Frigide mais la bague au doigt,
Darling Wa Namamono Ni Tsuki
Dure dure la vie de la charmante Setsuko. Elevée par un père homosexuel, elle souffre d’un mal bien honteux, la frigidité. Lorsqu’elle croise la route de Kyôsuke, jeune médecin aussi sexy qu’efficace, elle va enfin se décider à sauter le pas… Entre comédie romantique, et journal de bord sexy d’une jeune mariée, Darling Wa Namamono Ni Tsuki livre, avec humour, une histoire entre Elle et Lui.
Darling Wa Namamono Ni Tsuki, de YOSHIHARA Yuki, fait partie d’un genre que l’on appelle au Japon des Lady’s comic, soit des manga destinés aux femmes (1). Toutefois, à la différence de nombre d’oeuvres destinées aux lecteurs masculins, ce manga n’a rien de graveleux ou malsain. Darling Wa Namamono Ni Tsuki ne donne pas non plus à voir des parties de jambes en l’aire sous cinq angles différents, mais nous fait plutôt découvrir, avec humour, l’intimité d’un jeune couple japonais avec leurs petits soucis sexuels et relationnels.
Savoir être femme
Setsuko est une secrétaire d’une vingtaine d’années, dont le père tient un bar de transformistes (2). Il la recrute un soir pour remplacer une «hôtesse» absente. Là bas, elle se fait accidentellement brûler la poitrine. Parmi les clients présents, un jeune médecin, Kyôsuke, l’entraîne dans les toilettes pour la soigner. Ce dernier croit avoir à faire à un travesti et touche sans hésiter la poitrine de Setsuko pour s’assurer de la gravité de la blessure. Cette dernière, frigide jusque là, ressent soudain un frisson de plaisir la parcourir.
Le lendemain, de retour à son bureau, elle découvre que le médecin assurant la permanence de son entreprise est Kyôsuke. Setsuko essaye donc, par tous les moyens, de capter l’attention du beau praticien. Un jour, elle décide de tenter le tout pour le tout en se jetant sur lui ; des collègues de travail surprennent alors la jeune femme et Kyôsuke dans une position douteuse, mais le médecin réagit vite en annonçant son mariage avec Setsuko ! Cette dernière se retrouve alors à vivre avec un homme dont elle ne connaît pratiquement rien, et refusant aussi de la toucher. Du reste, il lui avoue l’avoir épousé pour éloigner les trop nombreuses femmes lui tournant autour.
Point d’angoisse ! La situation va vite s’arranger pour nos deux tourtereaux. En fait, Kyôsuke va régler le problème de frigidité de Setsuko avec habileté, mais en plus, l’entente entre les deux jeunes gens va très vite se faire. Oui, ils s’aiment et cela, même si la vie n’a rien de facile. Et YOSHIHARA Yuki d’injecter de jolies touches d’humour pour secouer son récit.
Femme, je vous aime…
Assurément, Darling Wa Namamono Ni Tsuki surprend quelque peu à la lecture. On croit se trouver tout d’abord face à une comédie romantique lambda, et on s’imagine déjà les quiproquos, atermoiements sentimentaux et autres éléments caractéristiques des love comedy. Mais en fait, Setsuko et Kyôsuke se marient dès le premier chapitre, plaçant le récit sur un plan plus mature. On s’attend ensuite à trouver tout un tas de situations liées à la frigidité de Setsuko, et on s’imagine se trouver face à un manga parlant du problème du premier rapport sexuel, mais le problème se trouve rapidement évacué d’une manière certes cavalière, mais amusante.
Les prémisses de Darling Wa Namamono Ni Tsuki rappellent en fait beaucoup celles de Step Up Love Story (3) puisqu’on y retrouve un jeune couple devant gérer leur vie sexuelle et amoureuse. Mais, Step Up Love Story s’adresse à un public masculin, d’où des chapitres tournant essentiellement autour des problèmes d’éjaculation précoce du héros et surtout, parlant de situations destinées à exciter la libido masculine. De plus, on remarque une absence totale de vie des personnages, comme si, en dehors du sexe, ils n’existaient plus. Darling Wa Namamono Ni Tsuki prend le problème sous un autre angle, se concentrant plutôt sur la question du couple et de son harmonie. La partie sexuelle est certes présente, mais elle fait partie d’un tout (travail, famille, entente).
N’espérez donc pas des pages et pages de positions tantriques étalées pour la complaisance du lectorat. Tout au plus relèvera-t-on quelques situations sexuelles cocasses qui n’ont rien de choquant, même si elles sont on ne peut plus explicites. Non, le plus important tient aux relations humaines : l’absence de l’autre, ne pas mêler le travail et la vie privée, les rendez-vous amoureux, les coups de téléphone pour se rassurer… L’auteur a un talent certain pour nous faire découvrir ce couple et ses petits tracas grâce à un graphisme pas forcément esthétiquement impressionnant, mais parfaitement lisible et faisant la part belle aux expression de visages. Sourires, larmes, surprise… les émotions se lisent avec une grande facilité sur le visage des protagonistes. L’auteur aime aussi beaucoup jouer sur l’humour et n’hésite pas, pour la peine, à dessiner Setsuko dans une version SD disgracieuse mais bien amusante !
All you need is love
Frais et dynamique, Darling Wa Namamono Ni Tsuki s’inscrit dans cette ligne de BD plus adulte et mature, comme Happy Mania, dont les éditeurs français nous privent malheureusement. Il serait pourtant temps de pouvoir découvrir en Français une BD destinée aux femmes et pas de sempiternels shôjo où romantisme et confiseries font bon ménage. En plus, et vous l’aurez saisi en lisant le nom du signataire de cet article, Darling Wa Namamono Ni Tsuki peut aussi plaire aux hommes !
Darling Wa Namamono Ni Tsuki, manga en 8 tomes de YOSHIHARA Yuki, édité au Japon dans la collection Flower Comics.
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