Le festival Imagina, qui fête la 3D sous toutes ses formes depuis plus de 15 ans, et qui a bien failli disparaître faute de financements voilà 3 ans, propose différents niveaux de rencontre de ce marché toujours en expansion. Les nouvelles méthodes d’animation et leur impact sur les productions en cours, les enjeux des contenus d’objets nomades (ce qui remplit vos mobiles, visuels, jeux etc.), les financements du marché du jeu vidéo, le futur de la télévision haute-définition, le cinéma numérique, sont autant de sujets parfois très pointus qui y sont proposés. Mais pour obtenir le panorama le plus complet possible, cette édition 2004 a inauguré plusieurs nouveaux événements, les Computer & Video Games Awards, des journées business consacrées à des pays en particulier désirant développer des liens et des collaborations avec les européens, et des making-of de plusieurs blockbusters de l’année 2003. En ce sens, Imagina confirme son statut de rendez-vous européen des professionnels des images numériques.
Mais Imagina dépasse de loin les frontières de l’Europe, et touche également les autres continents de la 3D en proposant ses rencontres (Japon) et ses conférences (films essentiellement américains), attirant un public essentiellement composé d’étudiants (un espace ouverts aux professionnels, avec quelques stands, présentait des écoles de toutes origines), qui se distinguaient nettement des négociants et acteurs du marché 3D. Les discussions techniques allaient bon train hors salles, mais les conférences présentant le travail de chacun, en grande majorité en anglais, ne généraient pas autant de questions qu’on aurait pu le croire. La génération des pionniers de la 3D, tout univers confondus, qui aura vécu une ère de recherche sur l’image numérique, a clairement ici rencontré une nouvelle génération consommatrice de cet univers en expansion, de futurs développeurs et utilisateurs que des sociétés du monde entier s’arracheront. La tendance que l’on peut observer également c’est qu’outre les effets spéciaux dans les films, publicités ou clips, jeu vidéo ou documentaires, l’animation, pour une fois, n’est pas mis au second plan. Elle est partout, omniprésente, évidente. Une pensée réconfortante sur bien des points.
Champions du box office
Imagina, ce n’est pas que des courts métrages d’animation en 3D, c’est désormais aussi la présentation, du point de vue des coulisses, des nombreux effets spéciaux des films à gros budget. C’est d’ailleurs un des grands maîtres des effets spéciaux qui présidait le jury d’Imagina, Stan WINSTON(1) à qui l’on doit entre autre les créatures de Terminator, Aliens, Predator, Jurassic Park…
L’accent a surtout été mis sur la journée du mardi, consacrée presque exclusivement aux secrets de Matrix Révolutions, avec une « avant-première » sponsorisée par Alias et Hewlett Packard, durant laquelle Craig HAYES, superviseur des effets visuel chez Tippett Studio (Phil TIPPETT à qui l’on doit entre autres le ED-209 de Robocop et les créatures de Starship Troopers), John (DJ) DESJARDIN et Dan GLASS, également superviseurs sur ce film à très gros budget, dont 150 scènes ont réclamé une attention toute particulière.
Les jours suivants, nous avons assisté aux présentations du travail réalisé par Victor NAVONE pour Pixar sur Le monde de Némo (les trucs et astuces, pour mieux servir l’animation des poissons, leur expressivité, sans rester dans un cadre trop réaliste, mais bel et bien cartoon), Matt AITKEN de Weta Digital pour Le Seigneur des Anneaux sur Gollum (évolution entre les personnages des Deux Tours et du Retour du Roi), Jim RADFORD de Moving Picture Cie pour Tomb Raider II (Matt painting, création de véhicules, de monstres), Jamy WHELESS d’ILM pour les personnages de Yoda et Hulk de Star Wars, pour L’Immortel, ou encore MacGuff pour les 20 minutes consacrées à des images d’hallucinations dans Blueberry(2) de Jan KOUNEN.
Ce dernier travail, présenté le jeudi 5 de manière originale par Rodolphe CHABRIER, fondateur de la société MacGuff, prouve si besoin était que la 3D dépasse désormais le cadre d’une représentation réaliste à l’image, tout en gardant certains repères : le responsable des effets spéciaux et le réalisateur du film ont su travailler ensemble à rendre sur écran ce que l’on peut légitimement considérer comme des expériences personnelles. Le résultat ? Des créatures fantastiques, reptiles et insectes riches de symboles dans l’univers shamanique présenté par les deux hommes, parsèment les visions du héros du film pour une aventure intérieure pas tout à fait innocente. Les méthodes de travail, à en croire Rodolphe, s’exprimaient alors plus par signes et par des mimiques sonores que par simple parole. Le résultat est d’ailleurs étonnant pour ce premier western shamanique.
Ce sont moins les méthodes que l’esprit de chacune de ces sociétés qui a ainsi été dévoilé à un public acquis d’avance, qui assistait aux séances riches d’enseignement qui ne font qu’augurer le meilleur pour l’avenir, au cinéma comme ailleurs.
À consulter : http://www.imagina.mc ” class=”lienvert” target= “_blank”>le site officiel du festival pour la présentation générale et les résultats des Imagina Awards.
À suivre : le compte-rendu de la venue de AMANO Yoshitaka.
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