Responsable des rubriques What’s up Doc ? et Péritel, Olivier FALLAIX est l’encyclopédie de l’animation nippone de la rédaction. Capable d’énumérer le staff des séries japonaises sans prendre sa respiration, amateur de calembours, il a aussi son mot à dire sur le choix des couvertures du magazine. A l’aide de sa petite souris agile, il sait comme personne créer des visuels étonnants.
? Parle nous un peu de ton parcours avant ton arrivé à AnimeLand.
! J’ai débuté professionnellement en 1989 en animant une émission sur une radio pour enfants, Superloustic. Je me suis lancé dans cette aventure un peu par hasard… En fait, je ne comptais pas faire de radio, mais j’étais par contre un grand amateur de dessins animés. Lorsque j’ai découvert Superloustic, je suis allé les voir pour leur proposer mes services : ils étaient les seuls à diffuser des génériques de dessin animés et j’en possédais d’ailleurs qu’ils n’avaient pas. De plus, j’achetais des BO japonaises de dessins animés. Bref, la mayonnaise a vite pris.
? Même aujourd’hui, on a du mal à croire qu’une radio puisse diffuser des génériques de dessin animé japonais !
! Oui, c’était totalement atypique ! A l’époque, je faisais parti des rares personnes à avoir ce genre de CD. Je les achetais à Junku au prix de 320 francs pièce (50 euros) ! Heureusement, un ami avait fait le voyage jusqu’au Japon et il me donnait aussi des informations sur l’actualité ou me faisait parvenir des produits…
? Alors, comment es-tu passé de Superloustic à AnimeLand ?
! Eh bien, grâce à mon émission, j’ai fait la connaissance d’Yvan WEST LAURENCE et des premiers rédacteurs d’AnimeLand. Ils sont venus me demander de m’occuper de la rubrique audio dans le fanzine. J’ai d’ailleurs débuté dès le numéro 1, avec une chronique d’un CD de City Hunter, mais c’est à partir du n°10 que j’ai écrit plus régulièrement. J’ai aussi appris à maquetter mes articles et j’ai pris en charge What’s up doc ? dès le n°13.
? Tu as supervisé d’autres choses que What’s up doc par la suite ?
! Les fiches techniques, les « portraits de voix », mais aussi les couvertures du magazine en faisant des tests et des propositions. Et puis What’s up doc et Péritel devenues depuis des pages clés pour découvrir l’actualité nippone et française. Ce sont même les rubriques préférées des lecteurs !
? Comment qualifierais-tu l’évolution d’AnimeLand depuis cette époque ?
! La grande différence, c’est qu’au début, personne ne connaissait l’animation japonaise ou le manga. Pour la première fois, un magazine parlait des gens travaillant sur les anime, et sur le fait que bon nombre de séries diffusées en France étaient des manga à l’origine. Bref, nous faisions découvrir cet univers à un public néophyte.
Aujourd’hui, tout le monde connaît plus ou moins l’animation japonaise et lit du manga. Maintenant, AnimeLand a plus pour vocation à faire découvrir les coulisses des séries, ou à présenter des acteurs importants du milieu. Nous cherchons à donner un regard sur une offre qui est devenue très riche en sorties françaises. En fait, nous faisons le même travail que des magazines spécialisés sur le cinéma, par exemple.
? Par ailleurs, tu as aussi travaillé pour des acteurs du milieu, non ?
! Effectivement, j’ai écrit pour d’autres magazines, bossé en radio, pour la télévision… J’ai aussi travaillé avec des éditeurs comme IDP, AK Vidéo, Manga Vidéo ou AB, pour donner des conseils ou réaliser des bonus de DVD… Ce genre de choses.
? Pourquoi avoir repris le poste de rédacteur en chef ?
! Parce qu’AnimeLand est un magazine qui me tient beaucoup à coeur et je trouve que cela constitue un défi intéressant. Je crois à ce magazine et à son futur.
? Oui, mais beaucoup de personnes risquent de s’étonner qu’Yvan WEST LAURENCE soit parti…
! Pour commencer, précisons bien qu’Yvan n’est pas parti. Il travaille toujours avec nous et continuera d’écrire des articles pour le magazine. Il ne voulait plus le gérer parce que la nouvelle ligne éditoriale ne correspondait plus à ses goûts et je trouve qu’il a eu raison de prendre cette décision, car diriger un tel magazine implique que l’on se donne corps et âme à lui et pour cela, il faut une sacrée motivation. Donc, je suis venu prendre la relève.
? Comment vois-tu la nouvelle formule d’AnimeLand par rapport à l’ancienne ?
! Précisons tout d’abord que cette nouvelle formule, inaugurée avec le numéro 114, ne sera pas encore modifiée avec mon arrivée ! J’ai fait partie du comité de rédaction qui a travaillé sur cette nouvelle mouture et je vais donc maintenir toutes les décisions prises jusque-là, même si l’on peut encore apporter quelques améliorations.
Lorsque le Virus Manga a été créé, il nous a permis de recentrer AnimeLand sur l’animation. Depuis son arrêt, le manga a retrouvé une place plus importante dans le magazine. Je tiens à signaler que nous sommes le seul magazine à être exhaustif. Cela devient d’ailleurs de plus en plus difficile et l’arrivée de manwha et de BD chinoises font que nous avons décidé de donner la priorité au manga et à l’animation japonaise.
? Certes, mais certains regrettent malgré tout que le manga n’occupe pas une place plus importante pour le moment.
! Il faut savoir qu’il est difficile de parler de manga à cause de certains éditeurs japonais refusant de nous laisser publier les planches de leurs titres. Du coup, on doit faire l’impasse sur des BD auxquels nous tenons pourtant… Maintenant, nous avons quand même bien développé la rubrique Mangathèque et les news Manga France et Japon, afin d’informer au mieux… Et puis, n’oublions pas que dans AnimeLand, il y a le mot « anime » : le magazine sera toujours un peu plus centré sur l’animation.
? A ce sujet, pourquoi avoir souhaité privilégier l’animation nippone au détriment de l’internationale ?
! L’animation japonaise est aujourd’hui reconnue et AnimeLand avait fait le choix ces dernières années d’être le magazine de l’Animation avec un grand « A ». Malgré tout, pour beaucoup, AnimeLand restait un magazine pro-nippon. Nous avons tenté de parler de tout, mais ce mélange des genres ne fonctionnait plus. Les fans d’animation pure regrettaient de lire des articles centrés sur des sujets nippons et les fans d’anime étaient agacés de lire des papiers sur l’animation en général… Nous avons pris le parti de revenir à nos origines parce que c’est ce que demandaient majoritairement les lecteurs à travers leur avis collecté chaque année dans l’Anime Grand Prix.
? Qu’en sera-t-il des Hors Séries ?
! Nous proposerons plus de HS au cours de l’année et forcément, ils seront moins complets ou exhaustifs que les précédents qui demandaient beaucoup de travail… Il faut bien comprendre qu’AnimeLand est édité par une petite société et que c’est notre seule source de revenus. Pour conserver notre indépendance et les moyens nécessaires pour faire un bon magazine, nous avons donc besoin de nous diversifier. Il y aura certainement des spéciaux faisant le point, avec de jolis posters ; et de gros numéros pleins d’informations tels que nous en avons fait dans le passé, plus thématiques. Concernant le guide de l’année 2005, si certains trouvent cela superflu, ils se rendront vite compte qu’il s’agira pour eux d’un formidable travail d’archives qui sera très utile au fil des années pour se souvenir de tout ce qui est sorti.
Et puis rappelons que le kiosque connaît une crise importante : il devient difficile d’exister dans cette jungle de magazines et pour l’instant, nous explorons les attentes des lecteurs. Notez aussi que les magazines de jeux vidéo ou de cinéma n’hésitent pas à sortir ce genre de HS, alors pourquoi nous en priver à notre tour ?
? Est-ce que les « plus produits » seront appelés à se développer ?
! Pour l’instant, avec les posters, calendriers et DVD, nous sommes sur des références classiques, et on verra ce que nous privilégierons en fonction des réactions du public. Nous aimerions proposer plus, mais après, cela revient à négocier sur le long terme avec des éditeurs japonais et les goodies peuvent coûter chers…
? Mais forcément, si cela doit se développer, alors le prix de l’AnimeLand va augmenter ?
! Pas forcément, cela dépend du produit. D’où l’intérêt de s’abonner pour être sûr de ne pas souffrir de l’augmentation de prix du magazine et recevoir l’AnimeLand en avance.
? Pour finir, quel message passerais-tu aux anciens comme aux nouveaux lecteurs ?
! Le lectorat d’AnimeLand est d’une grande fidélité et certains nous suivent même depuis nos débuts. Je comprends donc que certains lecteurs lisant le magazine depuis très longtemps se sentent bousculés, car la nouvelle formule représente le plus gros bouleversement que le journal ait connu. Mais, nous avions aussi besoin de cela, de prendre des risques, de bouleverser nos habitudes, pour dynamiser un magazine qui avait tendance à se reposer sur ses acquis. AnimeLand va quand même fêter ses quinze bougies en avril prochain !
Encore une fois, nous restons à l’écoute de notre lectorat et nous attendons courriers et mails pour recevoir leur opinion et évoluer en même temps qu’eux. Les changements effectués dans le magazine ont été réclamés par nos lecteurs depuis des années. Nous les avons entendus et nous sommes encore et toujours attentifs à leurs désirs.
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