Alors que le début des années 2000 initiait un flux inédit de séries animées en France grâce au DVD, Kurau Phantom Memory est restée étonnamment inédite. Jusqu’à aujourd’hui !
En 2100, le professeur Amami travaille sur une énergie renouvelable. Puisqu’une expérience cruciale sur l’énergie Rynax tombe le même jour que l’anniversaire de sa fille Kurau, il l’emmène avec lui dans son laboratoire lunaire. Patatras ! L’expérience tourne mal, et deux particules lumineuses jaillissent de la machine avant d’être absorbées par le corps de la fillette de 12 ans… qui disparaît aussitôt ! Les Rynax sont en effet une forme de vie, et pas d’énergie, et l’un d’entre eux a pris possession du corps de Kurau. Quand elle réapparaît, elle possède des super-pouvoirs qui fascinent les scientifiques. Dix ans plus tard, la jeune femme devenue agent spécial, voit l’autre Rynax au sein de son organisme s’éveiller à son tour, et s’incarner… dans le corps d’une fillette de 12 ans, que Kurau appelle Christmas. Proches comme deux sœurs, Kurau et Christmas deviennent la cible de la police, la GPO…
Fondé fin 1998, Bones s’est fait remarquer avec ses créations originales apportant un souffle d’air frais dans l’animation japonaise, de Hiwou War Chonicles à RahXephon en passant par Wolf’s Rain. Fidèle à sa ligne éditoriale, le studio propose donc avec Kurau Phantom Memory une œuvre inclassable. Son intrigue oscille ainsi entre science-fiction et polar (une traque digne de Monster ou du Fugitif), laisse la part belle à l’action sans pour autant négliger la relation humaine très forte qui lie Kurau à Christmas, et met en avant une héroïne chargée de super-pouvoirs mais empreinte d’une nostalgie qui frôle la déprime. À la manière de Wolf’s Rain, tout un univers se développe épisode après épisode, notamment grâce à des personnages secondaires qui prennent une importance croissante. Ce travail d’équilibriste est pourtant confié à un réalisateur débutant ! Animateur talentueux, Yasuhiro Irie n’avait jusqu’ici dirigé que des épisodes de RahXephon ou Alien9, et se retrouve pour la première fois en charge d’une série – il récidivera cinq ans plus tard avec Full Metal Alchemist : Brotherhood.
Autour d’Irie, d’autres talents se frottent pour la première fois à l’animation sur la production de Kurau Phantom Memory. C’est le cas de la character designer Tomomi Ozaki, issue du jeu vidéo, ou de la musicienne Yukari Tatsuki qui, avec son groupe S.E.N.S. Project, signera ensuite la bande originale de xxxHolic. À sa diffusion le 24 juin 2004, le premier épisode de Kurau Phantom Memory déstabilise les fans d’animation par son originalité folle. Hélas, un rythme pas toujours maîtrisé, et une impression de répétition (le schéma narratif « les héroïnes découvrent un problème, le résolvent, doivent fuir le GPO pour un nouveau lieu… et un nouveau problème) finissent par nuire à l’ensemble. Et freiner les importateurs étrangers, plus enclins à fournir à leur public des titres correspondant à leurs goûts calibrés. De par ses qualités et sa volonté d’innover, la série a très peu vieilli ; pourtant, malgré l’évolution du marché, aucun éditeur ou service de VOD ne l’a encore proposé aux Français. Et si ce vingtième anniversaire en offrait enfin l’occasion ?
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