Son apparition en volume relié remonte au 17 novembre 97. Actuellement, la série continue et compte 6 volumes sortis chez Kadokawa Shoten dans la collection ASUKA COMICS.
Niwa Daisuke, 14 ans, élève en 2ème année au collège Azumano, en pince pour Harada Risa. Prenant son courage à deux mains, il se déclare mais essuie un cuisant échec. Daisuke vit avec sa mère, Emiko, et son grand-père, Daiki. Chaque jour, ils lui imposent un véritable parcours du combattant à travers la maison. Dans l’esprit du garçon, ces épreuves quotidiennes revêtent un but encore obscur. Un soir, tout s’éclaircit. Le râteau encaissé auprès de Risa entraîne une étrange réaction génétique : Dark s’éveille en lui. Qui est Dark? Un mystérieux voleur légendaire qui réapparaît après 40 ans d’absence. En réalité, les Niwa sont une famille de voleurs professionnels depuis l’époque Edo. Lorsque les garçons atteignent 14 ans, Dark remonte à la surface et ils sont obligés de perpétuer son nom et son activité. C’est comme qui dirait ” une maladie héréditaire “. Au début, Daisuke n’est pas chaud à l’idée de jouer les voleurs et cohabiter avec une personnalité aux antipodes de la sienne. Néanmoins, le garçon s’affirmera petit à petit au contact de sa double vie et de son nouveau compagnon. De plus, pour accomplir ses exploits, il peut compter sur With, un gentil démon créé par son ancêtre et partenaire irremplaçable de Dark. Sur leur route, ils retrouvent Hiwatari Satoshi, camarade de classe de Daisuke, fils adoptif d’un haut gradé de la police, et descendant du mythique clan Hikari…
Né un 26 décembre, SUGISAKI-sensei aime le théâtre et les jeux vidéo. Passionné par les lapins, il collectionne divers objets se rapportant à l’animal. D’ailleurs, ses auto-portraits le représentent toujours affublé d’un masque de lapin. Ses mangaka préférés sont, entre autres, WAKATSUKI Megumi, ÔTOMO Katsuhiro et FUJIWARA Kamui. Son oeuvre favorite est So What ? de WAKATSUKI-sensei. De son propre aveu, SUGISAKI-sensei a rarement l’impression d’être influencé par un manga ou une personne. Dans son enfance, le manga ne l’attire pas particulièrement. Alors qu’il est en 1ere année de primaire, sa vie bascule suite à un accident de la circulation. Lors de son hospitalisation, le responsable de la culbute lui apporte le titre Doreamon, le jeune SUGISAKI accroche immédiatement. A ce moment là, il n’avait encore jamais ouvert un seul manga ni même vu le moindre anime. En classe de dessin, il a des lacunes et jusqu’au déclic Doreamon, il n’esquisse que de simples graffitis. Au collège, il caresse le rêve d’être acteur. Arrivé au lycée, il fréquente le club de théâtre et une école spécialisée destinée aux jeunes acteurs. Il a vite fait de revenir à lui lorsqu’il visionne Nausicaä. A la suite de cette 2nde révélation, il veut devenir doubleur ! En lisant des scénarii et en regardant les anime, SUGISAKI-sensei comprend qu’il est plus intéressant de créer que de jouer. Débordant d’énergie, il intègre divers autres clubs : Beaux-arts, Rédaction de scénarii et amateur de littérature, Langage des signes, Archerie. A défaut d’avoir un lieu où partager leur passion, les amateurs de manga se réunissent au club des Beaux arts. En 2ème année de lycée, SUGISAKI-sensei cumule les vies de club, l’école d’acteurs et les petits boulots (les activités extra-scolaires et les transports coûtent chers !).
Durant cette période faste il se frotte à l’apprentissage du manga et côtoie les Dôjinshi. Ensuite, il est brièvement embauché dans une imprimerie. A 20 ans, il effectue son 1er envoi au périodique ASUKA sous l’actuel pseudonyme SUGISAKI Yukiru. Il finit par décrocher le Grand Prix ASUKA MANGA organisé 2 fois par an. Avant cela, il avait déjà tenté sa chance auprès d’autres magazines sous divers noms.
Depuis l’école primaire, il aime aussi écrire des Drama (sketches et histoires reposant uniquement sur les dialogues) qu’il enregistre ensuite sur cassettes. Cela continue au lycée et la matière première est essentiellement des romans ou ses propres scénarii. Il rédige seul les textes mais l’interprétation rassemble de 5 à 10 personnes. A ce propos, DN.Angel est à l’origine destiné aux pièces radiophoniques. L’histoire nécessita 2 ans de conception. Au début, Dark était plus jeune que le héros mais l’auteur changea d’avis au dernier moment et en fit un personnage mûr. Des le début, la différence d’âge entre Daisuke et Dark était un facteur important. En ce qui concerne Brain Powered, SUGISAKI-sensei avait déjà donné son consentement à un rédacteur de SHONEN ACE. Il y a eu concertation préalable avec le concepteur de la série TOMINO Yoshiyuki pour définir les charges propres à chacun. Au premier abord, SUGISAKI-sensei fut troublé par l’attitude et le comportement des personnages. N’étant pas coutumier du genre, il se posa les questions « Suis-je capable de dessiner de tels personnages ? » ; « Pourrais-je élargir leur influence sur l’histoire, leur rapport avec les autres par mon travail ? ». En définitive, cette série permit au mangaka d’apprendre en étudiant un monde encore inconnu. Il reconnaît que ce titre est une oeuvre compliquée et influença DN.Angel, surtout au niveau du graphisme devenu plus grave. Son souhait serait de dessiner un Jidaigeki (récit historique tiré d’avant l’ère Meiji, qualifié en France d’histoire de Chambara) à sa manière et aussi un manga romantique au traitement simple. Tourner une de ses oeuvres en live serait également un grand bonheur confie l’artiste.
Les oeuvres d’arts créées avant la Rénovation, et appartenant au monde de DN.Angel, étaient ensorcelées. Après la Rénovation, les gens ont nié leur valeur et ont prétexté leur dangerosité afin de les détruire. En particulier, celles du clan Hikari. De là, nous pouvons effectuer un parallèle avec la Restauration de Meiji qui résulta de la chute des Tokugawa et sonna la modernisation du Japon. Durant l’ère Meiji (1868-1912) le pays adopta les techniques, le savoir de l’Occident et invita une foule de spécialistes dans divers domaines. Sous l’impulsion de lettrés, comme FUKUZAWA Yukichi, et des autorités, la volonté de « sortir de l’Asie et s’intégrer rapidement à l’univers occidental » émergea. La morale traditionnelle fut critiquée, l’ancien régime, et toutes les choses qui en découlaient, étaient fustigés et considérés comme dangereux pour le bien être du peuple et la prospérité du pays. Sachant que Dark débuta sa carrière pendant la période Edo et que le clan Hikari atteignit son apogée à ce moment là, SUGISAKI-senei voulut peut-être par le terme ” Rénovation “, cité dans DN.Angel, souligner le besoin de progrès mais aussi le regret de bannir les choses positives de la tradition.
Dark est-il une personnalité à part entière ou la simple manifestation génétique du passage de l’enfance vers l’adolescence ? La 2nd hypothèse n’est point ridicule. En effet, nous avons déjà signalé dans un précédent article que l’adolescence, et par extension la puberté, débute à 14 ans pour se terminer à 20 ans chez les garçons. Or, Dark à coutume de se réveiller chez les mâles de la famille Niwa âgés de 14 ans précisément. De plus, ce sont les sentiments amoureux et le chamboulement émotionnel, allant de pair, qui provoquent le changement en Daisuke. L’enfance s’éloigne, l’équilibre est rompu. Ses transformations s’effectuent au gré de ses pensées (vers Risa puis Riku), de son ouie (Dark réagit à la voix de Riku) de ses visions (selon son état d’esprit, Daisuke se transforme en apercevant Riku ou Risa). Ces mutations intempestives entraînent naturellement quiproquos et situations embarrassantes. Cependant la vie nocturne de Dark ouvre les yeux et le coeur de Daisuke. Lors d’une fuite après un vol, Dark se réfugie chez Riku et l’embrasse pour éviter tout hurlement. Le baiser le fait redevenir Daisuke. Plus tard, Daisuke isole sa personnalité et cherche avant tout à comprendre ce qui lui arrive, il s’analyse. Dark prend sa place et sauve Riku contraint par un sempai. Daisuke remarque alors qu’avec Riku les mots sortent d’eux-mêmes. La 1ère partie du manga se conclut sur la cohabitation harmonieuse entre les 2 personnalités. Daisuke arrête de flirter avec l’imaginaire et avoue son amour à Riku. Il a grandi physiquement et mûri psychologiquement grâce à Dark. Il ne l’égale pas encore mais est assurément sur la bonne voie.
Le 2nd volet de DN.Angel voit l’affrontement entre Dark et l’énigmatique Krade. Au préalable, Daisuke doit libérer Dark, et ce, en rassemblant les 10 plumes de sa mémoire. Satoshi a emprisonné le voleur grâce à un étrange miroir par le biais duquel Dark se crée un monde de toute pièce. Son bonheur fictif ébranle Daisuke. Néanmoins, ce dernier le ramène en comprenant que la dernière plume est déjà entre ses mains car Dark est une partie intégrante de son être. Si Satoshi souhaite uniquement la capture de Dark et refuse de blesser Daisuke, il n’en va pas de même pour Krad. Ce dernier sommeille en Satoshi, semble incontrôlable et clame que Dark menace directement son existence. Le grand-père DAIKI révèle que les « ailes blanches » (Krad) représentent un grand danger. Il pensait qu’elles avaient été scellées par le clan Hikari. Au sujet des autres intervenants : Risa et Riku sont jumelles. Dès les premières pages du manga, Riku repousse Daisuke en estimant que le prétendant n’est pas assez top pour elle. Risa se met en quête d’un petit ami formidable et jette son dévolu sur Dark. Quant à Riku, elle prend Daisuke pour un homme volage puis, une fois ensemble, se demande s’il ne l’aime pas seulement parce qu’elle est la copie de Risa. Les rôles de bouffons sont assurés par Saga Keiji (hommage non dissimulé à Sega) et Saehara Takeshi. Keiji est à la tête d’une Production spécialisée dans le divertissement en tout genre. Il approche (kidnappe ?) Daisuke afin de tourner un court-métrage mettant en scène le duo Daisuke / Dark ! Takeshi est le fils du commissaire qui traque Dark. Il est accro à « l’information mania » et cherche la big news en profitant des bons tuyaux de son père.
Enfin, Towa no Shirube est une jeune fille en apparence mais est âgée de 98 ans ! Elle a longtemps vécu seule dans un phare et rencontre Daisuke en l’aidant à sauver Dark. En échange de quoi, il doit l’accepter chez lui ! C’est une créature du clan Hikari mais elle souhaite désormais prêter mains fortes au jeune garçon. Résigné, Satoshi en déduit que le destin de chaque oeuvre conçue par le clan Hikari est d’appartenir aux Niwa.
DN.Angel avance très lentement et les rebondissements majeurs sont assez rares. La parution mensuelle et les nombreuses autres charges de l’auteur expliquent peut-être cela. Cependant, notons que les 6 premiers volumes regroupent aussi des nouvelles antérieures et diverses histoires originales qui ne font guère avancer le schmilblick ! Espérons que le scénario se décantera par la suite. Le vif du sujet se faisant attendre, le lecteur se rabat sur le graphisme. Là encore, rien d’exceptionnel…au début. Le tracé de SUGISAKI-sensei est « enfantin » puis change (Brain Powered est passé par-là) et devient plus incisif. Pourtant, l’auteur a su préserver le côté net des découpages. La pureté de certains dessins émane directement de l’apparente innocence des personnages. En comparaison avec le design de Brain Powered, il est évident que l’artiste livre ici un manga à l’atmosphère et aux personnages moins aboutis. L’auteur ayant plus d’un tour dans sac, l’évolution de ce titre est à surveiller…
Du point de vue de SUGISAKI-sensei, le manga est l’ultime moyen servant à exprimer seul l’inspiration. L’auteur devient alors réalisateur comme dans un film. Il lui est possible de concevoir et d’appliquer tout ce qu’il désire. Il compose un tableau, distribue les rôles, il conçoit l’oeuvre de A à Z et va jusqu’au bout de ses idées. Le Manga permet la retranscription de sa propre conception du Monde. DN.Angel, est un conte oscillant entre Cat’s Eye et une séance de psychanalyse. Beaucoup de contes montrent les causes de l’arrogance et de la cruauté de l’homme. La pureté frôle son contraire car la limite est à peine perceptible. Ceux qui s’acoquinent avec l’impureté ne peuvent en sortir indemne. Cela ressemble fort au récit de Daisuke et Dark.
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