Levius vol. 1

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Dans un 19ème siècle anachronique, dévasté par la guerre, la pratique de la boxe mécanique s’est grandement popularisée. Le jeune Levius, coaché par un oncle pourtant peu enclin à voir son neveu se frotter à de rudes combattants, veut se faire un nom dans le milieu. Pour cela, il devra apprendre à gérer ses émotions, et notamment la mort de son père et l’hospitalisation de sa mère. Armé de son bras droit robotisé, il lui faudra terrasser quelques adversaires pour grimper dans la hiérarchie et mieux comprendre le mystère qui entoure sa témérité.

levius

Quel bonheur ce premier tome de Levius ! Il n’en faut pas beaucoup pour capter l’unicité de Levius. À l’image de nombreux artistes pré-publiés chez le Gekkan Ikki (Hayashida Q, Taiyô Matsumoto), H. Nakata avance une identité artistique très marquée et marginale. Il est à la foi quelqu’un de très fort sur le plan technique (et anatomique), mais aussi un talent singulier pour cadrer, encrer, flouter et faire bouger ses personnages.

Ici, les pages ont une odeur, dégageant une espèce d’audace à mille lieux des attentes du lecteur. C’est en refusant de donner ce que le lecteur veut que Levius nous bouscule, gonfle notre curiosité, nous exonérant d’une lecture trop passive. Un constat qui vaut pour sa narration. Le personnage principal, Levius, ne parle que très peu, laissant ce plaisir à son oncle (coach et manager), tantôt gêné, tantôt fier des prestations de son neveu. Lorsque Levius s’exprime, par les coups ou les larmes, l’impact n’en est que plus fort. Autant de choix qui vous installent avec force un univers steampunk sans faute de goût.

Une grande partie du charme de l’œuvre émane de son tempo, dicté par le découpage, parfaitement dosé, faisant gicler les scènes avec intensité. Si l’on a la fausse impression que ces dernières prennent place les unes sur les autres sans trop de logique, ce n’est que pour mieux coller à la personnalité, très perturbée et presque mélancolique, de Levius lui-même. Une folie naissante qui prend forme dans les chorégraphies des combats, faisant rapidement partie du petit groupe de titres pouvant rivaliser avec Hiroaki Samura sur la notion du mouvement. Ses angles sont osés, son cadrage volontairement désaxé, faisant véritablement bouger notre œil pour vivre les affrontements comme si nous y étions, mais avec la sensation d”être trop faible et dépassé pour tout comprendre. Basculer d’une atmosphère glaciale à la vapeur émanant des coups portés sur le ring donne de formidables émotions.

Artistiquement mémorable et audacieux

Sur sa technique pure, Haruhisa Nakata montre, là aussi, beaucoup de personnalité, à l’image de sa volonté de bannir les lignes de vitesse. Nous avons d’abord ses focus, case dans lesquelles il floute volontiers les décors pour gonfler notre attention sur un personnage. Un jeu de plans qui fait son effet, donnant du relief à sa grande maîtrise de l’anatomie. Ses mains sont un régal à admirer (il peut aisément narguer Mami Itô !) et l’on ne compte plus le réalisme (l’acting) des postures qu’il donne à Zack, l’oncle.

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Levius est donc un titre qui ose, qui a de la matière et une grosse dose de cran artistique. Mais le tout reste très cohérent. Pour cette édition, Kana a rangé Levius dans sa collection Big Kana, celle qui avait accueilli une autre merveille, souvent oubliée, Agharta. Avec ce grand format, et un sens occidental voulu par l’auteur, Kana donne les moyens à Levius d’être confortablement parcouru ! Merci !

 

LEVIUS ©2014 Haruhisa NAKATA/SHOGAKUKAN

84%
84%
Awesome

Par ce qu'il se fout des codes et du confort de lecteur, Haruhisa Nakata nous bouscule pour livrer un tome sauvage d'une très grande puissance. Son cadrage nous régale, son acting est plein de classe, et le tout est d'une force mélancolique saisissante. Déjà dans le top de l'année. En attendant mieux ?

  • Graphisme
    9
  • Scénario
    6
  • Originalité
    9
  • Audace
    9
  • Découpage
    9
  • Note public (survolez et cliquez pour voter !) (6 votes)
    6.7
  • AuteursNaruhisa Nakata
  • Editeur VFKana
  • Editeur VOShogakukan
  • PrépublicationGekkan Ikki
  • GenreCombat, Steampunk
  • TypeSeinen
  • Date de sortie2015-10-02 00:00:00
  • Prix12.7 €
  • Nombre de pages224
  • ImpressionCouleur / Noir et blanc
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Cruz

3 commentaires

  1. Pingback: Kana : Levius/Est, la claque graphique continuera en janvier 2017

  2. Kuronoe

    Je te rejoins absolument, ce titre est graphiquement "Fabuleux" !

    Allez, je vais être excessif, c'est sûrement le manga le plus beau que j'ai jamais lu. Il y a notamment une arène en pleine page, je pourrais passer des heures à la contempler tant cette représentation est puissante et évocatrice.