#TBT : Cybersix

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Le 21e siècle est celui de la mondialisation. En 1999, Cybersix en était un parfait prescripteur, le titre étant produit en coproduction entre trois continents.

Dormez en paix, citoyens de Meridiana ! Quand la nuit tombe sur cette sombre mégalopole et que les Clones-X, créatures de l’immonde docteur Von Reichter, vous menacent, Cybersix est là pour vous protéger. Accompagnée de sa panthère bioroïde noire Data-7, la femme artificielle, elle-même issue du laboratoire du même savant fou, a surtout besoin de leur liquide rachidien pour survivre. Le jour venu, elle prend l’apparence d’Adrian Seidelman, professeur de littérature, et bénéficie de l’aide de son collègue Lucas Amato, qui enseigne les sciences. Ses connaissances ne seront pas de trop pour l’aider dans son combat permanent contre Von Reichter et son fils cloné José, bien décidé à prendre le contrôle de Meridiana…

À partir des années 1970, Carlos Trillo s’impose comme un scénariste de premier plan en Argentine, où il collabore avec des dessinateurs prestigieux tels qu’Alberto Breccia, Domingo Mandrafina ou encore Juan Gimenez. En 1987, il s’associe avec Carlos Meglia, dessinateur passé par l’animation aux studios Hanna-Barbera, pour une première série, Irish Coffee. Mais c’est en 1991, avec Cybersix, que la paire atteint un succès qui dépasse les frontières argentines. La bande dessinée au scénario sombre et équivoque, sublimé par un dessin en noir et blanc souple, élégant, et tout en contrastes, se retrouve ainsi traduite dès 1994 en français aux éditions Glénat. Son impact est tel que la société canadienne Network of Animation décide d’en produire l’adaptation, en confiant l’animation au studio japonais TMS. L’engouement pour le projet se répercute sur le budget : pas moins de 360 000 $ sont investis dans chaque épisode !

Prévue pour être diffusée sur Teletoon (au Canada), Kids Station (au Japon) et Telefe (en Argentine), la série animée doit édulcorer tout le contenu sensible et adulte du support originel. À tel point qu’il n’en reste qu’une série d’affrontements manichéens, là où la BD jouait notamment sur l’ambiguïté de Cybersix, femme travestie en homme, conçue comme vilaine devenue justicière. Diffusée à partir du 6 septembre 1999, la série ne compte que 13 épisodes, et ne connaîtra jamais de saison 2 ni de fin, suite aux conflits de production. Dommage, tant sa réalisation est brillante ! Supervisée par Toshihiko Masuda (directeur de l’animation sur Little Nemo), elle réunit trois collaborateurs réguliers de Hayao Miyazaki : Nobuo Tomizawa, Hiroyuki Aoyama et la grande Atsuko Tanaka. Vingt-cinq ans plus tard, Cybersix impressionne toujours autant par sa qualité et sa modernité. Au point d’avoir certainement influencé James Cameron pour sa série Dark Angel, qui multiplie les similarités. Aujourd’hui, l’ambiguïté est encore de mise : on souhaiterait un reboot qui irait jusqu’au bout de l’intrigue et respecterait toute sa richesse. Mais parviendrait-on à un tel niveau de qualité technique et artistique ?

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon