L’Enfer en bouteille

Quatre nouvelles composent ce recueil de Suehiro Maruo :
-L’Enfer en bouteille : sur une île déserte un bateau s’est échoué et seuls un frère et sa sœur ont survécu. Voici leur histoire.
-La Tentation de saint Antoine : inspiré du célèbre épisode de la vie du Saint, cette histoire met en scène un prêtre japonais soudain victime de brimades et d’hallucinations diaboliques.
-Kogané-Mochi : une famille tente de découvrir où leur aveugle de voisin a pu cacher son magot. Mais ce dernier est diablement rusé.
-Pauvre grande-sœur : une jeune femme se prostitue pour subvenir aux besoins de son petit frère, atteint de débilité mentale. Une situation douloureuse qui charrie de sombres souvenirs.

Ce récit de Suehiro Maruo se découpe en deux thématiques : la première, à dimension religieuse ; la seconde, à dimension psychologique. L’Enfer en bouteille, inspiré de la nouvelle de Kyûsaku Yumeno, peut se lire comme une satire du mythe du bon sauvage ou de la vie d’Adam et Eve au Jardin d’Eden puisqu’alors que les deux adolescents vivent dans un lieu magnifique, l’ennui les gagne au point de leur faire désirer le suicide. Quant à La Tentation de saint Antoine, elle rend hommage aussi bien à ce récit majeur de la Chrétienté qu’aux inspirations artistiques qu’elle a enfantées, notamment chez Salvador Dali. Les deux autres récits, plus glauques et moins poétiques, travaillent la question du mal intérieur qui ronge les âmes. Des récits moins ambitieux, certes, mais tout aussi efficaces.
Au final, ce recueil laisse un goût amer en bouche : Maruo prend un malin plaisir à mettre son lecteur mal à l’aise avec une économie de moyens qui démontre sa grande maîtrise du genre.

6.67