Manga culte au Japon, il a été un des premiers titres adaptés sur le petit écran… il y a soixante ans. Retour sur Tetsujin 28-gô, institution nippone trop méconnue sous nos latitudes.
Afin de faire pencher la balance en faveur du Japon durant la seconde guerre mondiale, le professeur Kaneda développe des robots géants. Hélas, ses expériences sont réduites à néant par les bombardements américains. Pourtant, dix ans après la fin du conflit, des malfaiteurs s’introduisent dans son laboratoire enseveli, et font main basse sur deux échantillons, les n°26 et 27. Le fils du professeur Kaneda, Shotaro, finit par découvrir que la pègre souhaite obtenir le n°28, le plus évolué et puissant de toutes les tentatives de son père. Avec l’aide d’un ancien collègue de ce dernier, le professeur Shikishima, Shotaro parvient à le trouver en premier. Grâce à Tetsujin 28, le jeune garçon luttera pour préserver la paix !
Au milieu des années 50, les plaies de la guerre sont pansées, et les baby-boomers ont besoin de distraction. Âgé de 22 ans, Mitsuteru Yokoyama hésite depuis longtemps entre un « vrai travail » rémunérateur et la profession de mangaka qui l’attire plus que tout. Agent publicitaire pour une société de production cinématographique le jour, il travaille donc sur Tetsujin 28-gô durant son temps libre. Trois éléments le guident dans la création de son manga : le souvenir de la puissance de destruction des bombardiers américains, les légendes autour des armes secrètes qu’aurait développé l’armée nazie, et le film Frankenstein, qui rappelle ce n’est pas la création qui est bonne ou mauvaise. Dès sa parution dans le magazine Shônen en juillet 1956, le succès est au rendez-vous, à tel point que Yokoyama pourra plaquer son job, et s’installer à Tokyo comme mangaka. Suite au phénomène Astro, le petit robot, première série animée hebdomadaire de l’histoire lancée sur NHK en janvier 1963, Fuji TV décide de l’adapter également.
C’est donc le 20 octobre 1963 que débute la diffusion de Tetsujin 28-gô, pionnier des robots géants. Prévue pour durer à l’origine 83 épisodes, elle sera prolongée de 14 épisodes supplémentaires. Fruit de son époque, c’est via une télécommande que Shotaro pilote son robot, décliné en jouets qui s’arrachent comme des petits pains – il faudra attendre Mazinger pour que le héros pilote sa machine de l’intérieur. Parmi les gosses fascinés par la série, un certain Katsuhiro Otomo en reprendra des éléments pour créer Akira : le nom du héros Shotaro Kaneda, Tetsujin devenant Tetsuo, qui deviendra le sujet d’expérimentation 28… Œuvre culte au Japon (une statue du robot géant a été érigée à Kobe, ville natale de Yokoyama), Tetsujin 28-gô reste pourtant inédite en France… mais, paradoxalement, pas aux USA, où elle a été diffusée sous le titre Gigantor. Pourtant, de nombreux remakes l’avaient remise au goût du jour : 1980, 1992, 2004… L’erreur sera-t-elle réparée à l’occasion de ce soixantième anniversaire ?
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