Il y a des titres qui s’effacent peu à peu des mémoires mais qui font remonter le sourire aux lèvres quand on recroise leur route. Gate Keepers en fait partie, toujours aussi amusant vingt-cinq ans plus tard.
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, des extraterrestres s’infiltrent dans la population japonaise en prenant possession de certains corps. L’organisation AEGIS (Alien Exterminating Global Intercept System) lutte secrètement contre ces envahisseurs grâce aux Gate Keepers, des individus capables d’ouvrir des portails vers d’autres espace-temps : ils y puisent l’énergie et les super-pouvoirs indispensables pour nuire aux envahisseurs. À Tokyo, dans le lycée Tategami qui sert de couverture à AEGIS, Rukiko Ikusawa, une des 21 Gate Keepers, réalise que son ami Shun Ukiya présente lui aussi des pouvoirs extraordinaires. Cette année 1969 marquerait-elle un tournant dans la lutte contre les aliens ?
Les années 1990 marquent un tournant dans la production pop-culturelle au Japon avec l’épanouissement du mediamix, ou le développement prémédité d’une même licence sur plusieurs supports. Ainsi, le 19 décembre 1999, sort au Japon le jeu vidéo Gate Keepers sur Playstation, bientôt suivi par une déclinaison en manga puis en anime. Cette dernière est confiée à un tout jeune studio, Gonzo, fondé quelques mois plus tôt. On retiendra d’ailleurs que son réalisateur, Koichi Chigira, deviendra une figure de proue du studio, où il mettra ensuite en scène des œuvres mémorables telles que Last Exile ou Brave Story. Autour de lui, on retrouve au chara-design Keiji Gotô (Ceux qui chassent des elfes) ainsi que Mahiro Maeda (futur réalisateur de Gankutsuou) au mecha-design. Mais, pour l’instant, les ambitions artistiques restent modestes, à l’image de la série qui fonctionne sur la mécanique d’épisodes bouclés, avec un adversaire différent chaque semaine.
Ce qui n’empêche pas Gate Keepers de se distinguer grâce à son ton néo-rétro : robot géant et hélicoptère transformable côtoient la technologie vintage de l’ère Showa, téléviseurs noir et blanc et téléphones à cadran ! Avec son script léger et son fan-service bon enfant, on pourrait reprocher à Gate Keepers de ne pas approfondir son sujet – peut-être faut-il y voir une volonté de se rapprocher de l’ambiance des anime des années 1960-70 ? Le cocktail d’action et d’humour sans prise de tête ravit les Japonais, au point qu’une suite, Gate Keepers 21, verra le jour en 2002, au format OAV cette fois. C’est d’ailleurs par ce biais du direct-to-video que Gate Keepers arrive en France en 2003 chez Kazé : la série sera la première que l’éditeur propose sur support DVD. Il faudra ensuite attendre 2006 pour une première diffusion TV sur Mangas… puis, petit à petit, les 26 épisodes semblent avoir disparu de la mémoire collective des animefans français. Un oubli regrettable car, si Gate Keepers ne révolutionne pas le genre, le titre propose suffisamment de bonnes idées pour rester aujourd’hui encore un agréable divertissement.
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