Duel Masters

L'empire contre-attaque !

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Dreamwave, chargé de produire la version comics de Duel Masters, est un petit éditeur de comics qui fait néanmoins beaucoup parler de lui. Cette compagnie de comics a en effet fait son fond de commerce sur des BD largement influencées par le manga et l’animation. Premier gros succès : Darkminds (1999), qui s’inscrit comme un démarquage grossier du film Ghost in the Shell d’OSHII Mamoru. D’autres comics sortent -tels Warlands (1999)- dont les points communs avec Record of Lodoss War (La guerre de Lodoss) sont nombreux. La maison d’édition, créée par Pat LEE en 1996, se singularise aussi par une mise en couleurs informatisée, donnant à chaque case du comics l’apparence d’un cellulo. Après l’énorme carton réalisé par leur comics de Transformers (édité en France chez Sémic), Dreamwave était donc bien placé pour rafler les droits pour les USA.

« Et là, j’abats mon Dragon millénaire ! »

Shobu est un jeune garçon fan du jeu de cartes Duel Masters. Nous faisons connaissance de cet impétueux jeune homme au moment où il défie en duel Knight, un joueur réputé. Le duel tourne vite au désavantage de Shobu, qui se fait battre sous l’oeil compatissant des ses amis. Knight le retrouve malgré tout après le duel et s’entretient avec lui. Knight lui apprend ainsi que les créatures représentées sur les cartes vivent en fait dans un monde parallèle au nôtre, et sont activées par la mana (énergie magique) du duelliste. Lorsque Knight laisse Shobu repartir chez lui, on le voit converser avec une mystérieuse voix, à laquelle il annonce que l’enfant doit être protégé.

Sous la carrosserie

Bon script, mauvais graphisme. Un peu lapidaire comme affirmation, pensez-vous ? Pourtant, elle se justifie pleinement. Au scénario, on retrouve Brian AUGUSTYN, un auteur confirmé. Il a co-écrit avec Mark WAID un grand nombre d’épisodes très remarqués du super héros Flash. Avec Humberto RAMOS, dessinateur mexicain influencé par le manga, il a co-scénarisé Crimson, récit mettant en scène un vampire confronté à l’Apocalypse. Dans Duel Masters, AUGUSTYN prouve qu’il a parfaitement assimilé les codes narratifs des manga shônen et plus particulièrement ceux du nekketsu (ces héros aux passions brûlantes, tel Seiya dans Les Chevaliers du Zodiaque). Ainsi retrouve-t-on un héros dont le père a disparu, plein d’entrain et orgueilleux, cachant visiblement une certaine puissance. Ce premier numéro met ainsi en scène un duel de cartes respectant les principes du genre, jusque dans les dialogues virils et stéréotypés.

Le gros problème vient du trait. Jeremy TIONGSON est un auteur visiblement jeune et inexpérimenté. Son trait s’avère simpliste, et supporte mal la colorisation parfois grossière de Gary YEUNG, notamment au niveau des arrière-plans qui apparaissent désespérément vides. Mais le plus grave vient de son incapacité à découper correctement les scènes de combats. Il faut bien le reconnaître : les séquences de duels sont incompréhensibles ! On ne comprend pas les actions du héros et pire, on ne saisit pas les mouvements effectués.

Dix de ders

La lecture de ce premier épisode laisse songeur. L’histoire promet des développements intéressants, mais le format comics pose un grand problème. AUGUSTYN signe un récit où l’action est déliée au maximum, à l’instar d’un chapitre de manga. De fait, le lecteur a l’impression de découvrir la toute première partie d’un récit destiné à être savouré sur 190 pages.

Qui aurait pu imaginer qu’un tel comics s’avère intéressant à la lecture ? L’histoire est bien racontée et, fait rare, le scénariste semble connaître le manga. De plus, ce concept de cartes faisant appel à des créatures vivant sur un autre monde s’annonce fascinant. Malheureusement, le graphisme brouillon de TIONGSON pose un réel problème de lisibilité. Difficile de s’immerger dans une BD dont les scènes clés sont malmenées. Si la suite de Duel Masters paraît attractive, on pourra se demander si investir dans ce titre est bien raisonnable.

Duel Masters n°1 est sorti au mois de novembre 2003 aux Etats-Unis sous 5 couvertures différentes, renfermant 5 cartes inédites du jeu (en Japonais !). La publication est mensuelle et le premier numéro est déjà épuisé aux Etats-Unis. Aucune sortie française n’a été annoncée pour l’instant.

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