste d’employée de bureau, mère et fille économisent chaque jour afin de payer le voyage pour lui rendre visite. Mais le métier de Fujimi n’apporte pas que de l’argent ! Il lui a permis de rencontrer un charmant collègue, Yutaka Uchikoshi, dont les avances ne la laissent pas insensible. Mais comment se laisser aller à l’amour quand les visions d’horreur remontent à la surface ? Outre ce stress post-traumatique, Minami découvre également les effets à long terme de la contamination radioactive qui la condamne…

Passée cette première histoire, La ville du matin calme, le lecteur se retrouve projeté dans le temps pour enfin découvrir Le pays des cerisiers. Débutant en 1987, l’histoire introduit la fille d’Asahi, Nanami, garçon manqué qui sympathise avec une fillette de son âge bien plus féminine, Toko. Elle se conclut environ vingt ans plus tard, en 2004, alors que Nanami retrouve Toko par hasard. Cette dernière partie fermera la boucle avec la première histoire, en présentant au lecteur le cadre du Mémorial de la Paix de Hiroshima. Grâce à cette structure en plusieurs épisodes, qui suit les membres d’une même lignée à travers diverses époques, Fumiyo Kôno a trouvé la solution au problème qui la taraudait. La mangaka avait en effet envisagé, dans un premier temps, de refuser la proposition de son éditeur de développer une histoire autour de Hiroshima. Bien qu’elle y soit née, aucun membre de la famille de la mangaka n’a en effet connu la guerre (et par conséquent survécu à la bombe). Cependant, « essayer d’esquiver consciemment le sujet aurait été anormal et irresponsable de ma part », expliquera-t-elle.

Publié entre septembre 2003 et juillet 2004 dans les pages de l’hebdomadaire seinen de Futabasha Manga Action, Le pays des cerisiers permet également à Fumiyo Kôno d’aborder un registre dramatique jusqu’ici inédit dans sa production. La mangaka a donc appris sur la forme autant que sur le fond (en amassant la documentation sur un événement qu’elle n’avait jusqu’ici considéré qu’avec distance) en créant ce titre. Ces informations, elle les partage dans un cahier bonus contenant croquis et photos d’archives, qui vient compléter l’œuvre originale dans la réédition proposée par les éditions Kana depuis le 23 août dernier. En effet, Le pays des cerisiers était introuvable depuis plusieurs années. Et d’apprécier comment l’expérience a permis à Fumiyo Kôno de développer quatre ans plus tard Dans un recoin de ce monde, qui inspirera le somptueux film d’animation de Sunao Katabuchi.

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon