Gloubiboulga night 2

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Comme le veut maintenant la coutume, c’est la grande salle du Grand Rex de Paris qui fut mobilisée pour accueillir la première de cette réunion de grands enfants venus par milliers se retaper six heures de programmes jeunesses exhumées des années 70-80, et repasser une nuit en enfance. L’endroit vaut d’être associé à la fête. Cette mythique salle referme un charme suranné fait de balcons à l’ancienne, de fauteuils moelleux et de moquette rouge, et l’on croirait presque que, passée la porte à hublots, l’on rentre dans une autre dimension, où le Temps, déjà, perd un peu de ses droits. Et la cure de jouvence sera complète en ces lieux bientôt envahis d’une horde trublionne de personnes de tous âges… Ils sont revenus, et ils sont content ! Le public, ou plutôt les publics, on pouvait les voir jubiler et trépigner d’excitation deux heures avant le début de la projection, alors qu’ils s’entassaient déjà dans les files d’attente. Ils ont 15 ans, et viennent se taper un délire. Ils ont 25 ans, et viennent entre copains chanter à tue-tête les génériques préférés. Ils ont 35 ans et viennent en couple remuer des souvenirs, retrouver un esprit qu’ils voudraient transmettre à leurs enfants. Tous se souviendront qu’ils n’ont pas oublié.
Et on les sent déjà grogner de plaisir en captant le faible écho de la voix d’ENRIQUE répétant le générique de Goldorak. A peine rentré dans la salle et le programme empoché, le temps juste de passer à leur fauteuil y déposer leur manteau, et les voilà qui se ruent sur les ballons que le staff leur envoie, et de chanter sur les vieux tubes qui rythment l’ambiance de chauffe. Le maître de cérémonie entre en scène, avec un sourire entendu puisqu’il annonce la venue des invités. Premier coup de chapeau :
Bruno BIANCHI, créateur d’Inspecteur Gadget et de Jayce et les conquérants de la lumière. Le public apprécia à sa juste valeur la rencontre par une salve d’applaudissements qui sonnaient comme autant de remerciements..
Mais bientôt, tout allait basculer, car le peu de conscience de la réalité allait être effacé pour permettre à la magie de commencer à opérer. Un cri, disons une bronca du diable, annonça l’arrivée du géant orange, le dieu de cette étrange secte, Casimir himself, accompagné cette fois-ci de son vert second, Hyppolite le gentil. On chanta ! Et plus encore lorsque surgit à l’improviste le dernier des visiteurs du soir : le facteur de l’île aux enfants. Ce fut donc énooooorme ! Facétieux, les organisateurs des Gloubi étaient prêt à enfoncer le dernier clou, et non des moindres, avec la venue de l’inépuisable et énergique ENRIQUE rallia la salle entière à entonner d’une voix puissante et unie : « Accours, vers nous, prince de l’espace, viens vite , viens vite, nous sauver… ». Et, donc, comme on sait vivre aux Gloubi, il vint : Goldorak en personne ! Remontés à mort comme des pendules, démarrés au starter, chauds comme des braises, les 2500 locataires du Grand Rex étaient prêts pour le début des projections. Encore une fois, les organisateurs des Gloubi n’avaient pas manqué de mettre leur touche à ce qui devait être plus qu’une simple succession d’épisodes et d’extraits d’émissions. Un clip nerveux enchaîna pour l’ouverture une rafale d’images de personnages de dessins animés, diverses séquences se succédant par la suite.
On eu droit à des épisodes entiers, à un remontage des morceaux principaux de certains autres, à des montages alternés entre séquences de deux dessins animés, à des enchaînements thématiques et bien d’autres pétages de plombs. Mais surtout, on eu droit aux génériques, et même à un karaoke en troisième partie de soirée, histoire de rebooster, vers 3h00 du matin, les attentions somnolentes.
Quant à la programmation, et bien, la programmation, on la connaît tous, elle demeure entière dans les endroits les plus cotonneux de notre inconscient. On ne la découvre pas, on la reconnaît, comme une amie perdue de vue depuis longtemps. Et c’est bon pour les zygomatiques. Côté émissions, les majors étaient fidèles au rendez-vous, de RécréA2 aux Visiteurs du mercredi, en passant par Croq’vacances ou les 4’zamis. Emotion en revoyant les oubliés Dr Snuggle ou Vick le Vicking ; étonnement parfois de se souvenir que « ça aussi, on l’avait vu …» en face de Lalabelle ou de Clémentine, délire hurlant devant les incontournables, comme Grosquick ou Albator. Rires gloussant devant Musclor ou Caliméro et puis aussi du Méthanie, ou encore Il était une fois… l’homme, ces dessins animés qui relevaient alors le défi supplémentaire de nous instruire en plus de nous amuser. Un peu long d’ailleurs au goût d’un public venu plus pour s’échauffer…
En tout cas, sur les 6h00 du matin bien tassées, ils étaient encore nombreux les voyageurs temporels à continuer de taper dans leurs mains, et encore bien réveillés pour saluer la fin du spectacle, pendant que les héros animés enchaînaient tour à tour leur « au revoir » que l’on avait envie de prolonger par un vibrant « à bientôt ». Gavés, repus, comblés, tous n’eurent plus qu’à retourner à leur réalité, ou de se retrouver et se tenir chaud dans un café, ou de se traîner vers son lit douillet, histoire de poursuivre le rêve encore un temps. Le fondement de notre être repose ainsi sur sa capacité à identifier son passé. C’est ainsi également devenu un code de reconnaissance pour une génération entière, plus forte peut-être pour ne pas ainsi oublier qui elle a été. Mais en aucun cas, comme fielleusement le déclarait le magazine de formatage de la culture qu’est Télérama, en aucun cas ce ne fut un exercice de régression.

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