Grande année pour Naoko Yamada ! La réalisatrice, qui s’apprête à souffler ses 40 bougies, est en compétition à Annecy avec un long métrage original. Enfin un trophée pour une carrière déjà bien riche ?
À bien y réfléchir, tout semblait mener Naoko Yamada au cinéma d’animation. La petite fille de Kyôto recopiait les séries animées qu’elle regardait à la télévision, notamment Patlabor et Dragon Ball. Plus tard, l’adolescente n’hésitera pas à se coucher très tard pour profiter des longs métrages diffusés en deuxième partie de soirée. Si, au collège et au lycée, elle délaisse le dessin pour le sport (volley et tennis), sa passion pour l’image reste intacte puisqu’elle rejoint le club de photographie. Mais le naturel revient au galop quand elle intègre l’université d’art et de design de Kyôto en section peinture à l’huile… où elle participe également au club d’effets spéciaux, avec notamment des ajouts sur la pellicule à la manière d’Ultraman. Malgré son souhait d’intégrer le cinéma live, elle postule chez Kyoto Animation après avoir vu un spot publicitaire pour le studio.
Elle y fait ses premières armes en tant qu’intervalliste sur Inu Yasha, avant de devenir animatrice-clé sur des séries telles qu’Air, Kanon ou La Mélancolie de Haruhi Suzumiya. Après avoir dirigé un épisode de Clannad en 2008, Naoko Yamada réalise sa première série avec K-ON ! en 2009, à tout juste 25 ans. On y distingue déjà les principaux éléments de son style : un goût pour les personnages féminins crédibles et sensibles, l’importance de la musique, et des cadrages au niveau des jambes et des pieds qui retranscrivent l’état d’esprit des personnages. S’ensuivent la saison 2 de K-ON ! en 2010 et Tamako Market en 2013, ces deux séries se retrouvant transposées sur grand écran, ce qui offre de nouvelles expériences à Naoko Yamada. Tout en travaillant sur Sound Euphonium en 2015 et 2016, elle réalise donc l’adaptation en long métrage du manga A silent voice. Ce titre résonne avec le reste de sa filmographie principalement axée sur les difficultés de communication à l’adolescence, thématique qu’on retrouve dans Liz et l’oiseau bleu, un des trois films tirés de Sound Euphonium.
Avec A silent voice et Liz et l’oiseau bleu, Naoko Yamada s’impose comme une réalisatrice à part entière, au point de se retrouver en compétition dans certains festivals d’animation, comme Annecy. Cette démarche auteurisante prend sa dimension quand elle change de studio pour intégrer Science Saru, une transition annoncée quelques mois seulement après l’incendie criminel qui ravage Kyoto Animation en 2019. Elle y dirige la série historique The Heike story, mais y conçoit surtout Garden of Remembrance, court métrage musical fusionnant ses marottes (musique, donc, mais également héroïnes juvéniles et difficulté à communiquer), présenté en grande pompe à Annecy. C’est à nouveau dans ce festival que Yamada dévoile son premier long métrage chez Science Saru, The Colors Within. Un film attendu de pied ferme par les fans d’animation japonaise… mais pas uniquement, la réalisatrice ayant su se faire un nom sur la scène internationale. Sera-t-il couronné d’un Cristal ? Ce serait un joli cadeau peu avant les 40 ans de la réalisatrice (le 28 novembre), et un nouveau jalon dans sa carrière !
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.