Si certains auraient mieux fait de le rester, quelques petits chefs d’oeuvres, né de mains d’artistes indépendants pour la plupart, sont les bienvenus dans un festival ou la programmation propose en majorité des superproductions attendues.
Les courts ne se racontent pas, ils se regardent. Souvent simple recherche formelle ou fantasme réalisé sans le sou, parfois diplôme de fin d’études où l’on projette en vrac 4 ou 5 ans de recherches, parfois rencontre improbable de deux disciplines artistiques, chaque court-métrage a ses codes propres, on ne peut pas les décrire. L’intérêt de cette programmation, c’est donc évidemment la grande variété d’auteurs et de démarches.
Du conceptuel
Les amateurs de musique concrète et de recherches plastiques pures auront Polygonhand
pour réfléchir plusieurs heures à ce que l’auteur a bien voulu dire, devant une
bière de noël. Ça tombe bien, l’I.R.C.A.M. est à deux pas du Forum des Images…
De l’humour
Pour le grand public, il y a deux courts humoristiques et sympathiques, Ski
jumping pairs de MASASHIMA Riichiro, déjà croisé à Annecy cette année, qui
propose avec une 3D rudimentaire mais maîtrisée un nouvel événement sportif
pour les Jeux Olympiques de 2006. Ce qui commence de manière très réaliste vire
ensuite au délire Monty-Pythonesque très rapidement. La salle s’est réveillée
d’un coup.
L’autre « mention humour » va au très mignon Wonder Frog, de MATAYOSHI
Hiroshi. Une animation très propre de volumes rudimentaires dans le style «
mascottes » propose une petite histoire de grenouilles et d’E.T. très sympathique,
même si ce n’est pas le programme le plus original.
Du kawaï
Mignon aussi, un court très simple au crayon, accompagné de quelques touches d’aquarelles
très pastel, Shimomomo, de AKAGI Saeko, relate une petite tranche de
vie très poétique d’une Japonaise. Un moment de Ma (intervalle de temps
ou d’espace qui confère à une oeuvre sa juste respiration), comme seuls des auteurs
japonais savent le faire ; du « petit rien », mais très réussi.
Des aliens !
Deux aliens très étonnants ensuite : Un plan diabolique pour heavy-métaliser
le Japon, de ITOKAZU Masafumi et C’est peut-être un train de KONDÔ Akino,
deux propositions totalement opposés faites par des animateurs pour illustrer
des chansons. Un soin particulier est apporté au calage des évènements sur leurs
rythmes respectifs. Très étonnants graphiquement, celui sur le heavy métal est
un peu court, tandis que l’autre rappelle le style de certains animateurs russes
axés symbolisme…
La crème
Les plus intéressants, enfin, sont deux courts-métrages du même réalisateur :
L’eau des mots et Kikumana, de OSHIURA Yasuhiro. Deux réussites
graphiques de la part d’un indépendant très talentueux. Ils rappellent vraiment
l’univers de Sérial Expériments Lain : un design proche de l’animation japonaise
grand public actuel et des personnages très « typés », intégrés dans des décors
3D dont la froideur a été ingénieusement « usée » par des filtres et des textures,
qui créent une ambiance et un environnement étonnants. C’est un VRAI metteur en
scène, dont les mouvements de caméra sont vraiment très aboutis. Même la post-production
est de très bonne qualité, et l’on pense entendre des seyus (comédiens de doublage)
professionnels, qui font souvent défaut aux productions indépendantes. On reverra
ce OSHIURA, c’est sûr.
Cette programmation est donc vraiment hétéroclite, et passionnante. Félicitons ce genre d’initiative, nous donnant la possibilité d’accéder à l’underground japonais dans le domaine de l’animation.
Visitez aussi la page concernée sur le site de la NHK : une partie du contenu de Digista est traduite en Anglais, et vous pourrez visionner la plupart des films en Real.
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