Personnalité de la semaine : Nobuyo Ôyama

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Dès son plus jeune âge, la voix de Nobuyo Ôyama ne passait pas inaperçue. Auprès de sa mère, qui subissait le bavardage constant de sa fille née en 1933. Mais également auprès des parents d’élèves, stupéfaits en l’entendant durant la cérémonie d’entrée à l’école maternelle. Durant le primaire, Nobuyo se rend compte du visage interloqué des enseignants quand elle hausse la voix dans la cour. Mais c’est au collège, suite à une remarque d’un camarade, qu’elle réalise avoir une voix à part… ce qui l’amènera à subir des brimades et du harcèlement. Sa mère lui conseille alors de faire de cette particularité une force, et l’adolescente intègre le club radio de son établissement, où elle s’amuse à enregistrer ses propres dramas, avant de rejoindre le club de théâtre.

Au décès de sa mère, l’adolescente décide de se lancer dans une carrière artistique, malgré le refus de son père. Elle quitte alors le domicile familial et survit, bon gré mal gré, grâce à des petits boulots et au soutien financier de son grand frère. En 1956, à 23 ans, elle obtient un petit rôle dans un drama de la NHK. Son enthousiasme lui ouvre les portes de nombreuses séries, souvent humoristiques. C’est alors qu’un de ses camarades lui suggère de se tourner vers le doublage, avec sa voix si spéciale idéale pour interpréter de jeunes garçons. Elle y fait ses premiers pas en 1957 avec Lassie, et finit par obtenir un rôle principal dans Hustle Punch huit ans plus tard. Les animaux lui portent chance : en 1979, elle est retenue pour incarner Doraemon, le chat-robot venu du futur. Elle lui prêtera sa  voix pendant vingt-six ans, jusqu’en 2005, pour le bonheur de plusieurs générations de Japonais ! Grâce à cette notoriété, Nobuyo Ôyama dévoile plusieurs autres facettes de sa personnalité, notamment son affection pour la cuisine – elle sortira plus de vingt livres de recette !

Elle est également férue de jeux en tout genre. Adversaire redoutable au mah-jong, elle impressionne également par ses performances sur Arkanoïd, égalant les plus hauts scores au monde ! On comprend donc que l’industrie du jeu vidéo lui ait ouvert ses portes. C’est à nouveau via un animal totémique, la mascotte Monokuma de la série Danganropa, qu’elle se fait connaître des gamers à travers le monde entier. Hélas, la maladie rattrape Nobuyo Ôyama. En 2012, on lui diagnostique la maladie d’Alzheimer, qui la ronge peu à peu. Trois ans plus tard, son mari, le comédien Keisuke Sagawa, révèle publiquement sa pathologie. Quand son amie Tetsuko Kuroyanagi aborde peu après le sujet dans son émission phare quotidienne, Oyama, au téléphone, s’étonne qu’on fasse tant de bruit autour de sa condition ! Suite au décès de son mari en 2017, Oyama est placée en maison de soins, où elle se fait remarquer par son entrain. Mais, à 90 ans, elle pousse son dernier soupir le 29 septembre 2024. Le lendemain de l’annonce de son décès, le 12 octobre, l’épisode de Doraemon lui rend hommage : sans elle, le chat-robot aurait-il eu un tel impact au Japon ?

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon