Ice age : Ice, ice baby !

0

En 1997, la Fox avait en effet rencontré un petit succès avec Anastasia. Mais le cuisant échec de Titan A.E, en 2000, l’avait forcé à définitivement fermer les portes de son studio d’animation. Dans une tentative de glisser sur les succès commerciaux de ses concurrents et, probablement, de sortir de son ère de glace personnelle, la Fox s’est décidé pour ce long-métrage entièrement conçu en images de synthèses. Sortie prévue le 26 juin 2002 sur les écrans français.

L’action se situe il y a 20.000 ans, à l’aube d’une ère glacière (difficilement identifiable). Sous cette menace, les animaux migrent vers le sud… excepté Manny, un mammouth grognon et solitaire. Sur son chemin, il sauvera la vie à un paresseux bavard et gaffeur, nommé Sid, et à un bambin humain dont la tribu, en partie décimée, a pris le chemin du nord, vers un de leurs campements. D’abord réticent, Manny prendra la décision de ramener le petit aux humains, toujours accompagné de Sid, mais guidé aussi par Diego, un tigre à dents de sabre qui cache au groupe ses véritables motivations : les mener vers une embuscade tendue par les siens.
Sur ce thème de quête, vu et revu, le réalisateur Chris WEDGE, lauréat d’un oscar pour son court-métrage d’animation Bunny et fondateur des Blue Sky Studios, nous offre un film de 72 minutes (et oui, seulement) qui, sans être révolutionnaire, original, ou même surprenant, n’en demeure pas moins distrayant.
Le point faible de ce film est son animation et son modeling CGI qui laissent parfois à désirer. Si les personnages comme Sid, et surtout Scrat, le pseudo écureuil préhistorique hyper-actif, s’agitent avec une certaine qualité, tous les autres n’ont pas la souplesse et la texture que nous sommes en droit d’attendre des productions 3D, depuis ces trois dernières années. Cette faiblesse est encore plus flagrante dans l’animation des humains, avec leur démarche saccadée et leurs visages aux émotions discrètes, animation qui s’apparente trop à celle de personnages de jeu vidéo. On pourrait même qualifier l’animation de démodée, quand on la compare à celles de Shrek ou Monsters Inc, tant la qualité de ces derniers avait encore placé l’échelle plus haut. De plus, côté design, les décors varient peu (de la glace, de la glace à perte de vue!) et certains personnages secondaires, comme les rhinocéros, semblent en plastique. De même, les vêtements des humains font penser à de la pâte à modeler (serait-ce un clin d’oeil à Nick PARK et aux vêtements de Wallace?).

Malgré tout, en dépit d’une qualité 3D qui aurait pu être meilleure, un scénario prévisible lorgnant beaucoup vers Monsters Inc ou Le livre de la jungle (ramenons l’enfant dans son monde !), et les clichés habituels sur l’amitié, le film parvient à distraire autant les enfants que les adultes. L’atout principal, c’est Scrat, le ridicule et pathétique écureuil à dents de sabre et ses tentatives désespérées d’abriter des glands pour l’hiver qui arrive. Sans avoir de lien avec le groupe, ce personnage muet croisera toutefois leur route, entraînant à chaque fois un gag hilarant qui rappelle le meilleur des comédies du cinéma muet et des dessins animés de l’âge d’or. Sa présence à l’écran ne dépasse pas dix minutes. Dix minutes pourtant suffisantes pour en faire la vraie vedette du film. La séquence d’ouverture vaudrait à elle seule le détour; dommage qu’elle ait déjà fait le tour des internautes, depuis un an, comme première bande-annonce du film. Devant le succès des péripéties, il ne faudra pas attendre bien longtemps avant de retrouver Scrat dans ses propres aventures. Sid, le paresseux, quant à lui, apporte une autre touche comique dans son rôle de bavard collant, mais la ressemblance avec l’âne de Shrek nuit à une adhésion totale. Tout comme pour Manny, qui rappelle sans équivoque l’ogre râleur. Sans apporter de réelles surprises, des séquences retiennent l’attention, comme Sid et son ralenti dans une bataille contre des dodos pour récupérer une pastèque, le même découvrant une sorte de musée des glaces, ou encore la folle glissade dans les couloirs de glace. Victime de ses défauts, Ice Age ne sera pas un succès au même titre que ses prédécesseurs, mais il faudrait être fou pour bouder son plaisir de rire (ou sourire), surtout depuis que les grands studios américains d’animation traditionnelle (nous ne citerons pas le plus important) ne sont plus en mesure de nous satisfaire sur ce plan.

Parlez-en à vos amis !

A propos de l'auteur